EN MONGOLIE
Les seigneurs de la steppe
Les filles de Togtoh |
La plus petite surveille le lait |
Rassemblement des chevaux avant le départ |
Tressage des cheveux dans la yourte d'Enebi |
Grande
comme cinq fois
Un parc national très symbolique
Le nom de « parc national du Khangaï » reste
symbolique, car il n’y a que des nomades dans ces contrées montagneuses de
steppes et de forêts. L’entrée est défendue par une barrière devant laquelle on
paie un droit de passage de mille tougriks,
moins d’un euro.
Les nomades ont monté leur camp d’été dans une vallée
d’altitude nommée
Mon petit copain m'aide à monter ma tente |
Nourriture des nomades |
Devant la yourte de Monkhor Chargement des yacks
Pour fêter leur prochain départ, ils décident de sacrifier
un mouton et nous convient au festin. Il faut malheureusement assister à
l’exécution de l’animal. Monkhor prend un large coutelas pendant que Enebish et
Togtoh l’immobilisent. Bold s’occupe du feu. D’un mouvement sec, Monkhor lui ouvre
la poitrine, y plonge la main et comprime les artères menant au cœur. La bête
meurt en un clin d’œil. Pendant ce temps, les femmes mijotent de l’horhog, plat traditionnel mongol. Une
fois le mouton grillé et dépecé, on jette dans une marmite des morceaux de sa viande recouverts d’eau, surmontés
de pierres rondes, on ajoute une nouvelle couche d’eau et de viande. On laisse
frémir vingt minutes. Le résultat n’est guère convaincant. C’est dur, gras,
imprégné d’une odeur de suint... Ensuite, il faut encore se passer sur le
visage, les mains, les pieds ces pierres chaudes baignées de graisse pour bien huiler
la peau… L’odeur s’avèrera tenace… Une outre de chèvre pleine de shimiin arkhi, ou alcool de yaourt, circule
à la ronde. Tortoï ! A votre
santé !
La nuit tombée, les loups hurlent à la lune et les nomades
nous apprendront au matin que les chiens n’ont pu empêcher une louve d’égorger
une brebis.
En suivant la vallée de l’Orkhon
Dévotion aux chutes de l'Orkhon |
Monkhor au col de Shiretin Près du lac Kaya
Le lendemain, c’est le départ, femmes et enfants
demeurant au campement. Une fois les yacks chargés de ballots divers, ils peuvent
supporter sans faiblir une charge de cent kilos. Ces bêtes ont le pied sûr.
Elles sont courageuses et amicales. Comme elles connaissent en outre la route
par cœur, on les laisse prendre la tête de la caravane. Nous suivons à cheval
en nous appliquant à suivre exactement le chemin pris par les yacks. Le plus
sûr. Il faut d’abord monter jusqu’à Région des Huit Lacs
Une petite sieste au bord du lac, bien froid pour s’y
baigner, puis nous repartons. La caravane se dirige maintenant vers la région
des Huit Lacs. De superbes forêts d’altitude sont trouées du bleu très pur des
innombrables lacs. Ensuite on bifurque vers une large vallée, celle de l’Orkhon
ou Rivière Rouge. Tout embaume la menthe et l’arnica, senteur due à une plante
nommée agi. On traverse une nouvelle
forêt de pins et de mélèzes au sol détrempé par les orages. Les chevaux suivent
toujours les yacks, capable de gravir sans glisser les cols les plus difficiles.
En chemin, tout devient prétexte à visiter le camp de yourtes de la cousine du
cousin et de boire bien sûr un coup en dégustant de vieux fromages capables de
casser les dents les plus résistantes, mais pas celles de Mongols… Tortoï ! Parfois, ces hommes centaures,
des dieux sur leurs petits chevaux racés, se laissent griser par la vitesse et
emporter au grand galop.
Un chasseur et son aigle |
Détail de la porte du monastère |
Aire de sacrifices datant de l'age de pierre Monastère d'Erdenezum En quittant les monts Khangai
Après quatre jours de chevauchée, la caravane se
retrouve devant une autre barrière marquant la fin du parc national. Elle suit
ensuite la rive gauche de l’Orkhon jusqu’au camp Boorog. Brusquement, la
rivière tombe en chute dans un canyon. Les Mongols, à la fois animiste et
bouddhistes, adorent les esprits du ciel, eau, steppe et montagnes. Cette chute
est un lieu de dévotion, marqué par un tas de pierres ou owoo, que l’on doit contourner trois fois dans le sens des
aiguilles d’une montre en ajoutant à chaque tour une pierre. Une khadag ou écharpe bleue est offerte aux
esprits de la cascade.
L’Orkhon, sorti de son lit, coupe ensuite la piste et
il faut rebrousser chemin jusqu’au seul pont de la région, situé à quarante
kilomètres de là, soit six heures de route supplémentaire que les nomades
supportent avec le sourire grâce à une nouvelle et généreuse lampée d’alcool. Tortoï donc.
Des aires de sacrifices datant de l’Âge
de Bronze
Enfin, la caravane franchit l’Orkhon sur un pont tenant
à peine debout. La rive droite est jalonnée d’aires de sacrifices datant de
l’âge de Bronze et jamais fouillées. A Karakorum, légendaire camp fortifié de
Genghis Khan, la ville nouvelle est déprimante, hérissée de tristes bâtiments
en béton, souvenirs de l’ère soviétique. Tout près, le monastère d’Erdenezum,
construit au XVI è siècle et abritant autrefois mille lamas, a été mutilé par
les Soviets mongols, mais il demeure quelques élégants bâtiments de style
tibétain et chinois. Après des adieux à nouveau bien arrosés, nos amis nomades
disparaissent au galop vers l’aire du marché. Leurs deels ou longues robes de soie ou satin aux couleurs scintillantes flottent
au vent et leur donnent l’allure de seigneurs de jadis, les maîtres de la
steppe…
Ce voyage a été réalisé avec le
concours d’Atalante, 5, rue de Sommerard, 75005 Paris, Tél. : 01 55 42 81
00.
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