FEERIE
Palais et jardins des Mille et une nuits en Iran
Il faudrait abolir la légende qui court
toujours : l’Iran est un pays dangereux où l’on ne doit se rendre sous
aucun prétexte. Rien n’est plus faux. Il n’y a aucun danger à voyager, même
seule, en Iran. Il suffit d’avoir une invitation d’un résident iranien en Iran
pour obtenir son visa et ensuite, tout s’enchaîne.
Petit code du voyageur
Le mieux est de demander à l’une
des agences de voyages de Téhéran un chauffeur parlant anglais pour visiter la
ville et de lui marchander ensuite ses services pour le tour classique réalisable
en neuf jours : Téhéran, Kashan, Abyaneh, Ispahan la perle de l’Iran, la
prodigieuse Persépolis hélas incendiée par Alexandre, Shiraz et les tombeaux de
ses poètes, Kerman, Yazd la ville du désert couleur de miel, Kalardesh et
retour à Téhéran. Ensuite on peut au choix se diriger vers la Caspienne puis
l’Azerbaïdjan, le sud et ses îles du Golfe Persique, le nord-est et ses villes
saintes ou le grand désert de l’est aux paysages lunaires. Partout, les rares
visiteurs sont accueillis à bras ouverts et l’on peut dormir chez l’habitant
sans le moindre risque. On vous invitera volontiers aux fêtes de famille,
anniversaires, fiançailles ou mariages, où hommes et femmes ne dansent pas ensemble,
sauf en comités restreints. La plupart des mosquées sont ouvertes à tous, ainsi
que les cafés. On ne demande aux visiteuses que de porter un foulard, même
minuscule et un T-shirt à manches longues pas trop décolleté par-dessus un
pantalon.
La rigueur religieuse s’estompe
depuis la mort de Khomeiny et son successeur l’ayatollah Ali Khamenei désire
donner une image plus souriante d’un pays pour son malheur boudé par les
touristes, alors que la Perse reste le berceau de nos civilisations et recèle des
trésors d’art. Bien sûr, l’usage de l’alcool ou de drogues est interdit, des
élans amoureux en public très mal vus !
Agences de voyages à
Téhéran :
Téhéran, le « Jardin des Roses » du Golestan
Si la ville moderne en elle-même,
poussée n’importe comment, n’a pas grand intérêt, adossée au nord (les
quartiers chics) à de hautes montagnes que la pollution masque la plupart du
temps, elle renferme de beaux musées et surtout un lieu féerique où échapper
aux embouteillages urbains : le palais du Golestan, résidence des rois
qajars durant les XVIII è et XIX è siècles. Situé près du bazar, en plein
centre ville, il fut construit par Fath Ali Shah au début du XIX è puis sans
cesse embelli par ses successeurs.
Dans ce jardin fleuri des roses
iraniennes rouges et jaunes, partout murmure l’eau venue des montagnes – le
mont Damavant, le plus haut sommet d’Iran aux neiges éternelles et culminant à 5671 m n’est situé qu’à une
centaine de kilomètres de la capitale. Le parc est semé de pavillons émaillés
décorés de motifs floraux ou de paysages de rêve. Le plus somptueux, le palais
du Trône de marbre, qui date de 1806 et n’a subi aucune altération abrita les
cérémonies de couronnement des shahs pahlavis. Le dernier shah recevait dans
l’étincelant pavillon des Miroirs, le jour du Nouvel An, les dignitaires et
ambassadeurs.
Golestan, Pavillon des Miroirs |
Golestan : Pavillon du Trône de Marbre |
Au fond du jardin se dresse le
plus bel édifice qajar de Téhéran, Shams ol-Emareh et ses deux tours jumelles
que reflètent les eaux calmes d’un grand bassin. L’intérieur n’est qu’un
foisonnement de stucs richement travaillés, incrustés de miroirs ou de vitraux.
Kashan, les jardins de Fin
La source Suleymaniyeh jaillie
des montagnes bordant Kashan, conduite par tout un réseau de canaux, a formé
une luxuriante oasis. Séduit par la douceur du climat, Shah Abbas Ier, dit le
Grand, se fit construire au XVI è siècle un pavillon de plaisance planté au
centre de jardins figurant la vision persane du paradis. A l’origine, ces
jardins étaient formés de trois rectangles réguliers délimités par le tracé des
canaux.
Au XIX è siècle, à l’époque
qajar, Fath Ali Shah restructura les jardins en faisant tracer parallèlement à
l’allée centrale une nouvelle allée aboutissant à un élégant pavillon orné de
fresques et d’un hammam plus tard témoin d’un événement sanglant. Ce fut là que
le grand vizir réformateur Amir Kabir, coupable aux yeux du shah d’être devenu
plus populaire que lui, fut assassiné sur son ordre. Tout près, une agréable
maison de thé abrite les familles qui viennent y pique-niquer dans la senteur
des roses et des genets.
Ispahan, les jardins de l’hôtel Abbassi
Cet ancien caravansérail faisant
partie des quelques 999 construits par Shah Abbas Ier pour favoriser le passage
des caravanes et donc le commerce, admirablement restauré et constituant sans
doute l’un des plus beaux hôtels iraniens, (Tél. : 222 60 10 à Ispahan)
était si vaste que sa cour centrale fut aménagée en jardins ouverts au
public. On peut y dîner le soir devant
les jets d’eau des bassins ou prendre un verre dans un délicieux café oriental.
Shiraz, les jardins d’Afif Abad et de Qavam
Shiraz, la douce, de tout temps
chantée par les poètes, fut d’ailleurs la patrie des plus célèbres d’entre
eux, Hafez et de Sa’di, qui y ont de
somptueux tombeaux où les Iraniens, toujours amoureux de beauté et de poésie,
aiment à se recueillir. Elle fut un temps la capitale de la Perse au XVIII è
siècle, jusqu’en 1794, avant d’être détrônée par Téhéran. Il en reste quantité
de monuments, forteresse, mosquées et mausolées, palais de plaisance plantés
dans des jardins aussi somptueux que raffinés. Le canal coupé de cascatelles
d’Afi Abad et son ravissant pavillon qajar, sa foison de fleurs en firent l’une
des résidences préférées du dernier shah. Il sert à présent de cadre au musée
militaire de la ville.
Le palais qatjar d'Afif Abab et ses giroflées |
Le même palais et ses parterres de pavots |
Celui de Qavam, achevé en 1886
pour le gouverneur de la ville durant la période qajar également, exhibe un
riche décor de faïence émaillée, boiseries, stucs, vitraux et mosaïque de
miroirs. Autrefois, un passage souterrain le reliait à la maison voisine dont
il faisait partie, Zinat ol-Molk, que l’on peut aussi visiter. Ce pavillon
décoré d’un fronton à trois arches ferme harmonieusement la perspective d’un
jardin découpé en divers parterres floraux par le tracé des canaux. Roses,
pensées, gueules de loup ou giroflées rivalisent d’éclat et de senteurs et
s’harmonisent aux teintes des mosaîques.
Shiraz : palais Qavam et ses roses de légende |
Intérieur du palais, vitraux et mosaïques |
Palais Qavam et son foisonnement de mufliers |
Mahan, les jardins du prince
Mahan, pavillon d'entrée |
Mahan, les anciens hamams |
Mahan, le pavillon central |
Oasis réputée sur la route de la
soie pour les caravaniers avides d’eau et de fraîcheur, Mahan était une
ville-jardin largement abreuvée par l’eau ruisselant des montagnes auxquelles
elle s’adosse. A six kilomètres au sud de la ville, un carré émeraude comme
jailli du sable d’ocre rouge intrigue. Il s’agit du paradis en miniature du
prince qajar Abdul Hamid Mirza qui l’édifia en 1873. Les jardins situés en
pente douce permettent au canal central d’être coupé de douze cascatelles du
meilleur effet. Un portail d’entrée, un pavillon central coupant le canal en
deux parties et un hammam abritant un restaurant et quatre chambres d’hôtes
offrent un aperçu de l’art de vivre si raffiné des Persans.
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