LA FOIRE DE PUSHKAR
Quand des chevaux aux yeux bleus
observent
les chameaux grimés ou les vaches roses
200 000 éleveurs se rassemblent chaque année à la grande foire de Pushkar, en Inde |
Chaque année, 200 000 pèlerins adorateurs de Brahma le créateur,
se rendent avec famille, cheptel et bagages à Pushkar où ils peuvent adorer
leur dieu dans l’unique sanctuaire qui lui ait jamais été consacré.
Des talents d’artistes pour leurs bêtes
Deux copines se retrouvant pour prendre un pot |
Elle en rit encore... |
Ajouter une légendeMake up à la mode de Pushkar |
Ils arrivent à
Pushkar parfois de fort loin, des immensités désertiques du Thar et des quatre
coins du Rajasthan, dans des chariots bâchés. Ils sont tirés par des chameaux
hautains, impassibles. Les suivent leurs plus belles bêtes, chevaux, chameaux
encore ou vaches sacrées. Pushkar est d’ordinaire une paisible bourgade au nord
d’Ajmer, serrée autour de son lac dominé par de molles collines. Les nouveaux
venus dressent leurs tentes dans une vaste plaine spécialement aménagée pour
cette foire, avec abreuvoirs pour les bêtes, le plus important, attractions
foraines, petits bistrots ambulants. Aussitôt, les marchands de fruits, légumes
ou beignets s’installent aussi sur le terrain. Les femmes des éleveurs
préfèrent habiter en ville, dans des dharamsalas,
des centres hôteliers bon marché, organisés pour les pèlerins. Bientôt, ce
n’est plus qu’un concert de cris divers : les chameaux blatèrent, les
chevaux hennissent, les vaches et taureaux meuglent à qui mieux mieux.
Partout dans
le camp, on s’affaire. On peigne, on lisse, on tresse poils et crinières.
Chevaux et vaches sont peints et chacun laisse libre cours à son imagination.
Cette vache-ci a les cornes bleues, cette autre est teinte en rose et affublée
d’un gros nœud passé autour de ses cornes. Des dessins de mains ocrées ornent
la robe de ce cheval blanc. Cet autre, albinos, a de merveilleux yeux tendres,
d’un bleu rivalisant avec celui du ciel. En fait, ce n’est pas l’iris qui est
bleu, mais toute la cornée. De quoi rendre jalouses nos plus fameuses stars.
Quant aux chameaux, on coupe leur toison laineuse de façon à y inscrire des
motifs géométriques et on farde de khôl leurs grands yeux pensifs avant de
piquer sur leur front une rose rouge leur donnant l’air de pompons girls. Il ne
reste plus qu’à enfiler autour de leurs cous des séries de colliers – la place
ne manque pas. A dix-huit heures précises, la nuit tombe brutalement, comme un
rideau que l’on baisse.
Le premier soin est pour les bêtes
8 heures du
matin, le camp s’éveille, les bêtes ont faim. Partout, avant de songer à faire
chauffer pour eux-mêmes chaï (thé) ou
chapatis (sortes de crêpes), les
hommes sortent des chariots le fourrage emporté avec eux, foin souvent mêlé de
grain. On mène les bêtes aux abreuvoirs. Les acheteurs commencent ensuite à
examiner les bêtes qui les intéressent, scrutant les dents des chameaux pour en
connaître l’âge exact, enfourchant soudain un cheval pour se lancer à plein
galop dans le camp sans trop se soucier des gamins qui courent partout, palpant
le flanc des vaches ou les attributs virils des taureaux.
On essaie les chevaux en parcourant le camp à plein galop |
Les palabres durent longtemps, question de politesse |
Etonnant cheval dansant |
De merveilleux yeux bleus... |
9 heures du
matin. Déjà, les palabres commencent, interminables comme il se doit en Orient.
Simple question de politesse. Une affaire trop rondement menée serait un manque
de considération pour le vendeur comme pour l’acheteur.
10 heures du
matin, les femmes, revenues des dharamsalas
et ayant terminé leurs dévotions à Brahma peuvent maintenant s’occuper des
tâches qui leur incombent : empiler les matelas, laver le linge s’il y a
lieu et surtout, préparer l’indispensable marmite de riz, curry et légumes,
viande et alcool étant interdits dans l’enceinte de la ville sacrée. Ces
préparatifs vont mijoter toute la journée sur les braises. Chacun se sert quand
il veut, puisant à pleine main dans la marmite, car en Inde, il n’y a pas
d’heures fixes pour les repas. On mange lorsqu’on a faim.
Les femmes du désert du Thar sont célèbres pour leur beauté |
Un éventuel acheteur examinant les dents d'un chameau |
La jalousie d’une femme
11 heures,
bêtes et humains repus, ceux qui ne sont pas encore allés priés leur créateur
s’entassent dans des chariots ou chevauchent des motos, de la marque Tata, bien
sûr. Une légende explique pourquoi ce temple de Brahma, situé à l’ouest du lac
Pushkar, serait unique dans son genre. Le dieu, désireux de célébrer, comme
chaque matin, une puja ou cérémonie
d’offrandes, avait besoin de la présence de son épouse Savitri pour ce faire.
Or cette coquette n’était pas prête. Lassé de l’attendre, Brahma épousa alors
une belle fille de Pushkar pour que la cérémonie puisse avoir lieu. Furieuse,
Savitri lui jeta un sort : aucun autre temple ne lui serait jamais
consacré.
Ce temple est le seul en Inde consacré au dieu Brhma |
On va se purifier en famille dans le lac sacré |
Toute la famille, vache sacrée inclue, s'est faite belle pour parader dans les rues de Pushkar |
Un lac sacré né d’un pétale de lotus
12 heures, les
pèlerins doivent encore accomplir leurs ablutions sacrées dans le lac, né
paraît-il d’un pétale de lotus. C’est dire s’il est sacré ! Un peu partout
autour du lac ont été crées de vastes bassins réservés à ces ablutions et
empêchant les noyades de pèlerins trop zélés, ayant oublié qu’ils ne savaient
pas nager. L’eau est glacée à cette période, mais qu’importe. Chacun s’y
immerge par trois fois. Les gamins barbotent. Tous ressortent passablement
frigorifiés, mais dûment purifiés.
13 heures,
retour au camp. Les bains ont donné faim. On se presse autour des marmites, on
nourrit les bêtes, on les abreuve ou leur fait une nouvelle toilette, de la
tête aux sabots. Les palabres reprennent avec vigueur.
14 heures,
début des premières courses de chameaux dans le stade. La foule se presse sur
les gradins. Les « jockeys », assis très en arrière de leurs bêtes,
n’ont aucun étrier et ne les dirigent qu’à l’aide d’une corde passée dans les
naseaux. Les tournants sont secs et les chutes nombreuses. Certaines bêtes ne
parviennent pas à les prendre et foncent droit sur la foule, que les policiers
font vite reculer. Un « jockey » à la longue chevelure noire lui
battant les reins est l’incontestable vainqueur d’une première course, une
seconde, une troisième. Acclamé par la foule, il est porté en triomphe. Les
acheteurs se pressent déjà autour des trois bêtes qu’il a menées à la victoire.
Les courses se succèdent tout l’après-midi. Les enjeux deviennent frénétiques.
On parie. On achète dans la fièvre.
17 heures,
certains profitent du jour finissant pour aller examiner dans leurs tentes
aussi chamarrées que celles des maharajas en campagne les plus beaux coursiers
qui disputeront le lendemain d’autres courses. Si un chameau de course peut
s’acheter jusqu’à 45 000 roupies (un euro vaut environ 60 roupies), un
riche Indien n’hésitera pas à mettre 100 000 roupies ou plus dans ces
magnifiques purs sangs nerveux et aussi rapides, dit-on, que le vent du désert.
18 heures, les
derniers pèlerins quittent les ghâts
(les marches) sacrés menant au fleuve. Les chariots, déguisés en palanquins
avec leurs drôles de bâches rouges, regagnent le camp. La grande roue s’arrête.
Le soleil teinte de rose le lac né d’un lotus. Une nouvelle nuit tombe sur la
plus grande foire de l’Inde.
Pushkar pratique
. Un visa est obligatoire. Allez sur le
site de VFS France, vfs-in-fr.com pour une pré inscription ou passez par
Action-Visas.com, 10, 12, rue du Moulin-des-Prés, 75013 Paris.
. Vols directs Paris-Delhi, Air France,
tarifs intéressants si on s’y prend d’avance, voir airfrance.fr, Air India,
airindia.com, Delta Air Lines en partenariat avec Air France, voir delata.com
ou Gulf Air, voir gulfair.fr.
. Comment organiser votre voyage. Si
vous êtes précis et savez ce que vous désirez, utiliser une agence de voyages
de Delhi vous reviendra bien moins cher que si vous vous adressez à un tour
français, mais n’oubliez pas de discuter les prix. Demandez Muna India Tours
Development Co, au L-23/7, Middle Circle, Connaught Place à Delhi, indiatoursco@live.com. Il peut vous
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vols retours, etc.
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