COURBET ET ART CONTEMPORAIN
Gustave Courbet à l’abbaye d’Auberive
Ciurbet peignant sur le motif |
Jusqu’au 25 septembre prochain, à
Auberive, à quelques 65 kms de Dijon, le centre d’art contemporain de l’abbaye du
même nom, en Haute Marne, présente une exposition sur le thème de Courbet et la
nature, les toiles des peintres de son atelier d’une même inspiration et les
regards croisés d’artistes contemporains.
L’abbaye d’Auberive, un destin mouvementé
La chapelle romane |
La sobre façade XVIII è |
La cascade romantique alimentant autrefois le moulin |
Abbaye cistercienne appartenant à
cet ordre de Saint Benoît réformé par le grand Bernard de Clervaux dès 1119,
Auberive connut bien des vicissitudes : pillage par deux fois au XVI è
siècle durant les guerres de religion, reconstruction et fin de l’abbaye
cistercienne au XVIII è, abandon de l’abbaye par les huit moines restant en
1790, rachat l’année suivante par le gendre de Diderot pour en faire une
filature de coton, destruction de l’église abbatiale pour alimenter le
haut-fourneau d’une forge en 1825, transformation en prison de femmes en 1856,
la prisonnière la plus célèbre étant Louise Michel, la célèbre et indomptable
Vierge Rouge qui y fut détenue vingt mois, en colonie agricole pour garçons de
1894 à 1924 puis reprise de l’abbaye par les Bénédictins de la Source de Paris
jusqu’en 1960, à nouveau une colonie de vacances. L’abbaye aborde enfin des
rivages plus paisibles avec la création d’un centre culturel et, en juin 2006,
d’un centre d’art contemporain exposant la collection de la famille Volot et
des expositions temporaires telle que celle présentant aujourd’hui plus de
vingt œuvres dédiées à la Nature de Gustave Courbet, de ses élèves ou
d’artistes contemporains ayant le même regard.
Les latrines des prisonnières |
Les prisonnières de Badia |
Gustave Courbet, un enfant d’Ornans
Né en 1819 à Ornans dans une
famille de bourgeois-paysans, c’est au Petit Séminaire de cette ville qu’il
apprend le dessin, puis la peinture au Collège Royal avec un élève de David,
avant d’arriver à Paris. Son second envoi au Salon, Autoportrait au chien noir, est accepté. Il voyage en Belgique,
dans le Midi et en Allemagne et peint une série de nus dont la scandaleuse Origine du monde. A la chute de
l’Empire, il est élu Président de la Commission des arts, puis est élu à la
Commune de Paris, ce qui lui vaudra ensuite six mois de prison à
Sainte-Pélagie. Poursuivi par le fisc, il se réfugie en Suisse où il fonde
l’Atelier de collaboration avec des peintres tels que Pata, Ordinaire, Brigot,
Cornu. Il meurt d’hydropisie le 31 décembre 1877.
Déclaration de Courbet sur le Beau |
La source de la Loue, Courbet 1864 |
Une papeterie à Ornans, Courbet 1865 |
Les paysages de Courbet ne sont
pas simples décors, mais un hymne à la Nature. Fasciné par l’eau vive, la
noirceur des forêts, il peint inlassablement les horizons de son enfance et les
sources de la Loue, les chemins creux, les austères rochers. Sur ces toiles, la
Nature reste souveraine et il faut aiguiser son regard pour y discerner
quelques petits personnages, perdus dans toutes ces étendues sauvages.
Parmi ses élèves, fascinés par
l’autorité du maître dont ils reproduisent le plus souvent l’inspiration mais
avec moins d’intensité, citons Ernest Bigot, Théophile Morel, Cherubino Pata et
sa délicieuse Fagotière, Alexandre
Rapin ou Marcel Ordinaire.
Regards croisés
La suite de cette vaste
exposition concerne des peintres ou auteurs de compositions faisant penser à la
sensibilité si particulière de Gustave Courbet. Fabian Cerredo, artiste argentin mort en 2005 à 45 ans, a produit
en dépit de sa courte vie une œuvre onirique et tourmentée, brossant des
personnages puissants mais aussi une nature grandiose, dont son superbe Paysage de Patagonie où les sommets
enneigés ne sont visible que dans l’eau qui les reflète. Jacques Perconte, qui vit et travaille à Paris, explore la nature à
travers des supports numériques, mais aussi des œuvres abstraites d’une grande
puissance. Paul Rebeyrolle mêle dans
ses vastes compositions peinture, photo et ajout de matière, tels ces bouts de
bois composant La Barrière. Quant à
l’artiste polonaise Malgorzata Pasko,
née à Varsaovie mais habitant la Normandie, pensionnaire de la Villa Médicis en
1987, ses amples compositions à l’acrylique disent sa proximité sensuelle avec
la nature. Enfin, Jean et Andréas
Moiziard, qui n’ont quant à eux aucun rapport avec Courbet, ont recréé dans
une pièce de l’abbaye le décor si particulier de leur propre intérieur,
évoquant l’ambiance fameuse des cabinets de curiosités de jadis.
FabianCorredo, Paysage de Patagonie, 1998 |
Paul Reyberolle, La Barrière, 2000 |
Malgorzaka Paszko, Champ II, 2012 |
Comme un cabinet de curiosités de Jean et Andrée Moiziard |
Centre d’art contemporain de l’abbaye d’Auberive, Tél. : 03 25
84 20 20 et www.abbaye-auberive.com.
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