JAPON :LES MOINES DE KOYASAN


Japon : vivre parmi les moines bouddhistes,
dans le sanctuaire de Koyasan

 En ces temps de confinement difficiles pour tous, s'initier à la la sagesse orientale peut devenir un réconfort

Préparation de la nourriture de Bouddha
Koyo distribuant la nourriture de Bouddha
sur les divers autels du temple

Il y a douze siècles, le moine Kukaï, de retour de Chine, fonda dans le massif montagneux de Koyasan, à cent kilomètres au sud de Kyoto, un lieu de prières et d’enseignements bouddhistes.

Kyo distribue « la nourriture de Bouddha »

Koyo préparant le thé selon
un rituel millénaire

La prière du matin dans le sanctuaire de Henjokoin

Le recueillement des moines

Depuis lors, les portes monumentales, pagodes et monastères se sont multipliés à Koyasan, si bien que l’on compte aujourd’hui cent dix-sept édifices religieux érigés le long des trois rues principales. S’il n’y a pas d’hôtels proprement dits, on peut loger dans les monastères où les moines permettent à leurs hôtes, même non bouddhistes, de participer à leurs prières.
Dans celui d’Henjokoin datant du XVII è siècle, le jeune moine Koyo est chargé du bien-être des hôtes. Il prépare les chambres, vastes, spacieuses et dénudés, donnant sur un petit jardin zen fait de roches et de mousses, déroule le futon pour la nuit, simple matelas pourvu d’un oreiller et d’un édredon. C’est lui encore qui sert dans les chambres les repas végétariens, à base d’algues. Avant de se coucher, on va se purifier dans les bains collectifs, une salle étant réservée aux femmes et une autre aux hommes. On se baigne nu dans une grande cuve de bois à l’eau bouillonnante. Auparavant, par courtoisie, on s’est entièrement savonné et rincé.


repas des moines à Henjokoin

Koyo prenant soin du jardin zen d'Henjokoin, propice
à la méditation

Sous la direction du maître ou Dojun, les moines psalmodient des mantras, des prières, dans le Goma Hall. Richement décoré de statues de Bouddha, il est pourvu de centaines de lanternes en fer forgé projetant sur les murs leurs lueurs mouvantes. A 4h 30 du matin, Koyo prépare dans une cuisine réservée à Bouddha, le riz qu’il dispose dans de petits bols déposés devant chaque statue. Il nourrit le Bouddha.
La salle la plus sacrée d’Henjokoin, dite de l’empereur, est celle où l’on conserve encore le trône et l’éventail de l’empereur Kano Fujirama Salrin, venu visiter le sanctuaire il y a trois cents ans…

Une profusion de portes sacrées, pagodes et monastères




Moines s'exerçant à l'art difficile de la calligraphie


          Kukaï cherchait un lieu où se retirer dans le silence et la prière pour enseigner cette nouvelle religion, le Bouddhisme, qu’il avait connue en Chine. Deux chiens, un noir et un blanc, le menèrent dans ce massif montagneux de Koyasan. Il y trouva une grotte une grotte où s’abriter avec son disciple Shinzen. Peu à peu, la réputation de sainteté de Kukaï et ses enseignements attirèrent d’autres disciples. Quand il se retira dans sa grotte le 21 mars 835 pour une dernière méditation et pour y attendre la mort, la première communauté bouddhiste était née à Koysan. Elle y perdura sous la direction de Shinzen et de ses successeurs et se dota d’une multitude d’édifices religieux, portes monumentales, pagodes parfois peintes d’orange tirant sur le rouge, telles celles du Daimon ou de Konpondaito, monastères blottis dans des jardins zens propices à la méditation, au sable ratissé tous les matin par les moines et ornés de roches symbolisant la création du monde : Kongobuji ou Kondo Hall.

Méditation devant le portrait du saint Kukaö

Un cimetière magique


Le précieux "daito" du temple du Garan



Moine méditant dans le cimetière magique d'
Okunoin

          L’itinéraire particulier de Koyo est singulier. Né à Hiroshima où il fit des études de Philosophie, il ne se destinait pas à la vie monastique. Son premier travail, à Tokyo, dans une société d’édition et d’audiovisuel bouddhistes décida de sa vocation. Depuis lors, il reste à Koyasan, passant de monastère en monastère, pour y suivre l’enseignement d’un maître et se perfectionner dans la calligraphie ou la méditation. Son maître actuel, Keika Ajari, est d’origine chinoise. A trente-deux ans, pas encore marié, il a décidé de consacrer sa vie à l’adoration de Bouddha.
          Pour parvenir au lieu le plus sacré de Koyasan, le monastère d’Okunoin abritant la fameuse grotte, il faut accomplir un véritable parcours initiatique parmi des pins centenaires. Là se dressent des milliers de stèles aux effigies des moines morts. Il y a aussi de naïves statues de femmes et de leurs bébés, les moines de Koyasan pouvant se marier. Ces petites figures pathétiques sont parfois dotées de bonnets et d’écharpes rouges, tricotées ou taillées dans un beau tissu, comme si l’on avait voulu protéger du froid, dans l’au-delà, ces fragiles petits morts…



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