Le Sishuan et le Tibet
central,
deux facettes du « Toit
du monde »
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La civilisation oubliée de Sanxingdu |
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Musicien au théâtre de Chengdu |
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Le parc de Wangjianglou et sa pagode |
Une balade dans le Sichuan, province chinoise
englobant l’ancien Kham tibétain où les tours opérators vont rarement, est un
bon prélude à la découverte du Tibet central, car l’est de cette province est
chinois et l’ouest tibétain. Cette mixité, on la retrouve dans le Tibet central
et la vallée du Brahmapoutre où vivraient maintenant sept millions et demi de
« colons » chinois.
A Sanxingdui, une civilisation oubliée, vieille de 5000 ans
En dépit de la malheureuse Révolution Culturelle et
de la fureur des Gardes Rouges à vandaliser toute trace du passé, le
gouvernement chinois a aujourd’hui compris son erreur. Globalement, les Hans,
constituant la majeure partie de la population chinoise, sont fiers de leur
prodigieuse culture et l’on trouve partout des écoliers venus visiter avec
leurs maîtres des vestiges évoquant l’une des civilisations les plus brillantes
du globe. Il n’est pas fait exception à la règle dans l’immense bâtiment bien
moderne, mais harmonieux du musée de Sanxingdui, non loin de la capitale du
Sichuan, Chengdu. Il n’y a là ni ville, ni village et il est difficile
d’imaginer qu’il y a près de cinq mille ans se dressait une capitale brillante,
avec ses palais et ses multiples édifices. Le musée expose les innombrables
masques en bronze souvent recouverts d’or, statues, curieux arbres de santé
hauts parfois d’une dizaine de mètre, objets d’un culte dont on ne sait encore
rien, sinon qu’ils servaient de jonction entre le monde d’en-bas et le ciel,
épées de sacrifices en or ou en jade. La fouille fortuite d’un tombeau à révélé
au monde cette
civilisation oubliée et l’on n’en est encore qu’au tout début des découvertes...
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Jeunes mariés à Shangri |
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Parade des lycéens à Kangding |
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Petits bonzes au monastère tibétain d'Anjue |
Ce passage permanent du passé au XXI è siècle
constitue l’un des charmes de la Chine. De retour à Chengdu, paisible capitale
de province située à cinq cents mètres d’altitude, mais environnée de hauts
sommets, dont le Gongga Shan culminant à 7556 mètres d’altitude,
on se croirait transporté en plein XVIII è siècle lorsqu’on erre dans le
quartier reconstitué de la rue Qintai. Et le contraste est saisissant entre les
étudiantes en mini-jupes, portables à la main, et les vieilles maisons de bois
aux toits en pagodes devant lesquelles elles prennent la pose.
A l’heure du thé, les habitants de Chengdu se
donnent rendez-vous dans le beau parc de bambous de Wenhua Gongyuan, où les
murmures de la ville sont à peine perceptibles. D’étranges rochers trouvés dans
les montagnes voisines, les Chinois adorant les compositions de pierres pour
orner les jardins, se dressent parmi les bambous géants. Des fidèles vont prier
et faire brûler des baguettes d’encens dans le monastère taoïste de Qinyang
Gong, vieux de deux cents ans et blotti dans la végétation. Aujourd’hui, en
Chine, chacun est libre d’adorer le Dieu qu’il veut et les croyants, jeunes et
vieux, ont retrouvé le chemin des monastères.
Si la cuisine du Sichuan, très pimentée, est
redoutable pour un palais occidental, son opéra ou Chuanju, mélange de diverses
influences avec de spectaculaires changements de masques, est à juste titre
réputé. La représentation dans le théâtre du parc Wuhou offre ainsi un bon
dosage de wushu ou art martial, acrobaties, danses et spectacle de
marionnettes au son de l’erhu, violon chinois à une corde, avec de
magnifiques costumes.
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Pont emprunté par Mao durant la Longue Marche à Luding |
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Armée chinoise à Jeto |
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Yacks descendant la montagne à Jeto |
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Monastère tibétain de Sakria |
Quittant la vallée de Chengdu dont le nom signifie
d’ailleurs « parfaite capitale » en direction de Lhassa, vers
l’ouest, nous suivons les gorges de la rivière Dadu, impétueux torrent de
montagnes traversant de belles forêts de pins. Toujours au bord de la rivière,
le village de Shangri n’a pas vu le temps passer depuis au moins deux siècles.
Là, les maisons de bois aux toits en forme de pagodes n’ont pas été
reconstituées, mais sont restées telles qu’elles. Ce bourg de mille habitants
est tout entouré d’eau et un éboueur, debout sur son radeau, une perche à la
main, repêche dans les douves quelques sacs en plastique malencontreux. Plus
loin, de jeunes mariés vêtus de blanc, assis sur un autre radeau, se trempent
les pieds dans l’eau pour attirer sur eux bonheur et prospérité.
Le pont Luding, souvenir de la Longue Marche de Mao
Sur la route de Kangding, bourgade située à trois
cents kilomètres à l’ouest de Chengdu, il ne faut pas rater le pont de Luding.
Mao Zedong dut le traverser avec sa petite armée de vingt mille hommes en 1935,
durant sa Longue Marche, alors qu’il fuyait les troupes nationalistes et se
rendait de Jiangxi à Shanxi, tout au nord. Fait de lattes de bois juxtaposées,
oscillant fortement au-dessus de la Dadu, devenue une large rivière au débit
impressionnant, cet ouvrage long de cent un mètres, construit en 1705 sous la
dynastie des Tching, demande un pied marin pour s’y aventurer. Les gamins chinois
y gambadent agilement, mais les rares Occidentaux s’y risquent avec plus de
prudence.
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Mère et fille dans le délicieux village tibétain de Jiaju |
C’est à Kangding que nous avons notre premier
contact avec un monastère tibétain, reconnaissable à son grand toit plat. Celui
d’Anjue date du XVII è siècle et commémore le passage dans la ville du Vè
dalaï-lama appelé aussi « grand cinquième », car ce fut lui qui
unifia le Tibet et fit construire à Lhassa l’imposant Potala, résidence des
dalaï-lamas, mais aussi siège du gouvernement tibétain jusqu’à l’invasion
chinoise de 1951. Le « grand cinquième » fut invité à Pékin par
l’empereur Shunzhi, désireux d’établir de bonnes relations entre les deux pays.
A l’entrée, une vieille femme fait brûler des sarments de thym, parfum supposé
agréable aux innombrables divinités tibétaines. A l’intérieur du sanctuaire,
décoré de belles tangkhas ou peintures sur soie ou papier de riz, de
jeunes moines psalmodient des tantras ou prières incantatoires. Leurs
robes rouges montrent qu’ils sont de l’école Guélugpa ou Bonnets Jaunes à laquelle
appartient le dalaï-lama, école fondée au XV è siècle par un sage du nom de
Tsong-Kha-pa.
Quand nous ressortons du temple, les rues sont
envahies des cortèges hauts en couleurs de lycéens, filles et garçons, défilant
au rythme de leurs petits tambours. Nous sommes en juin et ils fêtent, collège
par collège, la fin de leurs examens. Les jeunes filles surtout, toutes vêtues
de soie verte, les cheveux finement nattés, sont délicieuses.
Après Jeto, c’est l’ancien Kham des « gentilshommes brigands »
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Maison villageoise à Jiaju |
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Scène de rue à Xiad Jin |
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Un Khampa à Xiad Jin, ils furent l'âme de la résistance tibétaine |
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Ancienne tour de guet à Won |
Quittant Kangding, la route ne cesse de grimper
jusqu’au col de Jeto, situé à 4175 mètres d’altitude. Le paysage est aride et
grandiose, avec des pics déchiquetés. Au sommet du col, des nomades tibétains
ont établi leur campement près des drapeaux de bonne chance qui claquent au
vent, envoyant leurs prières vers le ciel. Puis la route redescend vers la
vallée de Xintu, s’épanouissant entre de hauts sommets. S’y étalent de
verdoyants pâturages où paissent des troupeaux de yacks à la belle toison
bouclée. Passé Jeto, nous voici dans l’ancien Kham, où naquit, à partir de
1956, la révolte des Khampas, héroïques cavaliers montagnards qui firent
trembler l’Armée populaire de libération, avant d’être massacrés. Ceux que la
grande exploratrice Alexandra David-Néel nommait avec tendresse ses
« gentilshommes brigands » ont encore fière allure, avec leurs hautes
bottes de feutre multicolores et leurs élégantes tchubas de soie
boutonnées sur le côté. Les villages, regroupés autour de leurs monastères,
sont composés de grandes maisons de pierres grises au toit plat, ceintes d’un
mur pour parquer chevaux et bétail.
Suivant les méandres de la rivière Tatu, plutôt un
gros torrent, nous traversons la bourgade tibétaine de Xinducha avec son
élégant monastère de Sakria, pour continuer jusqu’à Danba, baignée par le
fleuve Yalaqui. Danba, modernisée à la chinoise, garde pourtant de nombreuses
maisons tibétaines reconnaissables à leurs toits en terrasse et à leurs
ouvertures en forme de trapèze ceintes de peintures, jaunes, pour la majesté,
rouges contre les mauvais esprits ou noires pour appeler la chaleur.
De Danba, une route en lacets jouxtant de
vertigineux précipices nous mène au petit village haut perché de Jiaju, baptisé
par le National Géographic le plus beau village de Chine. Dans un cadre alpin
se dressent au-dessus de la rivière Xiaojin d’élégantes maisons à plusieurs
étages peintes de couleurs éclatantes. Une jeune Tibétaine de 32 ans à la belle
coiffe de velours noir brodée de fleurs, Labu Teshié, ce qui signifie trésor et
bonne fortune, nous invite à prendre le thé chez elle. C’est une vaste demeure
familiale où cohabitent trois générations de cultivateurs vivant de la culture
de l’orge et du blé, de leurs troupeaux de chèvres, moutons et yacks. Depuis la
réforme agraire de 1978, les paysans ne sont plus propriétaires de leurs
terres, mais les louent à l’État pour trente ans contre une redevance de 15% de
leur production. Ici, comme la population appartient à une minorité ethnique,
en l’occurrence celle des Jiarong, elle n’est pas soumise au contrôle des
naissances et chaque couple peut avoir autant d’enfants qu’il le souhaite. Chez
Labu, si la cuisine est commune, chaque couple a son propre appartement,
composé d’un salon-salle à manger et de chambres. Chez elle, tous les meubles,
confectionnés par son mari, ont ensuite été peints par ses soins dans la
tradition tibétaine. S’y ébattent animaux et oiseaux dans un Eden ressemblant
beaucoup à cette ravissante vallée. Devant un petit autel dédié à Bouddha sont
disposées des offrandes de fleurs et de fruits.
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Panda de la réserve de Wolong, la mascotte des Chinois |
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Naissance d'un panda |
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Le barrage de Zipinglu, miracle de la technologie des vieux maîtres |
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Petit aide au temple du barrage |
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Et toujours le jeu, ici à Zetang |
Partout dans la vallée de Danba s’élèvent de
curieuses tours de guet en briques, témoins des relations tumultueuses, au
cours des siècles, entre Chinois et Tibétains sur cette zone frontalière. Une
fois franchi le col de Banang, à 4513 mètres, nous redescendons vers Chengdu et
le parc du Wolong, à douze kilomètres au nord-est de la ville. C’est là qu’a
été établi un centre de reproduction des pandas, car ces adorables nounours
rayés de noir et de blanc, emblèmes de la Chine, étaient en voie de disparition
et l’on n’en comptait plus qu’une centaine en liberté. Par chance, ils se
reproduisent bien en semi-captivité, le seul problème étant de les alimenter en
bambous-flèches, leur nourriture de base. Dans un enclos évoquant la cour d’une
maternelle, des bébés de l’année, encore patauds et maladroits, s’essaient aux
joies de la balançoire ou du toboggan, ce qui ne va pas sans quelques chutes
spectaculaires. Du Wolong, nous nous dirigeons vers l’impressionnant barrage du
Zifingfu, sur la rivière Min. Conçu au III è siècle av JC par un mandarin de
génie, Li Bing, il permit d’irriguer toute la région et fonctionne toujours.
Des hordes de touristes chinois, conduits par des guides intarissables armés de
redoutables mégaphones, envahissent le temple taoïste d’où la vue est
saisissante sur le barrage.
Le dîner de plantes médicinales au restaurant de Qin
Shan Zhai, à Chengdu, est une expérience intéressante. On y déguste un étrange
assortiment d’écorces d’oranges, gingembre, chanvre ou graines de gouji
en buvant de l’alcool au poivre rouge et gingembre très sucré...
Lhassa, la Cité Interdite
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Spectaculaire arrivée à Lhassa, la cité interdite |
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Au pied du Yongbulakhang, véritable nid d'aigle |
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Nomades devant le Yongbulakhang |
Après deux heures de vol spectaculaire où l’on
survole les hauts sommets neigeux du Qingcheng Shan, du Siguniang Shan et, sur
la gauche de l’appareil, de l’Emeishan et du Gongga Shan, l’appareil plonge
vers la vallée du Yalo Tsembo, le nom tibétain du Brahmapoutre, où s’étale
Lhassa, la ville sainte et longtemps interdite aux étrangers, située à 3600 mètres d’altitude,
aujourd’hui peuplée de 140 000 habitants. A l’arrivée à l’aéroport de Conga,
notre guide tibétain, Yan Ji An, nous
remet à chacun la traditionnelle écharpe blanche de bienvenue, la taka,
en nous souhaitant joyeusement le bonjour, tachidele. Ce à quoi on
répond tudichi, merci.
Nous logeons dans un ravissant hôtel à la tibétaine,
le Kyichu, situé à mi-chemin entre le Potala et le Barkhor, l’enceinte sacrée
entourant le monastère du Jokhang, là où se pressent fidèles et pèlerins, là où
bat le cœur de Lhassa. Le quartier a par bonheur été préservé, tandis que le
reste de la ville est constitué de tristes HLM. Des pèlerins ayant parfois
accompli des milliers de kilomètres pour venir se prosterner devant le grand
Bouddha du Jokhang s’allongent de tout leur long dans la poussière, tandis que
d’autres font inlassablement tourner leurs moulins à prières ou mani korlo.
Edifié en 650, ce superbe monastère contient en effet une statue sacrée, le
Jowo, apportée de Chine par la princesse Wonchong, épouse du roi Songtsen
Gampo. Ce fut là que l’actuel dalaï-lama, alors âgé de quinze ans, apprit
l’invasion chinoise de son pays et résolut de s’enfuir en Inde. Autour du
temple, des chapelles votives sont dédiées aux différentes divinités et
comportent statues et fresques de toute beauté. Sur l’une d’elle est représentée
la chèvre sacrée apparue à la princesse et qui donna son ancien nom à
Lhassa : Rassa, la « terre des chèvres ».
Le lendemain, après une spectaculaire traversée en
barge du Brahmapoutre, nous partons pour le palais du roi Nyatri Tsenpo,
l’Ayunbuk-khang, édifié au III è siècle en haut d’un impressionnant piton
rocheux, puis transformé en monastère. De là, nous gagnons l’imposant monastère
de Samye, au sud-est de Lhassa, dont les fondations remontent au VIII è siècle
et bâti sur trois étages.
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Majesté et dépouillement du monastère de Jokhang à Lhassa |
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Ferveur au Jokhang |
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La masse blanche et rouge du Potala domine la vieille ville |
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Munificence du Potala, formé de la justaposition de deux palais |
Les trois principaux monastères des Bonnets Jaunes, situés
à peu de distance au nord de Lhassa, sont ceux de Drépung, Séra et Ganden.
Drépung, imposant complexe monastique fondé en 1416 par Jamyang Chöje, l’un des
principaux disciples de Tsong-kha-pa, n’a pas trop souffert de la Révolution
culturelle et a conservé son trésor. Séra, blotti au pied de la montagne Phurpa
Chok Ri, fut construit en même temps que Drépung et en fut longtemps le rival.
Aujourd’hui, sur les six mille moines y habitant avant l’invasion chinoise, il
n’en reste que deux cents qui s’activent comme ils peuvent à reconstruire les
bâtiments très détruits par les Chinois. Il faut assister, dans la cour
principale, aux débats de dialectique qui s’effectuent dans une cacophonie
étourdissante, chaque moine posant à son adversaire une question philosophique
à laquelle il doit répondre. Ganden, à 45 kms à l’est de Lhassa, s’élève à 4700 mètres, au-dessus
de la rivière Kyichu et offre une vue exceptionnelle sur la vallée. Il fut
fondé par Tsong-kha-pa lui-même en 1409. Encerclé en 1966 par l’armée chinoise
qui le pilonna à coups de mortiers et massacra les moines, il est aujourd’hui
presque reconstruit, mais deux moines y furent encore assassinés par des
soldats chinois en 1996.
Le Potala qui domine Lhassa du haut de la colline du
Marpori
Même si la vieille ville s’étendant au pied du Potala a
été hélas détruite par les Chinois, le palais des dalaï-lamas, chefs spirituels
et temporels du Tibet du XVII è siècle à l’invasion chinoise, a été par bonheur
épargné par Chou En-lai, tombé en admiration devant ce grandiose édifice rouge
et blanc, édifié de 1645 à 1694 par sept mille ouvriers. Il ne fut donc pas
touché et ses immenses richesses ne furent pas pillées. C’est aujourd’hui un
musée qui se visite. Le palais rouge, réservé à la vie religieuse, abrite
trente-cinq chapelles et les mausolées de sept dalaï-lamas, dont la lignée se
perpétue par réincarnation. Le palais blanc servait quant à lui d’entrepôt,
d’arsenal, de résidence du personnel et de bureau du gouvernement. Ce n’est
bien sûr plus un lieu sacré, même s’il le demeure pour les pèlerins qui se
prosternent toujours devant le balcon jaune de la grande cour, celui du
dalaï-lama.
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Boutique médicinale à l'hôpital tibétain de Lhassa |
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Eleveur et son yack devant le lac Yamdrok Tso |
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Gamin et son chien devant le Yamdrok Tso |
Si l’école de médecine tibétaine de Chakpori, en face du
Potala, a été détruite lors de la Révolution culturelle, le gouvernement
chinois a construit un hôpital tibétain flambant neuf, dédié à cette science
millénaire, où toute visite médicale commence par un massage de la nuque
destiné à renseigner le médecin sur vos antécédents médicaux. Pour les
étrangers, ils se servent d’un dessin du corps humain où ils notent les points
critiques et les médicaments à base de plantes qu’ils vous conseillent et qu’on
peut se procurer dans la boutique de l’hôpital.
Lhassa ne manque pas de délicieux restaurants où déguster
thukpa,
soupe aux nouilles, viandes et légumes,
momos, pâté de viande et légumes
frits,
gyathuks, nouilles grillées et
shos ou yaourts. L’un des
plus agréables est peut-être le Shangrila, où l’on peut assister à un spectacle
de chants et danses typiques, avec de beaux costumes tibétains traditionnels.
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Etal de laines multicolores à Lhassa |
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Vieille femme venue se recueillir devant les drapeaux de prières à Lhassa |
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Les Tibétaines ont résolu à leur façon le problème des couches |
A quatre-vingts kilomètres au sud de Lhassa, après avoir
franchi le col de Kamba, s’étend le lac d’altitude Yamdrok Tso aux eaux d’un
bleu turquoise irréel, puis on continue vers le monastère de Gyantse, ceint
d’une longue muraille crénelée. A l’intérieur de ce bâtiment édifié en 1418, la
plus curieuse salle est celle du
stupa doré, monument symbolique en
forme de cône. Elle renferme une impressionnante bibliothèque dont on fait le
tour accroupi, en cheminant péniblement dans une galerie fort basse, cette
position inconfortable permettant au visiteur de s’imprégner de tout le savoir
accumulé là ! Le plus bel édifice de ce sanctuaire, la Pagode aux dix
mille Bouddhas, renferme une succession de chapelles décorées de fresques en
parfait état. Shigatsé, autre sanctuaire important des Bonnets Jaunes, est le
monastère du panchen-lama, second dignitaire religieux après le dalaï-lama.
L’actuel panchen-lama, du nom de Tashilumpo, fut nommé arbitrairement par le
gouvernement chinois, de même que le précédent panchen-lama au tragique destin,
puisqu’on ne sait toujours pas aujourd’hui s’il est mort ou vivant après avoir
affirmé sa loyauté au dalaï-lama.
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Ecole de Dialectique au monastère de Sera |
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Opéra tibétain à Lhassa |
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Fabrique de tapis au pied du Potala |
Il semblerait que Tashilumpo aussi ait refusé
d’être un docile instrument aux mains du gouvernement qui a annoncé qu’il était
gravement cardiaque. Depuis lors, on ignore son sort, mais il ne se trouve plus
à Shigatsé... Les Chinois ont encore fort à faire avant de parvenir à extirper
de l’âme tibétaine sa fidélité à ses croyances et à celui qui reste son chef,
le quatorzième dalaï-lama, toujours en exil à Dharamsala, en Inde.
Fiche pratique
On peut aussi
atteindre Lhassa par le train, dont la construction fut une vraie prouesse
technique.
Visa et argent
Le Tibet étant considéré comme province chinoise, seul un
visa chinois est demandé, de même l’unité de monnaie est le yuan chinois, mais
on peut payer en dollars et euros dans les hôtels.
Climat
Il peut faire très chaud à Lhassa, près de 40° et très
froid la nuit ou au passage des cols élevés. Prévoir du Diamox pour bien
supporter l’altitude. Les meilleurs moments pour y aller sont mai, juin,
septembre et octobre, où il fait beau et sec.
Décalage horaire
Livres de route
Voyage d’une Parisienne à Lhassa d’Alexandra
David-Néel, Pocket.
Le Lama aux cinq sagesses, Pocket.
Tibet, le pays sacrifié, de Claude Arpi, éd.
Calmann-Lévy et bien sûr Tintin au Tibet d’Hergé, éd. Casterman !
Achats
Evitez les prétendus magasins d’antiquités de Lhassa, hors
de prix et douteux, mais achetez thangkas modernes, pulls en poils de
yack, moulins à prières ou conques sacrées serties d’argent et de turquoises, tchubas
de soie, de préférence dans les petits marchés que dans les magasins, forcément
plus chers.
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Dans la Pagode aux Mille Bouddhas, Tara, déesse de la Compassion |
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Pèlerin au monastère de Shigatse |
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