Istanbul,
La ville au deux mille… dix mosquées
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Sainte-Sophie, fleuron de l'art byzantin |
Hésitant encore entre l’Europe et
l’Asie, à la fois moderne et fière de ses racines, Istanbul a tout le charme
des villes lacustres. Baignée par la mer de Marmara et le Bosphore, traversée
par la flèche liquide de la Corne d’Or, cette antique cité au passé tourmenté
semble puiser sa force dans toute cette eau.
Du haut du Marmara Hotel, on voit se
déployer la ville magique
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Istanbul, fouilles de l'ancien port théodose à Yenikapi |
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La quille d'un bateau marchand |
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Eglise Saint-Sauveur in chora, mosaïque du recensement
des Juifs |
Dès l’arrivée
à Istanbul par la compagnie low cost de Pegasus Airlines, le flambant aéroport
international de Sabiha Gokcen annonce par son moutonnement de coupoles de
verre et de béton rappelant celles des
mosquées un futurisme largement inspiré du passé. C’est peut-être du restaurant
panoramique du Marmara Hotel, sur la place de Taksim, le nouveau quartier
branché, que l’on a la plus belle vue sur cette cité tentaculaire se déployant
vers les quatre coins cardinaux. La ville s’insinue entre ses innombrables
chemins d’eau délimitant vieux et nouveaux quartiers : la Vieille Ville au
sud-ouest, qui a peu à peu débordé ses rives en essaimant ses monuments le long
de la Corne d’Or et du Bosphore ou vers les rives d’Üsküdar, à l’est. Les
quartiers modernes et plus populaires se concentrent à Beyoglu, au nord, tandis
que les palais à la richesse un rien ostentatoire des derniers sultans,
Dolmabahçe ou Ciragan, s’alignent sur la
rive gauche du Bosphore. Restauré à grands frais, ce dernier fait à présent
partie du Kempinski Hotel où la nuit dans les anciens appartements impériaux ne
coûte pas moins de 35 000 euros… On peut y dîner d’un somptueux buffet de
fruits de mer face aux eaux dorées du Bosphore. De l’autre côté se mirent avec
des grâces désuètes les Yalis – les délicieuses maisons de bois –, demeures des
plus riches marchands ou banquiers d’Istanbul.
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Marchand de glaces à Taksim |
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Charme des passages couverts de Taksim |
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Ambiance à Taksim |
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Le célèbre pub irlandais de Taksim |
Ici,
l’Histoire se lit à ciel ouvert. L’ancienne Byzantion du XII è siècle av JC, devenue
Byzance et la capitale des puissants « basileus » d’abord alliés puis
rivaux de Rome, prit le nom de Constantinople quand l’empereur Constantin en
fit sa capitale en 233 ap. JC. Lorsque déferlèrent les hordes turques venues
d’Asie Centrale, la ville tomba entre leurs mains et devint à partir de 1453,
sous le nom de Stanboul, le centre du puissant empire ottoman.
Entre 1923 et
1938, le plus populaire général du dernier sultan ottoman, plus tard connu sous
le nom d’Atatürk, le Père des Turcs, bouleversa le système et fonda la Turquie
moderne en déposant le sultan et en abolissant le califat. Il fit de cet empire
religieux une république laïque quoique en large majorité musulmane, il accorda
bien avant la France le droit de vote aux femmes et se tourna vers l’Occident,
sans toutefois renier ses origines. De même que les remparts byzantins s’étaient
appuyés aux murailles romaines et que les églises orthodoxes, dont la fastueuse
Sainte-Sophie, avaient été flanquées de minarets, la ville nouvelle commença à
planter ses tours sans rien détruire. Les vestiges d’un passé prestigieux continuent
de bien cohabiter sans briser le charme magique d’Istanbul, tandis qu’à Taksim
éclosent bars et boutiques branchées.
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Escalier de secours dans une rue de Taksim |
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Restaurant dans une galerie de Taksim |
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Vue d'Istanbul depuis l'hôtel Marmara |
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Le palais de Ciragan reflété dans l'eau de la piscine |
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Dans la suite impériale, le salon victorien |
Au pied du
Marmara Hotel à l’opulence toute orientale, on suit le tramway filant par la
rue Istikhal. Par cette large artère piétonnière surencombrée, on se faufile
dans ce quartier de Taksim où les ados en jeans et mini jupes consomment de la
marque : Top Ship, Lush, Mango, Adidas… Partout s’ouvrent de ravissants
passages Art Déco regorgeant de bars, restaurants, galeries de peinture
contemporaine ou de photos. Dans l’immeuble Art Déco dit « la maison
égyptienne » s’abritent galeries contemporaines et restaurant tendance tel
le 360, d’où la vue est également superbe. Dans les nouveaux quartiers poussent
comme des champignons des
outlet centers,
comme cet Olivium éclos dans la périphérie de Zeytinburnu.
Le nouveau métro,
qui ne cesse d’ailleurs de s’agrandir, permet de circuler facilement dans ce
grouillement de vie. C’est d’ailleurs en travaillant à l’extension de ce métro
vers l’ouest des rives de la mer de Marmara que les ouvriers découvrirent, il y
a six ans, les vestiges, à Yenikapi, de l’ancien port de Théodose. Sans arrêter
les travaux en cours, une équipe de 21 archéologues et 205 ouvriers continue
aujourd’hui à fouiller une aire de 58 000 m2 livrant peu à peu ses secrets.
Amphores, jarres, monnaies, ossements s’entassent dans des containers dûment
numérotés, tandis que sous une vaste tente, les archéologues reconstituent
morceau par morceau la quille d’une nouvelle découverte.
Dans la Vieille Ville, les vestiges de
trois empires
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Trois amies de styles différents |
La Vieille
Ville, presqu’île fermée au sud et à l’est par la mer de Marmara, bordée au
nord par le Bosphore et à l’ouest par la Corne d’Or, a pu, à cause du vaste
espace existant au nord comme à l’ouest et à l’est, garder intacts les vestiges
de trois empires : romain, byzantin, puis ottoman. Il faut errer à pied
par les petites ruelles de la colline de Sultan Ahmet regorgeant de mosquées,
marchés et belles fontaines, jardins plantés de cyprès et de roses. La visite
commence en général place de l’Hippodrome, là où les Romains organisaient leurs
courses de chars, pour se continuer par cette merveille de grâce et de
légèreté, la Mosquée Bleue aux 22 000 carreaux de faïences azurées. En face
s’élève Sainte-Sophie, audacieuse basilique byzantine à la large coupole
édifiée en cinq ans, à partir de l’an 532, par l’empereur Justinien Ier. C’est
des galeries du premier étage que l’on voit le mieux l’orgueilleux étalement de
Sainte-Sophie et les détails des mosaïques formant les hiératiques visages des
saints byzantins. Dans toute la ville, il n’y a que l’église de Saint-Sauveur
in Chora pour rivaliser avec les siennes.
Le tramway
permet de se rendre facilement de Topkapi au Grand Bazaar. Ce parfait
quadrilatère formé de ruelles couvertes aux arches dorées, ponctué de
fontaines, fut aussi l’œuvre de Soliman. Le plus simple est d’y accéder par la
porte Nurusmaniye. Il faut ensuite se laisser absorber par ce grouillement
d’acheteurs et de femmes voilées contrastant avec les adolescentes de Taksim,
errer parmi boutiques de faïences, luminaires, bijoux, soieries ou tapis,
vêtements plus modernes. C’est aussi le temple de la contrefaçon…
En fin
d’après-midi, il faut s’embarquer près de la mosquée de Dolmabahçe dans l’un
des ferries sillonnant le Bosphore pour voir le soleil s’abîmer dans ses eaux
en faisant luire une dernière fois les croissants d’or ornant les cimes des
mosquées. Un dîner à la terrasse du Sunset Restaurant, composé de metzés,
toutes sortes d’entrées turques, agneau au curry et pâtisseries orientales, arrosé
de vins locaux bien corsés, permet un dernier regard sur la vieille ville.
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En bateau sur le Bosphore vers la mosquée de Soliman |
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Le palais de Dolmabahçe, résidence d'été des derniers sultants |
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Vue du Sunset restaurnt |
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Le Ciragan Palace vu du Bosphore
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La Chypre du Nord, un Etat de non droit
recelant des merveilles
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Nicosie, au-delà de la ligne verte s'étend la Chypre du Nord |
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Le casino de l'hôtel Merit |
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Nicosie, la cathédrale Sainte-Sophie |
Encore peu
connue du grand public, la Chypre du Nord s’ouvre aux touristes français grâce
à un vol de Pégasus Airlines au départ de Paris, après un bref arrêt à
Istanbul. Arrivée à Nicosie, la capitale de l’île coupée en deux par la trop
fameuse « ligne verte ». S’il n’y a plus de conflit armé entre le
nord de l’île, occupé par les Turcs, et le sud grec comprenant les deux tiers
de Chypre, on ne parvient toujours pas à une réunification pacifique. On ne
franchit la ligne verte qu’à pied, en montrant son passeport, sous l’œil
débonnaire de policiers turcs battant le carton à la terrasse d’un bistro, le
vrai problème restant la redistribution des terres aux anciens propriétaires,
d’un côté comme de l’autre. Et l’on est arrivé à cette kafkaïenne situation
politique d’une Chypre du Nord non reconnue par la communauté internationale,
proche bien sûr de la Turquie, faisant partie de l’Europe comme le reste de
l’île, alors que sa grande soeur n’y est toujours pas entrée… Privilège
jalousement conservé par la Chypre du Nord, les casinos des grands hôtels
faisant tourner toute la nuit la bille de leurs roulettes et la tête des
innombrables joueurs venus d’Israël, Syrie, Jordanie ou Grèce…
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Cathédrale de Bellapais |
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Cloître de Bellapais |
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Au village de Bellapais |
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La jolie plage de Bellapais |
Même traversés
par la « ligne verte », les 5 km de murailles ottomanes de la vieille ville
de Nicosie forment toujours un cercle parfait. Ainsi qu’à Istanbul, les
musulmans n’ont pas détruit les églises chrétiennes, se contentant de les
transformer en mosquées, comme l’étonnante cathédrale Sainte-Sophie aux massifs
piliers blancs, édifiée en 1209 par les Lusignan, souverains de l’île. Non loin
de là, l’élégant Caravansérail ottoman à la cour et aux arcades bien restaurées
sert en plein air tout un assortiment de brochettes et salades.
Partout sur la
côte pullulent les vestiges romains, telles les ruines de Salamis, et
médiévaux, œuvres de ces Lusignan qui devinrent rois de l’île à partir de 1196,
jusqu’à l’arrivée des Vénitiens en 1489 puis des Ottomans en 1571. Ces rois de
Chypre laissèrent une œuvre gothique grandiose : cathédrale de Nicosie,
mais aussi monastère de Bellapaïs, forteresse de Kyrenai, cathédrale de
Famagouste et tour Othello qui inspira Shakespeare, châteaux de Kolossi et
Lacarna… Toute la pointe est de l’île est par bonheur protégée et forme une
réserve naturelle à laquelle les promoteurs n’auront pas accès, mais ils
semblent déjà d’une redoutable activité le long de la côte nord. Ils
construisent sans beaucoup d’ordre au bord d’une mer d’un bleu turquoise et de
kilomètres de sable blond où viennent en été pondre les tortues marines.
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Le port de Kelleria, au pied de sa puissante forteresse |
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Kelleria et sa mosquée du bord de l'eau |
Carnet pratique :
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Vol bon marché par Pegasus Airlines, www.flypgs.com/fr/
et Odéon Tours, 9 bis Bd Hippolyte Pinaud, 95880 Enghien-les-Bains, Tél. :
01 39 89 00 71, site Internet :
www.odeon-tours.com.
Escale obligatoire à Istanbul puis vol jusqu’à Nicosie.
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Juste sous la Mosquée Bleue, le long du Bosphore, un
hôtel de charme pourvu d’une bonne table : www.armadahotel.com.tr.
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Pour y dîner comme un sultan : Ciragan Caddesi N°
32, Tél. 90 212 326 46 46.
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Où loger en Chypre du Nord : Merit Lefkosa Hotel
et Casino à Nicosie, Tél. : 90 392 228 45 70,
www.merithotels.com.
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