Palais et jardins des Mille et une nuits en Iran
Palais Golestan |
Palais Golestan |
Même si j'ai adoré ce pays et l'accueil si chaleureux que m'ont toujours réservé ses habitants, même si mon métier de reporter m'a appris à voyager seule dans des pays réputés dangereux, cet article n'est destiné qu'à vous faire rêver car, dans les conditions politiques actuelles, je n'inciterai personne à s'aventurer en Iran. C'est très dommage, car la culture si raffinée des Persans les a incités à bâtir des palais admirables, à planter des jardins somptueux, à édifier pour leurs poètes favoris des mausolées dignes des plus belles mosquées iraniennes...
Mon code de voyage
Je me suis adressée à l’une
des agences de voyages de Téhéran pour obtenir un chauffeur parlant anglais afin de visiter la
ville et de lui marchander ensuite ses services pour le tour classique réalisable
en neuf jours : Téhéran, Kashan, Abyaneh, Ispahan la perle de l’Iran, la
prodigieuse Persépolis hélas incendiée par Alexandre, Shiraz et les tombeaux de
ses poètes, Kerman, Yazd la ville du désert couleur de miel, Kalardesh et
retour à Téhéran. Ensuite j'ai choisi de me diriger vers la Caspienne puis
l’Azerbaïdjan, le sud et ses îles du Golfe Persique, le nord-est et ses villes
saintes ou le grand désert de l’est aux paysages lunaires. Partout, les rares
visiteurs sont accueillis à bras ouverts et j'ai souvent dormi chez l’habitant
sans courir le moindre risque, mais c'était avant le conflit avec Israël et je ne vous conseille pas de suivre mon exemple ! On m'a volontiers invitée aux fêtes de famille,
anniversaires, fiançailles ou mariages, où hommes et femmes ne dansent pas
ensemble, sauf en comités restreints. La plupart des mosquées sont ouvertes à
tous, ainsi que les cafés. On ne m'a demandé que de porter un
foulard, même minuscule, et un T-shirt à manches longues peu décolleté
par-dessus un pantalon pas trop moulant.
La rigueur religieuse s’était un temps estompée
depuis la mort de Khomeiny et son successeur l’ayatollah Ali Khamenei désirait donner une image plus souriante d’un pays boudé par les
touristes, alors que la Perse reste le berceau de nos civilisations et recèle
des trésors d’art. Bien sûr, l’usage de l’alcool ou de drogues est interdit,
des élans amoureux en public très mal vus ! Depuis la courageuse résistance des femmes, la rigueur est devenue plus stricte encore et maintenant, l'Iran est devenu un pays vraiment dangereux...
Téhéran, le « Jardin des roses » du Golestan
Kashan, Fine Garder |
Golestan, palais du Trône de marbre |
Si la ville moderne en elle-même,
poussée n’importe comment, n’a pas grand intérêt, adossée au nord (les
quartiers chics) à de hautes montagnes que la pollution masque la plupart du
temps, elle renferme de beaux musées et surtout un lieu féerique où échapper
aux embouteillages urbains : le palais du Golestan, résidence des rois
qajars durant les XVIII è et XIX è siècles. Situé près du bazar, en plein
centre ville, il fut construit par Fath Ali Shah au début du XIX è puis sans
cesse embelli par ses successeurs.
Dans ce jardin fleuri des roses
iraniennes rouges et jaunes, partout murmure l’eau venue des montagnes – le
mont Damavant, le plus haut sommet d’Iran aux neiges éternelles et culminant à
Au fond du jardin se dresse le
plus bel édifice qajar de Téhéran, Shams ol-Emareh et ses deux tours jumelles
que reflètent les eaux calmes d’un grand bassin. L’intérieur n’est qu’un
foisonnement de stucs richement travaillés, incrustés de miroirs ou de vitraux.
Kashan, les jardins de Fin
Parterre fleuri à Fine Garden |
Les jeux d'eau de Fine Garden
Pavillon de Fine Garden
La source Suleymaniyeh jaillie
des montagnes bordant Kashan, conduite par tout un réseau de canaux, a formé
une luxuriante oasis. Séduit par la douceur du climat, Shah Abbas Ier, dit le
Grand, se fit construire au XVI è siècle un pavillon de plaisance planté au
centre de jardins figurant la vision persane du paradis. A l’origine, ces
jardins étaient formés de trois rectangles réguliers délimités par le tracé des
canaux.
Au XIX è siècle, à l’époque
qajar, Fath Ali Shah restructura les jardins en faisant tracer parallèlement à
l’allée centrale une nouvelle allée aboutissant à un élégant pavillon orné de
fresques et d’un hammam plus tard témoin d’un événement sanglant. Ce fut là que
le grand vizir réformateur Amir Kabir, coupable aux yeux du shah d’être devenu
plus populaire que lui, fut assassiné sur son ordre. Tout près, une agréable
maison de thé abrite les familles qui viennent y pique-niquer dans la senteur
des roses et des genets.
Ispahan, les jardins de l’hôtel Abbassi
Le miroir d'eau de l'hôtel Abbassi |
Cet ancien caravansérail faisant
partie des quelques 999 construits par Shah Abbas Ier pour favoriser le passage
des caravanes et donc le commerce, admirablement restauré et constituant sans
doute l’un des plus beaux hôtels iraniens, était si vaste que sa cour centrale
fut aménagée en jardins ouverts au public.
On peut y dîner le soir devant les jets d’eau des bassins ou prendre un
verre dans un délicieux café oriental.
Les jardins de l'hôtel Abbassi |
Palais qatjar et oeillets de poète |
Shiraz, les jardins d’Afif Abad et de Qavam
Palais qatjar et giroglées |
Shiraz, la douce, de tout temps
chantée par les poètes, fut d’ailleurs la patrie des plus célèbres d’entre
eux, Hafez et de Sa’di, qui y ont de
somptueux tombeaux où les Iraniens, toujours amoureux de beauté et de poésie,
aiment à se recueillir. Elle fut un temps la capitale de la Perse au XVIII è
siècle, jusqu’en 1794, avant d’être détrônée par Téhéran. Il en reste quantité
de monuments, forteresse, mosquées et mausolées, palais de plaisance plantés
dans des jardins aussi somptueux que raffinés. Le canal coupé de cascatelles
d’Afi Abad et son ravissant pavillon qajar, sa foison de fleurs en firent l’une
des résidences préférées du dernier shah. Il sert à présent de cadre au musée
militaire de la ville.
Shiraz, les jardins qatjar d'Afif Abad |
Intérieur du palais Qavam |
Celui de Qavam, achevé en 1886 pour
le gouverneur de la ville durant la période qajar également, exhibe un riche
décor de faïence émaillée, boiseries, stucs, vitraux et mosaïque de miroirs.
Autrefois, un passage souterrain le reliait à la maison voisine dont il faisait
partie, Zinat ol-Molk, que l’on peut aussi visiter. Ce pavillon décoré d’un
fronton à trois arches ferme harmonieusement la perspective d’un jardin découpé
en divers parterres floraux par le tracé des canaux. Roses, pensées, gueules de
loup ou giroflées rivalisent d’éclat et de senteurs et s’harmonisent aux
teintes des mosaïques.
Palais Qavam |
Décor en mosaïques du palais Qavam |
Mahan, les jardins du prince
Le pavillon d'entrée des Jardins du Prince |
Oasis réputée sur la route de la
soie pour les caravaniers avides d’eau et de fraîcheur, Mahan était une
ville-jardin largement abreuvée par l’eau ruisselant des montagnes auxquelles
elle s’adosse. A six kilomètres au sud de la ville, un carré émeraude comme
jailli du sable d’ocre rouge intrigue. Il s’agit du paradis en miniature du
prince qajar Abdul Hamid Mirza qui l’édifia en 1873. Les jardins situés en
pente douce permettent au canal central d’être coupé de douze cascatelles du
meilleur effet. Un portail d’entrée, un pavillon central coupant le canal en
deux parties et un hammam abritant un restaurant et quatre chambres d’hôtes
offrent un aperçu de l’art de vivre si raffiné des Persans.
Les cascades du Jardin du Prince Roses et jeux d'eau aux Jardins du Prince |
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