|
Sishuan : musée à Sanxingdui |
|
Jeunes mariés à Shangri |
|
Parade à Kangding |
|
Pont de Mao à Luding |
Marketing à la chinoise pour Lhassa
Depuis qu’en octobre 2005, le train sur le toit du
monde, reliant Pekin à Lhassa, capitale du Tibet, a été achevé et inauguré le
ler juillet 2006, il a multiplié par trois le nombre de touristes chinois
désireux de connaître la mystérieuse Lhassa.
Le Gouvernement chinois encourage la fascination de ses touristes pour le Tibet
Et le 15 décembre 2011, air China a inauguré le
premier vol direct entre Pékin et Lhassa. Mais une approche intéressante du
Tibet consiste à passer par la ville de Chengdu, capitale du Sichuan, province
tibétaine de l’est de Lhassa encore méconnue des occidentaux, mais très visitée
par les Chinois. Les vacances sont réduites en Chine, quinze jours au maximum,
que la plupart des Chinois ne prennent pas en entier. Ils ont donc peu de temps
pour visiter le Tibet, leur seconde destination de voyage, après la Vallée aux
neufs villages, située au Nord du Sishuan, une région qu’ils adorent pour la
beauté de ses montagnes, de ses forêts, lacs et chutes grandioses.
|
Armée chinoise à Jeto |
|
Descente des yacks à Jeto |
|
Cavaliers à Jeto |
|
Chargements des yacks à Jeto |
« Les
Chinois sont attirés par le Tibet, me dit la jolie Zhuchurll, qui
dirige l’agence de voyage du Tibet Hôtel à Chengdu. J’en vois passer environ
sept cents par an, qui choisissent de préférence des circuits organisés. Les
quatre jours leur coûtent 4180 yuans, sans compter l’aérien (42 Euros), les six
jours 4680 yuans (47 Euros). Pour les six jours, nous leur proposons une visite
du Potala, l’ancien palais du Dalaï-lama, autrefois chef temporel et spirituel
du Tibet, du monastère de Jokhang, de la source thermale de Yabajain, des
monastères de Shigatsé et Thilunpou avant de rejoindre Lhassa et Chengdu. Pour
encourager les Chinois à visiter le Tibet, nous distribuons nos prospectus à
l’aéroport et dans les hôtels de la ville. Vous pourrez voir partout des
affiches gouvernementales vantant la beauté du Tibet. »
|
Monkhor à Jeto |
|
Mère et sa fille à Jiatsu |
|
Village tibétain de Jiatsu |
|
Portrait de Mao dans un monastère |
Il faut ajouter aux touristes chinois se rendant au
Tibet les familles des cent mille fonctionnaires et commerçants chinois y
résidant maintenant, dont 80 000 à Lhassa. Le train, qui a coûté la somme
globale de 34 milliards de yuans, réduira le coût du voyage, le trajet
Chengdu-Lhassa en couchette ne coûtant que 700 yuans (70 Euros), mais demandant
une soixantaine d’heures.
|
Khampa à Xiad Jin |
|
Barrage de ZipingluT |
|
Dans le temple du barrage |
Un million de visiteurs par an à Lhassa dont 60% d'Occidentaux
« Le train ne changera sans doute pas grand-chose
pour les touristes occidentaux, sauf pour ceux qui seront curieux de faire
cette expérience, reconnaît Yan Ji An, mon guide chinois de 41 ans qui
m’accompagne à Lhassa. Il est plutôt destiné aux Chinois et achèvera de rompre
l’isolement du Tibet. » Après une arrivée grandiose sur Lhassa en
survolant des montagnes arides, nous voici devant le Potala, symbole du Tibet.
Erigé au XVII è siècle par le Cinquième Dalaï-lama Ngawang Lobzang Gyatso et
demeure des Dalaï-lamas jusqu’aux événements de 1959 et la fuite en Inde du
Quatorzième Dalaï-lama, ce palais-monastère dressé sur une petite colline
domine Lhassa de son imposante masse blanche. Chou En-Laï, ébloui par sa beauté
et par la richesse des trésors qu’il abritait l’a par bonheur préservé en
interdisant tout pillage. D’importants travaux de restauration sont en cours,
le Gouvernement chinois étant conscient de l’importance de ce patrimoine
culturel pour le tourisme au Tibet.
|
Arrivée à Lhassa |
|
Vers Lhassa |
|
Monastère du Yongbulakhan |
|
En bas du Yongbulakhan |
Une immense place le cerne, permettant de
le voir de loin, mais les Chinois n’ont pu s’empêcher d’ériger là un monument à
la gloire de l’armée des envahisseurs.
« L’invasion de 1959 fut un grand malheur,
reconnaît Yan. Rien n’aurait dû se passer ainsi. Il n’y aurait jamais dû y
avoir de loi martiale, d’exécutions capitales, de déportation de population ou
de peines de prison. Maintenant nous essayons de réparer. »
|
Monastère du Jokhang |
|
Dans le monastère |
|
Ferveur dans le monastère |
|
Lhassa et le Potala |
Lhassa, qui ne comptait que 40 000 habitants en
1959, en a aujourd’hui cent mille de plus. C’est une métropole chinoise moderne
pourvue de nombreux HLM. Même si l’armée chinoise est très présente au Tibet et
si l’on voit sur les routes de longs convois militaires ou même des troupes à
l’intérieur de certains monastères, le culte est redevenu libre. Devant le
Potala, des pèlerins, agitant leur mani-korlo ou moulin à prières, se jettent à
plat-ventre devant le Potala, en signe d’adoration. La ferveur populaire est
encore plus manifeste devant le temple Jokhang, au coeur de la vieille ville
possédant encore de jolies maisons tibétaines aux toits en terrasses. Jokhang
renferme en effet une effigie du Bouddha représenté à l’âge de douze ans, que
l’on vient vénérer du fin fond du Tibet. Certains pèlerins ont fait à pied ou à
cheval trois mois de voyage pour venir y prier. Nul ne songe plus à les
empêcher de pratiquer leur foi depuis l’intervention, en décembre 2001, du
vice-président du Bureau de la réforme, Pan Yue, qui rétablit la liberté du
culte. Cette nouvelle liberté religieuse fait également partie du plan d’ouverture
de la Chine et du désir du Gouvernement d’attirer les touristes en Chine et au
Tibet. Si certains moines ont retrouvé le chemin des monastères et peuvent y
exercer leur culte, ils restent toujours à la merci d’une dénonciation, ne
doivent pas avoir chez eux de photo du Dalaï-lama et peuvent être emprisonnés
pour avoir tenu des propos anti-chinois...
|
Un bébé à Lhassa |
|
Dans les rues de Lhassa |
|
Etal de vêtements à Lhassa |
|
Le centre de médecine tibétaine |
|
L'imposante masse du Potala |
Dans le même esprit de conciliation et de marketing
touristique, le Gouvernement a reconstruit à Shigatse, à 300 kms à l’ouest de
Lhassa, dans le monastère de Tashilhumbu, siège officiel du Panchen-lama,
deuxième figure officielle du Bouddhisme tibétain après le Dalaï-lama, les
sépultures des précédents Panchen-lamas, pillées par l’armée chinoise lors de
l’invasion de 1959. Mais le problème du Panchen-lama, deuxième personnage du
bouddhisme tibétain, est loin d’être résolu. Disparu depuis vingt-cinq ans, ce
dernier mènerait une vie normale à Pekin, assure le gouvernement chinois, mais
rien n’est moins sûr…
A Zetang, un hôtel de 500 lits financé par la ville de Canton
|
Joute oratoire à Sera |
|
Opéra chinois à Lhassa |
|
Fabrique de tapis à Lhassa |
|
Mani korlo en bas du Potala à Lhassa |
Zetang, à 90 kms de Lhassa, dans la vallée de Yarlung, est
une ville de 45 000 habitants d’inspiration chinoise sans grand intérêt, mais
c’est une étape obligatoire pour accéder au sanctuaire fortifié du roi Nyatri
Tsenpo, qui y régna au début du IX è siècle, avant que Lhassa ne devienne la
capitale du Tibet, ou au superbe monastère de Samye, non loin du majestueux
Brahmapoutre. La ville de Canton a donné à Zetang une contribution de treize
millions de yuans pour y construire en 1985 un hôtel quatre étoiles de cinq
cents lits. Zhasang, une Tibétaine, en est le manager. Pour accéder à ce poste
envié, Zhasang a suivi pendant trois ans à Yinkou, en Mandchourie, des études
d’hôtellerie. Mariée à un Tibétain travaillant dans une agence de tourisme de
Lhassa, Zhasang a une fille qui vit avec elle, mais ne peut voir son mari que
deux fois par mois.
|
Etal à Drepung |
|
Gamin et son chien au lac de Yamolrok Tso |
|
Paysan et son yack au lac de Yamolrok Tso |
|
Mère et sa fille à Gyantse |
« Dans ces conditions, soupire-t-elle, la vie
de famille n’est pas bien facile et j’ai postulé pour un poste de manager
d’hôtel à Lhassa. Si ma demande est enfin acceptée et que je peux vivre avec
mon mari, je voudrais avoir un second enfant. Comme nous appartenons tous deux
à une ethnie minoritaire, celle des Tibétains, nous ne sommes donc pas
assujettis à la loi sur l’enfant unique. Je suis heureuse d’avoir choisi de
faire des études sur le tourisme, une profession d’avenir qui ne peut que se
développer et qui assure une ouverture sur le monde extérieur. »
Le Jiqu Hôtel, le premier hôtel privé à Lhassa
|
Lamasserie de Ketan à Gyantse |
|
Tara aux mille Bouddhas |
|
Pèlerin à Shigatse
|
Tenzin, son homologue à Lhassa, dirige quant à lui le charmant
Jiqu Hôtel, un établissement de cent lits construit grâce à des capitaux privés
tibétains, ce qui était alors une innovation. Ce ravissant hôtel à taille
humaine pourvu d’un jardin intérieur est décoré de vieux meubles et peintures
tibétaines. Pour accéder à ce poste, Tenzin, Tibétain né à Lhassa, a d’abord
suivi des études dans la capitale, puis à Kathmandou, au Népal et enfin aux
Etats-Unis. Il a une fille, vit avec la maman mais ne l’a pas épousée, ce qui
commence à devenir plus fréquent parmi la nouvelle génération tibétaine. Il
emploie 55 personnes à l’hôtel, tous des Tibétains. « L’hôtel est rempli
durant la saison, d’été, me dit-il, de mai à septembre, mais je n’ai que 30% de
clients en hiver, même s’il y a le chauffage. Ma clientèle est en majorité
occidentale pour 1% seulement de Chinois, qui préfèrent des hôtels moins chers,
une chambre coûtant tout de même ici 680 yuans (68 Euros). »
Quand des clients le chargent d’organiser leur
périple au Tibet, il travaille surtout avec Phubu Tsering, directeur de
l’agence de voyage tibétaine de Tsedang Dvanangv, qui existe depuis 1985 et
emploie 36 personnes, pour la plupart des Tibétains. Après quatre ans d’études,
il est sorti diplômé de l’Ecole de Tourisme de Chengdu. Phubu a fait voyager
l’année dernière 5000 touristes dont seulement 1000 Chinois, leur proposant
plus de vingt programmes allant du tour traditionnel en car de Gyantse à
Shigatse, à des périples plus sportifs en range-rovers ou des treks en montagne.
Son agence, comme toutes celles existant au Tibet, est régie par le
Gouvernement chinois.
« C’est une bonne chose pour nous, les
Tibétains, dit-il, que notre pays puisse se moderniser et s’ouvrir au monde
extérieur, à condition que nous ne perdions pas notre identité et puissions
exercer librement notre culte, car nous sommes tous fiers de notre passé, de
notre culture et fortement marqués par le Bouddhisme. »
Commentaires
Enregistrer un commentaire