La Grèce dans les pas
d’Alexandre le Grand
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Tête d'Alexandre le Grand |
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Sa statue à Thessalonique |
Paradoxalement,
c'est surtout à travers le souvenir de son père, Philippe II de
Macédoine, les fouilles de Pella et le tombeau de ce dernier à
Vergina que l'on retrouve le mieux le souvenir d'Alexandre le Grand
en Grèce et surtout en Chalcidique. Au printemps de 334 en effet, à
l'âge de vingt-deux ans, Alexandre quitte la Grèce pour réaliser
le rêve de son père : conquérir tout le monde connu. Il n'y
reviendra jamais et mourut assassiné à l'âge de trente-deux ans à
Babylone. On pense que ses restes ont été conduits par l'un de ses
lieutenants, Ptolémée, qui régnera sur l'Egypte et sera à
l'origine de cette dynastie, en un lieu secret à Alexandrie sur
lequel on aurait plus tard édifié une mosquée, ce qui empêche
bien sûr toute fouille.
L'assassinat
est d'ailleurs comme une marque de fabrique chez les rois de
Macédoine. Le propre père de Philippe, Amyntas III, meurt assassiné
quand celui-ci n'a que douze ans et il devra attendre la mort de son
frère Perdiccas pour devenir roi à son tour. Il n'a que vingt-trois
ans et règne sur un minuscule royaume, bien faible en comparaison
des arrogantes cités-états du reste de la Grèce. Sa vie n'est
qu'une longue suite de combats contre les diverses tribus rebelles du
nord du pays et contre les cités grecques. Souvent victorieux, il y
perd pourtant l'usage d'une main, de la jambe droite, sans compter
une clavicule cassée. Sa plus célèbre victoire est celle des
Thermopyles contre Athènes en 352. Peu à peu, sous son impulsion,
la Macédoine s'agrandit, s'ouvre une large façade sur la mer Egée,
les tribus sont soumises. Philippe réorganise son armée en la
dotant de la fameuse sarisse, cette haute lance dont il équipe
ses phalanges. Quatorze ans après la victoire des Thermopyles, c'est
son propre fils Alexandre, alors âgé de dix-huit ans, qui commande
la cavalerie à ses côtés lors de la bataille de Chéronée contre
Thèbes et Athènes unis contre la Macédoine. Une victoire
éclatante.
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Le théâtre où fut assassiné Philippe II de Macédoine |
Deux
ans plus tard, alors que Philippe se dispose à célébrer le mariage
de sa fille Cléopâtre, sœur d'Alexandre, avec le frère de leur
mère Olympias, le roi d'Epire Alexandre le Molosse, il est assassiné
par l'un de ses lieutenants, Pausanias, dans le théâtre de Vergina
où devait avoir lieu la cérémonie, sans doute à l'instigation
d'Olympias. Elu par l'armée à la tête de la Macédoine, Alexandre
devient roi à son tour et se met en devoir d'organiser pour son père
des funérailles grandioses, telles que l'on n'en a jamais vues.
Il
passera encore deux ans dans son royaume, devenu uni et puissant,
pour mater les dernières velléités de révolte des cités-états,
Athènes surtout, avant de marcher vers son fabuleux destin de
presque dieu. Il se disait d'ailleurs descendant d'Héraclès, fils
de Zeus, par son père, et d'Achille par sa mère ! Le
philosophe Aristote, qui fut son précepteur et celui des compagnons
de sa jeunesse qui ne le quitteront jamais, Héphaestion, Philotas et
Eumène de Cardia, disait d'ailleurs de lui qu'il s'exprimait
toujours en ionien-attique, la langue grecque, mais en macédonien
quand il était sous l'emprise d'une de ses terribles colères. Même
si les sculpteurs ont idéalisé son image, il passait pour fort
beau, un corps athlétique bien sûr rompu aux arts de la guerre, des
yeux vairons, des boucles châtain doré, une tête toujours un peu
penchée sur la droite à cause d'une blessure reçue au combat. On
disait aussi qu'il était peu porté sur les femmes et que ses
parents, pour une fois d'accord sur ce sujet, durent lui mettre dans
les bras la plus belle courtisane de Macédoine, Callixine, pour
l'initier à l'amour !
Conquérant
toujours victorieux, il entraîne ses troupes jusqu'à l'Indus, fonde
plus de soixante-dix cités qui portèrent son nom. Il n'a que
trente-deux ans lorsqu'il meurt à Babylone, sans doute empoisonné
par son grand-échanson. Son fils Alexandre, qu'il a de la princesse
Roxane, est également assassiné, à l'âge de quatorze ans, et
repose probablement dans l'un des quatre tumulus que découvrit
l'archéologue Manolis Andronikos en 1977.
Pella où naquit
Alexandre
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Le site de Pella |
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La fameuse mosaïque de la Chasse au cerf |
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Attelage de chevaux |
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Stèle funéraire |
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Tombe et offrandes |
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Terre cuite |
Seconde
capitale du royaume macédonien après Aigéai devenue ensuite
Vergina, Pella connut son apogée dès le tout début du IV è siècle
av.J.-C. C'est donc dans le palais royal encore en fouilles
qu'Olympias, quatrième des sept épouses de Philippe, donne le jour
à Alexandre. Toute proche de la mer Egée, Pella était une
florissante cité édifiée de façon géométrique autour d'un vaste
agora jusqu'à sa destruction par les Romains en 168 av. J.-C. Parmi
ses sanctuaires les plus fameux, citons le Thesmophorion dédié à
Déméter , où l'on célébrait la fête des semences à
l'automne, celui d'Aphrodite et celui de Darron, un dieu guérisseur
local. C'est là que vit la famille royale et que se rassemble
l'armée chaque printemps pour y célébrer la fête de Xandika. On
peut y voir quelques colonnes, les restes du palais et de belles
demeures patriciennes aux splendides mosaïques, parmi lesquelles la
plus célèbre de toutes, la fameuse chasse au cerf signée du
mosaïste Gnôsis et qui se trouve dans la demeure dite de
l'Enlèvement d'Hélène, à cause d'une autre mosaïque, les
vestiges des sanctuaires et du quartier des artisans. Bien des
mosaïques ont été conservées sur place, d'autres se trouvent dans
le beau musée du site, ainsi que les nombreux objets issus des
fouilles, vaisselle, vases, statues de terre cuite, encore des
mosaïques et tombes dont de curieux ossements enclos dans une grande
amphore. La présentation est aussi sobre qu'élégante.
Le tombeau de Philippe
à Aigéai
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L'entrée du tombeau de Philippe |
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Son urne funéraire et la couronne royale |
Même
si le théâtre où mourut Philippe de Macédoine n'offre plus aux
regards que des gradins festonnés d'herbe, l'endroit reste émouvant,
niché près de bois d'oliviers, parmi des collines formant la
frontière avec la Bulgarie toute proche. Mais là où tout évoque
Alexandre, c'est l'intérieur du tumulus où il ensevelit avec un
faste inouï les restes de son père. Le musée, magnifique, a été
organisé à l'intérieur même du tumulus. Il y règne une
semi-pénombre propice au recueillement tandis que les vitrines
contenant les riches objets issus des quatre tombes trouvées là,
dont la plus riche est bien sûr celle de Philippe, sont brillamment
éclairées. On voit même les portes peintes menant aux quatre
tombes, dont une ornée de belles fresques. On peut admirer l'armure
et les armes de Philippe, ses colliers, jambières et cuirasse d'or
pur finement ciselé, les coffres d'or ayant reçu les divers restes
car la famille royale était toujours incinérée, des couronnes de
chêne ou de myrte en or aussi, des bijoux et même de riches étoffes
cloutées d'or, une multitude de pièces, statuettes, figurines d'or
et d'ivoire ayant paré les couches funéraires, de la vaisselle d'or
et d'argent, des vases aux délicates peintures. C'est une étrange
profusion qui nous donne l'illusion de vraiment pénétrer dans un
sanctuaire, celui érigé par un fils à la mémoire d'un père
probablement assassiné par son épouse Olympias. Chaque détail de
la grandiose cérémonie, chaque objet que l'on peut encore admirer
aujourd'hui a été voulu, choisi avec soin par Alexandre le Grand
pour magnifier la mémoire de son père...
L'émouvant quartier
juif de Vergina
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Le quartier juif |
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Cette
petite ville surplombant des gorges impressionnantes n'a bien sûr
jamais recouvré son prestige de première capitale du royaume de
Macédoine, mais elle sait charmer par ses jolies chapelles
d'inspiration byzantine, ses petites places pavées de galets et ses
maisons colorées à encorbellement, la plupart ayant appartenu à
des familles juives souvent déportées. Si certains sont revenus,
tous n'ont pas eu cette chance et bien des maisons aujourd'hui vides
et ruinées témoignent des jours sombres.
Le passé tumultueux
de Thessalonique
Cette
capitale de la Macédoine grecque, fondée par Cassandre en -315 en
l'honneur de sa femme Thessalonique, fille de Philippe II et demi
soeur d'Alexandre, compte aujourd'hui plus d'un million d'habitants
et est la seconde ville du pays après Athènes. C'est aussi un port
important commerçant avec tous les Balkans. Saint Paul y prêcha en
50. De la période grecque restent un forum, la Rotonde toujours en
travaux, un ancien temple dédié à Zeus faisant partie de
l'enceinte impériale et le magnifique arc de triomphe de Galère
avec ses fameux bas-reliefs.
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Les remparts ottomans depuis la ville haute |
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Décor sur une façade de maison |
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Le monastère de Latomou |
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Saint-Nicolas-des-Orphelins |
Constantin Ier la dote de remparts en
322 ap. J.-C., mais Théodose Ier en massacre la population qui
s'était révoltée contre le pouvoir de Byzance en 390. Terrible
bilan, près de 10 000 morts. Pillée à maintes reprises par les
tribus slaves et celles du Danube, la ville ne retrouve la prospérité
qu'au cours des X è et XI è siècles, jusqu'à sa prise par les
Ottomans en 1430. De cette période datent la Tour Blanche qui se
dresse près des quais, où étaient enfermés les Janissaires
révoltés, bien souvent rouge de leurs têtes coupées plantées sur
ses murs, les six kilomètres de nouveaux remparts et des bains.
Quatrième ville de l'empire ottoman au XIX è siècle, la ville
reste turque jusqu'à sa reconquête par les Grecs en 1912. On peut
encore y voir la riche maison de Mustafa Kemal Atatürk qui y naquit
en 1881, aujourd'hui siège du consulat turc. Occupée par l'armée
française d'Orient au cours de la Seconde guerre mondiale, ravagée
par un terrible incendie qui détruisit près de dix mille logements
en août 1917, c'est aujourd'hui une jolie cité d'affaires au port
prospère, alanguie contre la mer Egée. La ville haute offre le même
genre de pittoresques maisons à encorbellement que Vergina, la ville
basse un vaste marché couvert, l'élégante place Aristote, le long
boulevard de la Victoire aux innombrables gargotes formant les quais
et d'innombrables églises et chapelles parmi lesquelles Saint
Démétrios, Sainte Sophie ou Notre-Dame des Forgerons. Deux petites
chapelles byzantines à l'extérieur plus que discret, le monastère
de Latomou et Hagios Nikolaos Orphanos, les plus anciennes,
renferment des merveilles, la plus vieille mosaïque de la ville pour
la première et d'innombrables fresques en parfait état pour la
seconde.
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La maison natale de Mustafa Kemal Atatürc |
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Minaret de la Coupole |
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Arc de triomphe de l'empereur Galère |
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Détail |
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L'ancien forum |
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Le marché aux poissons |
Ce
voyage a été organisé pour l'AJT, l'Assemblée des journalistes du
Tourisme, avec l'aide du tourisme grec et du San Beach Hotel sur le
cap Sani.
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Costumes traditionnels d'Halkidiki |
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Marina du cap Sani |
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Piscine et mer au Sani Beach Hotel |
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