Venise, le carnaval selon Antonia
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Venise vue du campanile de San Giorgio
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Une mouette peu farouche
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Petit visiteur près dè Rialto
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Derniers préparatifs avant le grand soir
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Même les boutiques se parent
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de lumières pour la fête
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Pas grand mais il s'amuse bien
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Le
carnaval de Venise marque certes le début de l’hiver, mais il a tant de succès
qu’il devient difficile de réserver hôtels ou chambres d’hôtes si l’on ne s’y
prend pas très à l’avance. C’est alors un véritable scintillement, quand toute
la ville semble revivre pour une semaine au temps des doges ou de Casanova. La
plus belle soirée est celle du Bal des Doges, une féerie signée Antonia
Sautter.
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Une élégante du siècle dernier
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Sous les masques tout est permis
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Harmonieuse mélancolie
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Belle à son miroir
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Costumes couleur de muraille
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Ralliez-vous à mon panache blanc
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La belle et la bête
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Un palais en habit de lumière
Sur le Grand Canal, le palais Pisani Moretta, propriété
du comte Maurizio Sammartini, a revêtu son habit de lumière pour ce quinzième
Bal du Doge, le plus couru de Venise. Les premières gondoles arrivent, portant
belles à paniers ou crinolines, petits marquis de cour poudrés à frimas, gandin
en gants jaunes. Cette année, sur le thème du « jardin des délices »,
les éclairages figurent un Eden enchanté, tandis que retentissent les sanglots
des premiers violons. Tous attendent bien sûr la reine du bal, Antonia Sautter,
qui paraît enfin, faisant bruisser sa large robe de soie. Le bal peut
commencer, par un menuet bien sûr, mené par Antonia.
Ce que l’on ne devine pas, à la voir souriant à tous,
c’est qu’il y a des nuits qu’Antonia ne dort pas, veillant au moindre détail du
décor, étudiant éclairages, menus, candélabres parant les tables, mettant la
dernière main aux costumes de ses hôtes. Ce bal, célèbre pour son élégance, ne
comptera jamais plus de quatre cents invités, qui doivent être parrainés, même
si la soirée est payante et coûteuse, 800 euros, plus le costume, que l’on peut
louer chez Antonia pour un prix variant de 150 à 1000 euros, certains préférant
bien sûr les acheter.
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Gondole sur le Grand Canal
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Cour intérieure du Palais des Doges
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Couple à la parade
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Mystérieux trio
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Duo en noir et blanc
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Un charlot triste
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Au même moment, place Saint Marc, dans les rues
voisines ou dans d’autres palais, ils sont un millier à déambuler en costumes,
prenant la pose devant les photographes, en couples ou par groupes, dégustant un
chocolat au Café Florian, le plus vieux de la ville, puisque sa création date
de 1720.
La fascination d’Antonia pour le carnaval remonte à son
enfance. Avec sa mère Italia, elle dessinait son futur costume, cherchait
l’inspiration dans les livres anciens, les gravures des bals de jadis.
- Pourtant, dit Antonia, je n’ai pas suivi d’école de
graphisme ou de stylisme et je dessine toujours comme une petite fille, épinglant
sur mes dessins les échantillons de tissus et de broderies, comme
Marie-Antoinette le faisait avec sa couturière Rose Bertin ! En fait, j’ai
suivi des études d’interprète et ai été engagée par une compagnie américaine de
mode, Hohenberg LTD. Quand ils ont vu que j’avais le sens des couleurs, ils
m’ont permis de travailler avec les stylistes. C’est ainsi que tout a commencé.
Puis, à 26 ans, j’ai ouvert ici ma première boutique d’accessoires. J’en ai à
présent quatre ! L’histoire du Bal du Doge est aussi survenue par hasard.
Un client est un jour entré dans ma boutique pour y acheter des masques. Nous
avons sympathisé. Il s’appelait Terry John et était le chef du groupe Mounty
Python. Il m’a expliqué que la BBC
l’avait chargé d’organiser une fête autour du personnage légendaire d’Enrico
Dandolo, le doge aveugle qui avait participé au financement de la Première Croisade.
J’ai affirmé être la grande spécialiste des fêtes vénitiennes, ce qui était
absolument faux.
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Même les petits chiens se déguisent
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Antonia créant des costumes dans son atelier
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C'est Antonia qui reçoit au Bal du Doge
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A cette fête filmée par la BBC, Antonia avait convié tous
ses amis, qu’elle avait elle-même costumés. Et ce fut le premier Bal du Doge.
L’idée était née, avec la réussite que l’on sait…
- Ce bal est à chaque fois une gageure,
explique–t-elle. Je dois chaque année me surpasser, surprendre mes invités,
trouver d’autres spectacles, de nouveaux jeux de lumières, des costumes plus
spectaculaires. C’est une soirée que j’offre à ma mère, morte bien avant tout
ça. Elle aurait été si heureuse de voir que je reste fidèle à mes rêves
d’enfant. En fait, je travaille dur pour toutes ces fêtes que j’orchestre, mais
surtout pour ce bal. Le secret est que tout doit paraître simple, réalisé d’un
coup de baguette magique.
Antonia Sautter, San Marco,
Frezzeria 1286, Tél. : 39 041 5224426, www.ballodeldoge.com.
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