LE CHARME D'ISTANBUL
Istanbul,
La ville au deux mille… dix mosquées
Hésitant encore entre l’Europe et l’Asie,
à la fois moderne et fière de ses racines, Istanbul a tout le charme des villes
lacustres. Baignée par la mer de Marmara et le Bosphore, traversée par la
flèche liquide de la Corne d’Or, cette antique cité au passé tourmenté semble
puiser sa force dans toute cette eau.
Du haut du Marmara Hotel, on voit se
déployer la ville magique
Marchand ambulant dans le quartier si animé de Taksim |
Vendeur de glaces à Taksim |
L'un des célèbres passages de Taksim |
Le pub irlandais si populaire de Taksim |
Ici, l’Histoire se lit à ciel ouvert.
L’ancienne Byzantion du XII è siècle av JC, devenue Byzance et la capitale des
puissants « basileus » d’abord alliés puis rivaux de Rome, prit le
nom de Constantinople quand l’empereur Constantin en fit sa capitale en 233 ap.
JC. Lorsque déferlèrent les hordes turques venues d’Asie Centrale, la ville
tomba entre leurs mains et devint à partir de 1453, sous le nom de Stanboul, le
centre du puissant empire ottoman.
Entre 1923 et 1938, le plus populaire
général du dernier sultan ottoman, plus tard connu sous le nom d’Atatürk, le
Père des Turcs, bouleversa le système et fonda la Turquie moderne en déposant
le sultan et en abolissant le califat. Il fit de cet empire religieux une
république laïque quoique en large majorité musulmane, il accorda bien avant la
France le droit de vote aux femmes et se tourna vers l’Occident, sans toutefois
renier ses origines. De même que les remparts byzantins s’étaient appuyés aux
murailles romaines et que les églises orthodoxes, dont la fastueuse
Sainte-Sophie, avaient été flanquées de minarets, la ville nouvelle commença à
planter ses tours sans rien détruire. Les vestiges d’un passé prestigieux
continuent de bien cohabiter sans briser le charme magique d’Istanbul, tandis
qu’à Taksim éclosent bars et boutiques branchées.
Tout le complexe de luxe du Ciragan Palace Kimpinski, ancien palais ottoman |
Sa somptueuse façade |
Le salon d'une de ses suites et sa vue sur le Bosphore |
Au pied du Marmara Hotel à l’opulence
toute orientale, on suit le tramway filant par la rue Istikhal. Par cette large
artère piétonnière surencombrée, on se faufile dans ce quartier de Taksim où
les ados en jeans et mini jupes consomment de la marque : Top Ship, Lush,
Mango, Adidas… Partout s’ouvrent de ravissants passages Art Déco regorgeant de
bars, restaurants, galeries de peinture contemporaine ou de photos. Dans
l’immeuble Art Déco dit « la maison égyptienne » s’abritent galeries
contemporaines et restaurant tendance tel le 360, d’où la vue est également
superbe. Dans les nouveaux quartiers poussent comme des champignons des outlet centers, comme cet
Olivium éclos dans la périphérie de Zeytinburnu.
Le nouveau métro, qui ne cesse d’ailleurs
de s’agrandir, permet de circuler facilement dans ce grouillement de vie. C’est
d’ailleurs en travaillant à l’extension de ce métro vers l’ouest des rives de
la mer de Marmara que les ouvriers découvrirent, il y a six ans, les vestiges,
à Yenikapi, de l’ancien port de Théodose. Sans arrêter les travaux en cours,
une équipe de 21 archéologues et 205 ouvriers continue aujourd’hui à fouiller
une aire de 58 000 m2 livrant peu à peu ses secrets.
Amphores, jarres, monnaies, ossements s’entassent dans des containers dûment
numérotés, tandis que sous une vaste tente, les archéologues reconstituent
morceau par morceau la quille d’une nouvelle découverte.
Dans la Vieille Ville, les vestiges de trois
empires
Photo de famille à l'Hippodrome, trois styles bien différents... |
L'élégance de la Mosquée Bleue |
Sortie de l'école dans la vieille ville |
La Vieille Ville, presqu’île fermée au sud
et à l’est par la mer de Marmara, bordée au nord par le Bosphore et à l’ouest
par la Corne d’Or, a pu, à cause du vaste espace existant au nord comme à
l’ouest et à l’est, garder intacts les vestiges de trois empires : romain,
byzantin, puis ottoman. Il faut errer à pied par les petites ruelles de la
colline de Sultan Ahmet regorgeant de mosquées, marchés et belles fontaines,
jardins plantés de cyprès et de roses. La visite commence en général place de
l’Hippodrome, là où les Romains organisaient leurs courses de chars, pour se
continuer par cette merveille de grâce et de légèreté, la Mosquée Bleue aux 22
000 carreaux de faïences azurées. En face s’élève Sainte-Sophie, audacieuse
basilique byzantine à la large coupole édifiée en cinq ans, à partir de l’an
532, par l’empereur Justinien Ier. C’est des galeries du premier étage que l’on
voit le mieux l’orgueilleux étalement de Sainte-Sophie et les détails des
mosaïques formant les hiératiques visages des saints byzantins. Dans toute la
ville, il n’y a que l’église de Saint-Sauveur in Chora pour rivaliser avec les
siennes.
L’est de la Vieille Ville est occupé par
le vaste palais de Topkapi, à la fois résidence des sultans ottomans à partir
de Soliman le Magnifique, siège de l’appareil étatique, demeure des sultanes,
des quelques trois cents femmes du harem impérial et des eunuques qui les
servaient. Il était gardé par les Janissaires, redoutables guerriers formant
une caste à part. On ne trouve aucun bâtiment pompeux dans les jardins et les
différentes cours de Topkapi, mais une succession de kiosques richement
ouvragés, à la délicatesse digne d’un conte des Mille et Une Nuits. Il faut se
perdre dans les dédales du harem ou admirer les fabuleux diamants et émeraudes
du Trésor.
A la différence de l'ambiance de Taksim, la plupart des femmes sont voilées au Grand Bazar |
Boutique de lampes au Grand Bazar |
Les boutiques de bijoux ont toutes les faveurs des femmes en noir |
Le tramway permet de se rendre facilement
de Topkapi au Grand Bazaar. Ce parfait quadrilatère formé de ruelles couvertes
aux arches dorées, ponctué de fontaines, fut aussi l’œuvre de Soliman. Le plus
simple est d’y accéder par la porte Nurusmaniye. Il faut ensuite se laisser
absorber par ce grouillement d’acheteurs et de femmes voilées contrastant avec
les adolescentes de Taksim, errer parmi boutiques de faïences, luminaires,
bijoux, soieries ou tapis, vêtements plus modernes. C’est aussi le temple de la
contrefaçon…
A l’ouest abondent encore les
chantiers : restauration du Darüssifa accolé au complexe de la mosquée de
Süleymaniye, œuvre de l’architecte de génie Sinan commandée par la sultane
Roxelane, unique épouse de Soliman. Restaurations encore tout autour de l’aqueduc
romain de Valens… Vers le sud de la Vieille Ville, de nombreux restaurants
insinués entre les remparts byzantins également restaurés à grands frais
accueillent les cars de touristes, mais il est plus amusant d’entrer au hasard
dans l’un des innombrables vieux bistrots du bas de la colline. Là, les
croulantes maisons de bois ont aussi été restaurées pour ressembler à des
« mews » aux couleurs acidulées de bonbons anglais. Elles servent
d’hôtels de charme ou proposent des chambres d’hôtes.
Sur le Bosphore, vers la mosquée de Soliman |
La splendeur du palais de Dolmabahçe étalé sur l'eau |
La vue incomparable du Sunset Restaurant |
En fin d’après-midi, il faut s’embarquer
près de la mosquée de Dolmabahçe dans l’un des ferries sillonnant le Bosphore
pour voir le soleil s’abîmer dans ses eaux en faisant luire une dernière fois
les croissants d’or ornant les cimes des mosquées. Un dîner à la terrasse du
Sunset Restaurant, composé de metzés, toutes sortes d’entrées turques, agneau
au curry et pâtisseries orientales, arrosé de vins locaux bien corsés, permet
un dernier regard sur la vieille ville.
Carnet pratique :
- Vol bon marché par Pegasus Airlines, www.flypgs.com/fr/ et Odéon
Tours, 9 bis Bd Hippolyte Pinaud, 95880 Enghien-les-Bains, Tél. : 01 39 89
00 71, site Internet : www.odeon-tours.com. Escale obligatoire
à Istanbul puis vol jusqu’à Nicosie.
- Où loger à Istanbul : le Marmara, Taksim Meydani, Tél. :
90 212 251 46 96, www.themarmarahotels.com.
- Juste sous la Mosquée Bleue, le long du Bosphore, un hôtel de
charme pourvu d’une bonne table : www.armadahotel.com.tr.
- Pour y dîner comme un sultan : Ciragan Caddesi N° 32, Tél.
90 212 326 46 46.
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