Parole d'écrivain


Secrets d’Histoire : Soliman le Magnifique



Le mardi 21 août prochain, à 20h35 sur France 2, l’émission Secret d’Histoire produite par Roland Portiche et présentée par Stéphane Bern évoquera le padishah de tout l’empire Ottoman sous le règne de François Ier qui fut d’ailleurs son allié : Soliman dit le Magnifique. Cet empire comprenant une bonne part du pourtour de la Méditerranée et de l’Europe mais fut arrêté devant les murailles de Vienne, s’étendait aussi jusqu’au Yémen et jusqu’aux Indes. Roi guerrier, mais également homme lettré, féru de poésie, de peinture et d’architecture, Soliman fut aussi un grand amoureux qui s’éprit d’une seule femme et l’épousa, bravant ainsi par amour la règle ottomane interdisant aux sultans de se marier. L’élue, Roxelane, ancienne esclave russe entrée toute jeune au harem, bien vite la favorite puis sa seule épouse, régna à ses côtés.


Isaure de Saint Pierre l’a fait revivre dans son roman historique La Magnifique, paru aux éditions Albin Michel et évoquera son image et son souvenir au long de cette émission , car on ne peut dissocier Soliman de sa Magnifique…

Tintine qui a toujours bien plus le trac qu'Isaure, son presque double, a besoin de livrer quelques images éternelles d'Istanbul pour se déstresser !




Sainte-Sophie, le fleuron de l'art byzantin
La cour de la Mosquée Bleue


Le vieil Istanbul,  le parfum de Roxelane



Les amoureux du vieil Istanbul devraient avoir une pensée pour celle qui contribua, avec son complice l’architecte Sinan, à lui donner sa physionomie actuelle. Cette femme n’était autre qu’Hürrem, la Joyeuse, dite aussi Roxelane, la Russe, unique épouse de Soliman au XVI è siècle.
Une petite fille venue des steppes de Russie

          Alexandra Lisowsk, fille d’un pauvre pope de Ruthénie, avait été enlevée à sa famille par des Tartares vers l’âge de douze ans, vendue comme esclave et offerte au nouveau sultan Soliman qui ne la connaissait même pas, enfermée à l’Eski Sérail ou Vieux Sérail, situé au cœur de la ville. Là, on la nomma Hûrrem, la Joyeuse, car elle aimait danser et chanter. Ce ne fut pas sa beauté qui la fit remarquer de la vâlide sultan, la mère de Soliman, mais son goût pour les études. Une favorite instruite, pourquoi pas, se disait la vâlide. Son fils, brillant, intelligent et cultivé se lasserait moins vite d’une telle femme. Et l’improbable eut lieu. Elle fit partie des dix esclaves sélectionnées par la vâlide, lors de la djouma ou jour de l’union. Ce jour-là, Soliman venait visiter sa mère pour choisir l’élue d’une nuit. L’impertinence de Roxelane, la seule à oser le regarder, amusa le sultan qui posa son mouchoir sur son épaule, signe qu’elle lui appartiendrait le prochain soir. Elle était devenue très belle, mais surtout, elle sut le charmer.

          Son pouvoir s’accrut lorsqu’elle lui donna un fils, puis encore trois fils et une fille. Elle obtint l’exécution d’Ibrâhîm, amant de Soliman qui avait commis l’erreur de la sous-estimer et de se croire aussi puissant que son maître. Elle parvint à se faire épouser alors que c’était interdit aux sultans ottomans. Surtout, elle sut transformer Topaki en une résidence délicieuse et Istanbul en la plus belle cité d’Orient avec l’aide de Sinan le bâtisseur. Son renom s’étendit jusqu’aux Cours d’Europe. Jusqu’à sa mort, au cours du printemps 1558, à l’âge de cinquante-quatre ans, elle fut la mieux aimée.

Un hymne de pierre à la gloire de Soliman

          Le souvenir des victoires durant moins que les pierres, elle voulut, pour célébrer son époux, une mosquée rivalisant avec Sainte-Sophie. Elle en confia la réalisation à Mimar Sinan. Il fallait, autour de la Süleymaniye, hôpital, bibliothèques, écoles, hammam et même un lieu pour se restaurer. Les travaux furent commencés en 1550 et achevés en 1557. Soliman et Roxelane, honneur inouï rendu à une femme, reposent côte à côte dans son cimetière et Sinan un peu plus loin…
Le palais de Topkapi

          Ce vaste ensemble planté au bord de la mer et clos de murs fut la principale résidence des sultans ottomans durant quatre siècles. Après un incendie, il renferma aussi le harem à la demande de Roxelane, désireuse d’habiter près de son mari, donc du pouvoir, car c’était aussi le siège du gouvernement. On y accède par la porte du Canon en traversant une premier cour, celle des janissaires, premier corps d’élite de l’empire. La deuxième cour, celle des Cérémonies, vit se dérouler l’essentiel de la vie politique ottomane. Jusqu’au XVIII è siècle, le Divan ou Conseil impérial y siégeait. Roxelane, passionnée de politique, y assistait souvent d’une tribune secrète.

          Les trois cents pièces du harem forment un fouillis inextricable. Y vécurent jusqu’à mille femmes. Roxelane n’y habita jamais. La troisième cour n’était accessible qu’au sultan et à ses familiers. Là sont les salles du trésor, débauche d’or, diamants, rubis, saphirs et fabuleuses émeraudes.
Le Grand Bazar
Achat de bijoux au Grand Bazar d'Istanbul

          Mère de l’héritier, Roxelane se permettait de violer l’enceinte du harem. Elle se glissait hors de Topkapi pour errer dans les venelles du Grand Bazar. Même s’il fut agrandi jusqu’à couvrir deux cent mille mètres carrés et abriter quatre mille échoppes, c’était déjà, en son temps, ce dédale de ruelles abritant chacune une corporation. Et l’on imagine sa délicieuse silhouette se faufilant entre les étals, sa main parfumée émergeant des voiles pour palper une soie, une gaze, une tenture…


Pour en savoir plus, lire le roman d’Isaure de Saint Pierre, La Magnifique, chez Albin Michel ou en livre de poche.












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