Dentelles béquille et revolver
Slanie de Malvoisie avait encore une bonne oreille, à 92 ans, même si elle se prétendait très sourde, ce qui lui permettait d’entendre des conversations ne lui étant pas destinées. Pour l’heure, elle venait de percevoir l’insupportable crissement des roues du vieux 4x4 Mercedes que pensait piloter en virtuose Sybille, l’auxiliaire de vie venant s’occuper d’elle trois fois par jour. A croire qu’elle faisait exprès de mettre ainsi à mal le savant ratissage de Jules, l’homme à tout faire de la propriété qu’elle considérait, selon ses fonctions du moment, comme son jardinier, paysagiste, valet de pied ou maître d’hôtel. Ce qui ne variait guère, chez Jules, était son éternel jean troué à chaque genou, qui lui descendait bien trop bas sur les hanches, ce que la vieille marquise trouvait plus drôle qu’inconvenant. En librairie le 21 septembre, 20E Vite, elle se recoucha sur la chaise-longue disposée sur la terrasse dallée de larges tuiles devenues, avec les ans, plus g