DEMEURE NORMANDE
Vivre comme au XVIII è
siècle dans le Calvados
Une atmosphère raffinée et féminine Tout est prêt pour le repos de la jeune fille Vendeuvre dans son écrin de verdure
Construit sur une courte période, de 1750 à 1752,
d’après les plans de l’architecte Jacques-François Blondel, le château de
Vendeuvre, non loin de Saint Pierre sur Dives, est toujours resté dans la même
famille et a conservé son mobilier d’origine.
L’art de vivre cher à Louis XV
Le majestueux escalier et ses fresques |
Pour une salle à manger confortable |
On y cultive l'art de la table |
Il y a quelque temps, nous vous avions présenté
l’extraordinaire collection de meubles miniatures d’Elyane de Vendeuvre.
Aujourd’hui, les propriétaires nous ouvrent les portes de cette
« maison des champs » où tout est resté dans son jus, où les
propriétaires ont su préserver un certain art de vivre cher à Louis XV, à la
fois poétique et raffiné.
Epargné pendant la Révolution car ses propriétaires
n’avaient pas émigré et étaient restés à Rouen, le château a en revanche
beaucoup souffert de la dernière guerre, durant laquelle il a servi de caserne.
Il fallut ensuite refaire la toiture et réaménager le parc, puis restaurer
l’orangerie. Un jardin à la française et son miroir d’eau ont été redessinés
d’après les plans originels à l’arrière du château et Guy, pour surprendre ses
visiteurs, s’était amusé à organiser dans le parc ce qu’il nomme ses
« fantaisies hydrauliques » : des oiseaux crachent des jets
d’eau une fois que l’on a franchi le pont chinois, des tortues animent une
vraie cascade, un arbre de cristal se change en fontaine.
Quand on ouvre la porte de Vendeuvre, on se croit
transporté deux siècles en arrière. On ne se trouve pas dans quelque musée
poussiéreux, mais dans une maison campagnarde gaie et colorée où l’on croit
voir disparaître derrière une porte la robe à paniers d’une élégante.
Même le salon de jeux est exquis |
Harmonies de roses et de bleus pour le grand salon |
Une élégante coiffeuse et ses accessoires |
Face à la porte d’entrée s’envole le grand escalier
à la belle rampe de fer forgé. Sur les murs veillent des portraits d’ancêtres
ou des massacres de cerfs aux bois impressionnants. Mais on a l’impression que
le premier étage s’ouvre sur la campagne de Normandie. Des oiseaux s’ébattent
dans les arbres et d’un ciel pommelé de petits nuages pend un lustre de Murano.
Toutes ces fresques et ces peintures sont l’oeuvre de Guy de Vendeuvre.
Tout est prêt pour le sommeil de la jeune fille
Tout de suite à droite du vestibule s’ouvre la chambre de
la jeune fille de la maison et l’on dirait qu’elle va y entrer d’un instant à
l’autre. Sa chemise de nuit en broderies et dentelles est même étalée sur le
lit et la bassine de cuivre enchâssée dans le fauteuil canné percé n’attend que
ses ablutions. Cette pièce spacieuse et tendre, ornée d’une cheminée Louis XVI
en pierre blanche et de boiseries de même époque, est meublée de fauteuils
Louis XVI à médaillon, peints en bleu ciel, de la même couleur que les
boiseries. Une perse à personnages chinois dans les tons roses et blancs achève
de donner au décor un aspect très jeune. Un prie-Dieu Louis XVI recouvert en rose,
une belle commode galbée Louis XIV, un bidet au couvercle orné de marqueterie
allient confort et élégance.
Une salle à manger où la lumière entre à flot
Il règne le même air de gaîté dans la salle à manger
donnant par des portes-fenêtres sur le parc et donc très lumineuse. On sait que
la salle à manger, pièce inventée par nos voisins britanniques, n’existait pas
encore en France lorsque Vendeuvre fut construit. On dit que la reine
Marie-Antoinette, toujours férue de nouveauté, fut l’une des premières à
l’introduire en France. Ensuite, la mode était lancée et chacun voulut avoir sa
salle à manger à l’anglaise remplaçant en confort les guéridons volant que l’on
transportait dans les salons à l’heure des repas.
Celle de Vendeuvre, pourvue d’élégantes chaises
cannées Louis XV, est dominée par un poêle de faïence à l’allemande juché sur
une petite estrade et blotti dans sa niche pour lui donner de l’importance.
Devant lui s’ébat un couple d’automates, une autre passion d’Elyane.
Un cabinet à l’italienne, ces meubles servant
autrefois à disposer objets rares et curiosités, trône entre les
portes-fenêtres, sous un beau cartel Louis XIV en écaille verte. Le décor des
murs et le faux marbre de la niche ont été peints par Guy de Vendeuvre. Sur une
déserte réchampie de rose et de gris sont exposées coupes en vieux Paris et
assiettes de porcelaine au décor fleuri, comme on le faisait au XVIII è siècle.
Il y a même un rafraîchissoir contenant les bouteilles qui attendent les
convives.
Le salon de jeu bleu et rose
Le repas achevé, les hôtes de Vendeuvre passent dans le
salon de jeux aux boiseries Louis XV réchampies de bleu et de beige tendre.
Tout y est disposé pour que l’on puisse y exercer cet « art de la
conversation » si prisé au XVIII è siècle ou disputer entre amis une partie
de whist ou de jonchet. Sous l’influence de la jeune Dauphine à laquelle le roi
Louis XV qu’elle nommait son « cher papa » ne savait rien refuser, on
jouait en effet gros jeu à Versailles et l’habitude resta lorsque les
courtisans rentraient chez eux. L’ensemble du mobilier est d’époque Louis
XV : élégante table de jeu dépliable à marqueterie, ensemble de fauteuils
et de canapés Louis XV. Sur une console peinte dans les tons des boiseries sont
posées des potiches chinoises XVIII è et des coffrets à musique. Une rare table
de jeu au plateau octogonal peut elle aussi accueillir les joueurs tandis
qu’une autre table à jouer a été ouverte devant la cheminée de marbre rouge.
Une niche à chien – une autre passion d’Elyane qui en a rassemblé une collection
– recouverte de la même soierie que les
sièges semble attendre la venue du petit bichon de la maîtresse de maison. La
commode Louis XIV à tombeau supporte elle aussi un automate. Du salon de jeux,
la vue porte sur le jardin à la française et le miroir d’eau ornant le derrière
du château.
La chambre de la maîtresse de maison
Même atmosphère intime et délicate dans la chambre de la
maîtresse de maison, conçue plutôt comme un petit salon où elle se plaît à
recevoir ses amies. Le lit s’insère dans une alcôve tendue de perse bleue,
devant laquelle une délicieuse coiffeuse en marqueterie attend que la maîtresse
de maison vienne mettre la dernière touche à sa coiffure et choisisse
l’emplacement de ses « mouches ». Près de la cheminée, un meuble Louis
XV à transformation dit « bonheur du jour de l’accouchée » supporte
une collection de flacons de cristal aux bouchons armoriés. Sa partie
supérieure se démonte et peut alors servir de plateau que l’on dépose sur le
lit de la nouvelle maman. La cheminée Louis XV de pierre blanche sert d’écrin à
une belle pendule à décor chinois qui se reflète dans la glace-trumeau.
Le boudoir de la maîtresse de maison
Dans cette pièce intime et chaleureuse, tout a été conçu
pour le délassement d’une jeune femme éprise de beauté et de poésie. Le divan
Louis XV sert de siège pour la conversation et le guéridon de même époque à
étage supporte une collection de biscuits et une petite cage de porcelaine.
Sièges, écran de foyer et rideaux sont réalisés dans la même soierie brochée au
décor de fleurs très doux, assortie aux tons pastel des boiseries. Là aussi,
une niche à chien attend l’arrivée d’un petit compagnon.
Le bureau du maître de maison et le fumoir
Plus masculine avec ses tentures frappées à grands motifs
floraux s’encadrant entre les boiseries, cette pièce s’orne d’un beau bureau
Louis XV en marqueterie et de sièges de même époque. Des oiseaux exotiques
semblent prêts à s’envoler de leurs cadres. Devant une peinture réalisée dans
le goût des papiers peints de l’époque par Guy de Vendeuvre, un canapé Louis
XVI incite à la détente, veillé par un cabriolet Louis XV et un fauteuil
d’enfant de même époque. La table en laque noire à décor chinois supporte elle
aussi un automate.
Des cuisines pour des festins raffinés
Les murs de pierres laissées brutes, le sol également
constitué de larges dalles de pierre, la batterie de cuisine aux cuivres
étincelants, la table de chasse couverte de jarres en grès, le poêle servant à
garnir de braises les bassinoires que l’on glissera ensuite sous les draps,
tout contribue à faire de ces pièces un endroit chaleureux, l’antre de la
demeure, là où se conçoivent de mystérieuses alchimies culinaires.
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