LACS ITALIENS

 

Le temps suspendu sur les lacs italiens

 

Le paisible petit port d'Angera

 

Depuis la conversion au christianisme de l’empereur Constantin en l’an 306, l’Eglise prend le pouvoir sur toute la péninsule et devient un Etat dans l’Etat. Edifices religieux et monastères prospèrent dans toute l’Italie et particulièrement dans cette région des lacs si riche et si douce à vivre et l’on peut encore les admirer aujourd’hui, souvent intacts. Avec l’élection en 1447 du pape Thomas de Sarzana, humaniste respecté, les duchés du Nord s’épanouissent et s’enrichissent, engendrant de nouveaux chefs d’œuvres. Dans la région des lacs, trois puissantes familles, liées entre elles par de nombreux mariages, coexistent en paix tout en rivalisant de luxe, les Visconti, les Sforza et les Borromée, originaires de Florence, d’où ils furent chassés lors de la lutte des Guelfes et des Gibelins, une querelle privée ayant allumé une véritable guerre civile. Le symbole de cette triple alliance, trois cercles enlacés, symbolisent ces accords de paix. Qu’un seul cercle, soit une famille, veuille sortir de ce lien et les trois s’en trouvent brisés…

 

Le château de Peschiara Borroméo

Bruno de Robien et Franco Borromeo à la Peschiara

 

A quelques kilomètres de Milan, près de l’aéroport de Linate, dans une banlieue très campagnarde, à Peschiera Borroméo, petit village où l’on élevait jadis des poissons, s’élève une puissant château entouré de douves, dont les bâtiments élevés sur deux étages, plus un haut campanile, délimitent une vaste cour intérieure bordée par des arcades, ornées de fresques par endroits. Les quatre tours de défense dont il devait être pourvu n’ont jamais été construites. C’est le domaine enchanté du prince Franco Borroméo, qui peut d’ailleurs se louer pour des mariages ou toute autre réception. Franco n’en habite qu’une aile où il reçoit volontiers ses amis, sous le regard sévère de ses ancêtres. L’ensemble des tableaux, certains datant de la Renaissance, est d’ailleurs magnifique. La salle à manger ornée de fresques est particulièrement agréable, d’autant plus que Franco est aussi un fin cuisinier ! La partie historique occupant le reste de la demeure n’est pas meublée, mais entièrement ornée de fresques en bon état, les plus anciennes datant aussi de la Renaissance. La chapelle surtout, dont il vient à grands frais de restaurer le plafond, est remarquable par la fraîcheur des couleurs. Comme tous les membres de la famille, Franco jouit d’un curieux privilège dû à leur parenté avec san Carlo Borroméo. Où qu’il soit, si un prêtre l’accompagne, il peut faire célébrer la messe, même en un lieu non consacré !

 

Saint Charles Borromeo

Le petit port de Laveno

Autre vue d'Angera


La forteresse de Rocca Borromeo

Le Lac Majeur et ses îles, fief des Borromée

Etiré sur 65 km, dont un quart en Suisse, le Lac Majeur ou Lago Maggiore, est surtout célèbre pour le romantisme de ses trois îles Borromée et son climat exceptionnel, ayant permis la création de parcs exubérants, réputés pour les floraisons des rhododendrons, magnolias et azalées au printemps. Dès la fin du XIX è siècle, toutes les riches familles italiennes, séduites par sa douceur de vivre, y font construire des villas rivalisant d’opulence et d’extravagance, mais nulle ne peut bien sûr égaler la célèbre Isola Bella – une déformation du prénom de la princesse Borromée pour laquelle fut construit ce joyau posé sur l’eau, Isabella.

Classicisme de la Villa d'Isola Madre

Son salon baroque

la chapelle d'Isola Madre

Traversée vers Stresa

 

La rive est, moins intéressante que l’autre, vaut pourtant le détour pour la formidable Rocca Borroméo d’Angera, ses salles intactes, son jardin de simples et ses vignes suspendues, ainsi que son musée de la poupée. L’autre attraction est le monastère de Santa Caterina del Sasso, dans les environs de Laveno, un ensemble des bâtiments comme incrustés dans la roche, au bord de l’eau, datant des XIV è au XVI è siècles. Dans la partie la plus vieille, l’ancienne salle capitulaire recèle une fresque de Giovanni Pietro Crespi datant de 1510. Attention, la visite se termine à 18h !

Sur la rive ouest, chaque petit port est devenu une station balnéaire chic attirant les Milanais pour le week-end. Les prix s’en ressentent évidemment. Le principal intérêt d’Arona est sa chiesa San Carlo et la gigantesque statue du saint, dont le pouce ne mesure pas moins de 1,40 m, car le cardinal Charles Borroméo est né dans la rocca, la forteresse surplombant le village.

C’est à Stresa, élégante petite ville aux luxueuses villas du XIX è, que des navettes vous proposent de faire le tour des trois îles, pour lequel il faut compter environ cinq heures, les navettes venant toutes les trente minutes. On commence par la visite d’Isola Madre, la plus grande, où se dresse une grande villa cubique, meublée dans l’époque XVIII è, ornée de beaux tableaux et tapisseries mais surtout pourvue d’une rare collection de théâtres de marionnettes. Elle est célèbre pour son jardin botanique de huit hectares surplombé, en hiver, par des monts enneigés. La chaleur et l’humidité permanentes régnant sur cette île ont permis d’y acclimater des plantes rares, venues du monde entier. Il y a même un cyprès du Cachemire planté en 1862, déraciné par une forte tempête il y a dix ans, et redressé puis solidement arrimé à la terre au moyen d’un hélicoptère !

Comme posée sur l'eau, l'île des Pêcheurs

Le somptueux palais Borroméo d'Isola Bella

La salle à manger et sa précieuse vaisselle bleue

Toujours l'île des Pêcheurs

 

L’île des pêcheurs ou Isola del Pescatori est surtout jolie de loin, avec ses maisons bariolées regroupées autour de sa petite église de San Vittore, à la richesse d’ailleurs surprenante. Elle est la seule des trois à ne pas appartenir à la famille Borroméo, même si celle-ci possède toujours les droits de pêche sur tout le lac. Quelle déception quand on aborde ! Si les maisons sont pimpantes et l’unique ruelle pittoresque, il n’y a, tout du long, que des restaurants et des boutiques de souvenirs assez douteux… Mais les barques de pêche à fond plat sont encore utilisées et ravitaillent les innombrables auberges.

 

Le joyau du lac, Isola Bella et ses palais 

Nu dans la grotte aux coquillages

La mort de la licorne

L'étonnante rocaille aux multiples statues

Somptuosité de cet escalier fleuri

 

Edifiée avec un faste inouï au XVII è siècle par Vitaliano VI Borroméo, fils d’Isabella et de Carlo III, cette suite de palais, de grottes tapissées de coquillages donnant directement sur l’eau, de rocades hérissées de statues, de jardins à l’italienne somptueusement fleuris, Isola Bella, ses palais et ses jardins où déambulent de somptueux paons blancs et des faisans au plumage chamarré offre une suite ininterrompue d’éblouissements. C’est une perfection à tous les points de vue. Même si bien des peintures de la grande galerie ne sont que des copies de la Renaissance, l’effet de faste reste prodigieux. Il n’y manque même pas la salle du trône ! L’immense grand salon aux colonnes corinthiennes décorées de stucs d’un bleu céleste et à la voûte s’élevant à 24 m de hauteur, la succession de salons meublés de précieux cabinets et dressoirs Renaissance, le mobilier du XVIII è, la salle à manger toute dressée avec une vaisselle d’opaline française du XIX è, ses salles voûtées donnant sur l’eau et conservant la fraîcheur, même en plein été, tout était prévu pour y donner de sublimes fêtes. La famille l’habite encore les mois d’été, ce qu’indique alors un drapeau portant la devise Humilitas, assez surprenante dans le contexte !

Gandria sur le lac de Lugano

Le port de Menaggio de Côme

La villa Carlotta et ses bassins

 

De Verbania, où d’élégantes villas témoignent de sa grâce passée, dont la Villa Taranto, à Cannobio, la route épouse la courbe du lac et permet des vues ravissantes. On peut même grimper sur les hauteurs pour jouir d’un aperçu complet du lac. Dans les environs, la petite église bien rénovée de San Gottardo conserve de belles fresques du XIV è siècle, puis on passe en Suisse, sans problème de douane hors saison, et au lac d’Orta, tout proche, intéressant surtout pour son délicieux village de poupées d’Orta san Giulio et la petite île qui lui fait face.

Toujours côté suisse, attention, les prix flambent au pays des banquiers, Lugano est une jolie ville chic et chère où mieux vaut s’abstenir de faire des achats, de dormir et même de se restaurer pour les bourses françaises, même si la cathédrale San Lorenzo et la chiesa Sante Maria della Angeli ne manquent pas d’intérêt, surtout pour leurs fresques ! Le colossal complexe du LAC, Lugano Arte et Cultura, ambitieux projet d’Ivano Gianola, a certes lourdement endetté la ville, mais la réalisation est impressionnante, surtout dédiée à l’Art contemporain.

Quittant toutes ces grandeurs, on n’en apprécie que mieux le charme rustique du minuscule village de Gandria, construit tout en hauteur, sur le maigre terrain disponible car le lac de Lugano est surplombé de hautes montagnes laissant peu de place à l’homme. Celui de Morcote, plus au sud, est aussi coloré et étagé et le reflet de toutes ces maisons gaîment peinturlurées dans l’eau est du meilleur effet !

 

Les deux bras du lac de Côme

Si l’on veut continuer par des chemins bucoliques en évitant l’autoroute, mieux vaut passer du nord du lac de Lugano directement à Menaggio, sur le bras ouest du lac de Côme. Agréable station balnéaire aux rues étroites et à la longue promenade courant au bord du lac. Un peu plus bas, Tremezzo, assez semblable, est surtout connu pour la majestueuse Villa Carlotta, édifiée à la fin du XVII è siècle et dominant hautainement le lac sur lequel elle donne par des terrasses et un double escalier terminé par un bassin fleuri de lotus. Construite à l’origine par un banquier milanais, elle fut rachetée en 1801 par un proche de Napoléon Ier qui la dota d’œuvres de Canova, Thorvaldsen et Hayez – le fameux Ultime baiser de Roméo à sa Juliette. Puis elle fut offerte en 1848 à la princesse Charlotte de Prusse (d’où son nom) à l’occasion de son mariage avec le duc de Saxe-Meiningen, un passionné de botanique qui y fit aménager un jardin digne de son goût. On y voit surtout aujourd’hui des statues d’antiques et une élégante sculpture d’Amour et Psyché due aux ciseaux de Tadolini, l’élève préféré de Canova. A l’étage, le salon contient de précieuses tapisseries des Gobelins et la chambre de Carlotta, presque dépouillée…

Vue de la terrasse de la villa Carlotta

Sa collection d'antiques

En face, le port de San Giovanni

Sérénité du port de Lenno

 

Un peu plus bas, à Lenno, on peut visiter la Villa Balbianello, construite sur les restes d’un couvent franciscain et un moment propriété des Visconti. Le dernier propriétaire, le comte Guido Monzino, devint célèbre pour ses expéditions arctiques dont témoigne sa bibliothèque. La route est souvent escarpée, offrant de belles vues sur le lac, jusqu’à Cernobbio où s’élève la célèbre Villa d’Este, propriété d’un cardinal et transformée en hôtel de grand luxe au XIX è, gardé par un cerbère peu hospitalier aux touristes non milliardaires !

Vue de la villa Melzi

Au pied de sa colline, le port de Varenna

Les colonnes de la villa Monastero à Varenna

Les terrasses de la villa Monastero

 

On quitte la quiétude du lac en arrivant à Côme, grosse cité industrielle et bruyante où il faut pourtant visiter le riche Duomo Renaissance, la chiesa sant’Abbondio de style roman et se perdre en flânant dans le centre historique aux belles maisons à encorbellements datant du XVI è siècle. En remontant vers la pointe de Bellagio, ancien village de pêcheurs où se bâtirent aussi de somptueuses villas, comme la Villa Melzi dont on ne visite que les jardins et la chapelle aux riches tombeaux, on peut y prendre le ferry qui traverse le lac vers Varenna, sur l’autre bras. Là encore, la promenade au bord du lac est belle et paisible hors saison. Une autre villa est merveilleusement située les pieds dans l’eau, la Villa Monastero, construite quant à elle sur les restes d’un couvent de cisterciennes et comprenant divers bâtiments réservés à des conférences qu’on ne visite pas et même des chambres d’hôtes. Le jardin en terrasses, tout en longueur, est ponctué de kiosques, de colonnes et de statues à l’antique se mirant dans les eaux claires du lac.

 

Les lacs d’Iseo et de Garde

 

A mi-chemin entre les lacs de Côme et d’Iseo, la ville historique, ceinte de remparts médiévaux, de Bergamo où sont nés les personnages masqués de la Comedia del Arte, permet une agréable balade. Des remparts de la ville haute, la vue plonge vers les larges avenues bien tracées de la ville basse. La citadella della Rocca ou la Torre di Gombito offrent aux plus courageux les meilleurs points de vue. Au cœur de la petite cité médiévale, la piazza Vecchia est composée de beaux bâtiments tels que le Campanone qui sonne les heures ou le palazzo della Regiona datant du XII è et restauré au XVI è par Pietro Isabello. Au centre, la fontaine a été offerte en 1780 à la ville par le podesta de Venise, mais la merveille des merveilles est la cappella Colleoni, à la façade Renaissance très ouvragée, œuvre de Giovanni Antonio Amadeo, une commande de Bartolomeo Colleoni, commandant en chef des armées de la Sérénissime. Sur les grilles se répète le curieux blason des Colleoni, trois testicules, une particularité dit-on de ce célèbre condottiere. Elles sont polies par les caresses des femmes stériles espérant ainsi pouvoir enfanter !

la basilique de Bergame

L'élégante chapelle des Colleoni

Et les trois célèbres testicules ornant leur blason

A Clusone, l'oratoire des Disciples et ses fresques

 

Le décor de stuc baroque et d’or de la basilica di Santa Maria Maggiore datant du début du XVII è alors que l’extérieur est roman et ses délicats confessionnaux du XVII è siècle témoignent de la richesse étourdissante de l’époque. De Bergamo, on remonte vers Clusone en longeant le minuscule lac d’Endine et ses hameaux ceinturés de roseaux.

Village presque montagnard, Clusone charme par ses rues pentues, son Palazzo comunale à l’horloge sophistiquée et son très curieux Oratorio dei Disciplini, un ordre de frères flagellants. Cet ensemble composé de plusieurs bâtiments et juché sur une terrasse dominant la ville comporte une fresque extérieure décrivant les enfers et digne de Jérôme Bosch, ainsi qu’une chapelle aux fresques parfaitement conservées relatant la vie de Jésus.

La mort sur le maître autel de l'oratoire

L'opulence du plafond peint

Une crucifixion aux multiples personnages

La minuscule Isola Monte

A Brescia, le duomo Vecchio

 

De Clusone, on pique vers le lac d’Iseo, également ceint d’abruptes montagnes laissant peu de place aux divers villages et sa petite île de Monte Isola avec son sanctuaire dédié à la Vierge, édifié à l’emplacement d’un ancien temple païen. On rejoint ensuite la ville très industrialisée de Brescia qui a pourtant un vieux centre d’historique digne d’intérêt, avec sa succession de places médiévales, son Duomo Vecchio aux fresques du XIII è siècle et surtout sa piazza della Loggia à la vénitienne, dont l’édifice le plus ancien date de 1489, puis l’important complexe monastique de Santa Giulia, monastère bénédictin fondé en 753 et construit sur d’anciennes villas romaines dont on peut encore voir les vestiges.

 

Le lac de Garde, le plus grand de tous

Bien abrité des vents du Nord et jouissant d’un climat privilégié, sa végétation abonde en palmiers de toute sorte, cyprès, citronniers et orangers, lauriers roses de toutes les nuances, ce qui explique que les Romains s’y installèrent pour jouir de beaux jardins avec vue sur le lac. Plus récemment, le grand poète Gabriel D’Annunzio en fit son petit paradis, trop proche pourtant à son goût des foudres de Mussolini qui n’appréciait guère ses critiques contre Hitler et qui établit à Salo son éphémère république. Cet intermède politique fit d’ailleurs l’objet d’un film de Pasolini, Salo ou les 120 journées de Sodome, montrant assez sadiquement les turpitudes des derniers fascistes italiens encore au pouvoir. Toutes ces riantes stations, Desenzano, Salo, Gardone Riviera, Maderno ou Gargnano offrent de délicieuses promenades au bord de l’eau mais la route au-delà, vers Limone sul Garda, percée de nombreux tunnels, ne présente que peu d’intérêt. A Gargnano, il ne faut pas manquer, en bordure de route, le majestueux escalier de la villa Bettoni qui ne se visite pas et le tout-petit cloître du XIII è siècle à l’émouvante simplicité de l’église San Francesco.

 

Le majestueux escalier de la villa Bettoni

Les maisons colorées du port de Gargnano

Vue de Gargnano

Milan, sa Scala, son incomparable Duomo, ses collections d’Art, ses galeries et son cimetière

Si l’on a peu de temps à consacrer à la capitale de la Lombardie, la pinacothèque à ne pas manquer est celle du palais Brera. Outre ses écoles d’Art et ses expositions temporaires, sa collection d’antiques, elle renferme d’inappréciables œuvres du quattrocento italien, des madones de Bellini ou de l’exubérant Carlo Crivelli, pieta de Lorenzo Lotto ou l’extraordinaire gisant du Christ peint en raccourci par Mantegna. De là, il est facile de gagner à pied le quartier historique de la ville en passant par la place del Manzoni ou des Marchands, en empruntant le passage voûté de la Gallerie d’Italie où se côtoient nombre de boutiques de grands créateurs – n’oublions pas que Milan est l’une des capitales mondiales de la haute couture et que la Semaine de la Mode, qui s’y déroule fin septembre, attire les stylistes du monde entier. 

Majestueuse dormeuse du musée Bréra à Milan

La galerie Vittorio Emmanuel II

L'ébouissant Duomo de Milan

A l'intérieur, ce curieux Ecorché

 

La vision éblouissante de blancheur de ce si curieux Duomo triangulaire, chef d’œuvre de l’architecture gothique se dressant sur la place du même nom, est un spectacle qui surprend à chaque fois. Une masse si imposante et si délicate à la fois. Et, à l’intérieur, cette forêt de hauts piliers ocres aux chapiteaux si finement ciselés, ces vitraux aux couleurs habillant les vieilles pierres… Retour par la plus grande des Galleries, celle de Vittorio Emanuele II aux boutiques encore plus somptueuses que celles de la précédente, s’il se peut, au vaste dôme en verrière où se reflète le soleil. On longe l’édifice un peu lourd, d’un XVIII è tardif de la Scala, commandé par l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche à l’architecte Giusuppe Piermonti, consécration de tout chanteur ou musicien baroque, pour gagner, toujours à pied car les taxis sont rares et pris d’assaut, plus au nord, le quartier de Republica et son Cimitero Monumentale. Là, celui du Père Lachaise, dont je goûte pourtant d’habitude le romantisme un peu morbide, est battu à plate couture !

 

Le cimetero monumentale, le temple du kitch mortuaire

Coupole de la galerie Victor Emmanuel II

Sur les tombes du cimetière

d'émouvantes statues disent

toute la douleur des familles

 

Après avoir franchi les voûtes prolongeant une chapelle en effet monumentale, on pénètre dans une oasis de pins et de cyprès hérissée d’une multitude de monuments funéraires du plus curieux effet, chapelle, pyramide, temple égyptien, obélisque ou tour médiévale, tout est bon pour les familles endeuillées pour bâtir plus haut, plus fou, plus audacieux que les familles rivales. Pourtant, en cheminant parmi les tombes plus modestes, on est ému par de saisissantes statues d’angelots représentant les petits morts, par un jeune mort baisé par sa fiancée, sans doute, et veillé par sa mère, par un soldat saisi par le sculpteur en son râle d’agonie, par une foule de pleureuses de toute époque – les femmes surtout sont représentées dans ce rôle de suppliante, probablement indigne d’un homme. On rit d’abord, on communique ensuite avec tous ces morts et ceux qui, naïvement, ont tenté de les prolonger au-delà du trépas, par une photo, une prière, une offrande pierre…

 

Le quartier de la gare Garibaldi

Insolites immeubles paysagés

La tragique beauté de ce jeune mort

L'entrée monumentale du cimetière

Une bonne adresse à Milan, l’hôtel San Guido au décor rococo, près du cimetière en question, Via C. Farini 1/A, Tél.  : 02 6552261, 140 E la chambre pour deux personnes.

 

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