BOUQUET DE JEUNES FILLES

 

Kees van Dongen, fauviste et

« peintre des névroses élégantes »

 

Jeune Arabe

Jeune fille au divan

Les musées ne rouvrant malheureusement pas, des visites virtuelles de peintres de talent permettent de découvrir des aspects insolites de leur œuvre. Ainsi, cette galerie de jolies femmes de Kees van Dongen. Sa ville natale de Rotterdam a tour à tour adulé et boycotté,  Kees van Dongen. Son œuvre provocante, chatoyante, éclaboussée de couleurs, est à découvrir ou redécouvrir.

 

Une attirance pour le « Quartier Rouge » de Rotterdam

Peintre précoce, Kees van Dongen, fait ses débuts à l’âge de seize ans à l’Académie royale des Beaux Arts de Rotterdam. Provocation, déjà, ou goût pour l’envers du décor, dès cette époque, il s’attache plus à peindre les prostituées du Quartier Rouge de Rotterdam que les paisibles canaux hollandais. Un goût qui ne le quittera jamais complètement. Il semble bien normal que les Parisiens chérissent aussi ce peintre, puisque c’est dans notre capitale qu’il a fait presque toute sa carrière, demandant même la nationalité française à la fin de sa vie. Une œuvre gigantesque.

 

Luisa Casati compagne-muse

Les débuts à Paris

Il a vingt ans lorsque son père, qui croit en son talent, lui offre le voyage pour Paris dont il rêvait. Le Paris notamment du peintre Toulouse-Lautrec, dont l’univers, proche du sien, le fascine. Il arrive donc dans ce qui est alors la capitale du monde artistique durant l’été 1897.

L’argent offert par sa famille fondant bien trop vite, il doit assurer de multiples petits métiers pour survivre et n’a guère le temps de fréquenter les artistes ou les ateliers de Montmartre dont il rêvait. Il est tour à tour lutteur forain, déménageur, portraitiste pour quelques sous, guide ou vendeur de journaux, rentrant chaque fois en Hollande quand ses poches sont vides, mais ne se rendant jamais à New York comme stewart, même s’il le prétendit.

Ses dessins à l’encre de Chine rehaussés de couleurs très vives appliquées en larges touches sont enfin remarqués et constituent ce qu’on nommera ensuite sa période « pré-fauvisme ». Ils lui valent des collaborations à des journaux satiriques tels que « L’Assiette au Beurre », « Frou Frou », « Le Rire », « Le Rabelais » ou « L’indiscret ». Il assure même la totalité des illustrations d’une « Petite histoire pour petits et grands enfants », un numéro consacré à la vie des prostituées, un thème qui lui est toujours aussi cher. Presque quatre ans jour pour jour après son arrivée à Paris, il y épouse « Guus », rencontrée à l’Académie.

 

La Parisienne

Jeune Espagnole

Le fauvisme

Le retour à la couleur, en vogue dans les années 1900, séduit van Dongen en même temps que des peintres tels que Henri Matisse, André Derain, Georges Braque ou Maurice de Vlaminck. Bien d’autres s’y rallieront ensuite. Nul ne le sait encore, mais le Fauvisme est né ! Tandis que Matisse s’en éloigne dès 1908, van Dongen conserve son éclatante palette. Pour lui, le succès est enfin au rendez-vous lors de sa grande exposition chez Bernheim-Jeune, qui le prend sous contrat, ce qui lui permet de financer d’autres voyages : Hollande bien sûr, Italie, Espagne et Maroc surtout. De magnifiques portraits de femmes mangées de couleurs, aux immenses yeux d’ombre lui fournissent la matière de ses expositions de juin et décembre 1911.

 

La découverte du grand monde

Tandis que Guss est retenue en Hollande par les prémices de la guerre, il rencontre en 1913, dans une soirée parisienne, la marquise Luisa Casati, grande amie de d’Annunzio, belle, extravagante, passionnée, muse du tout-Paris élégant de l’époque. Il s’en éprend comme tout le monde et elle reste sa compagne jusqu’en 1934, faisant en sorte de le lancer comme portraitiste mondain. Il devient ainsi ce que le critique Paul Gsell nomme avec ironie « le peintre des névroses élégantes ».

Fillette aux couettes

 

Si van Dongen considère avec un certain mépris le nouveau milieu dans lequel il évolue, il ne sacrifie pourtant pas son oeuvre à la mode, expliquant avec son humour parfois féroce : « Les bourgeoises sont sottes et insignifiantes, les nouveaux riches sont ennuyeux mais les peintures faites d’après eux sont des chefs d’œuvre. »

C’est l’acceptation, en 1942, d’un voyage en Allemagne qui arrête brutalement son ascension et vaut à ses expositions d’être boudées du public, tant et si bien qu’il préfère fuir Paris pour s’installer à Monaco en 1959. Il y meurt le 28 mai 1968, à l’âge de 91 ans, mais le public l’a redécouvert et fêté à nouveau, lorsque le Musée d’Art Moderne de Paris lui a offert une belle rétrospective pour ses 90 ans. Parmi les célébrités qu’il a peintes, citons Anna de Noailles, Arletty, Maurice Chevalier, Sacha Guitry ou… Brigitte Bardot !

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