BRUNO DE ROBIEN

                                                                               Bruno de Robien

 

Bruno et sa nièce Anne de Robien

Bruno de Robien est mort à Nice ce 30 juillet 2023 dans son sommeil. Quelques jours plus tôt, il plaisantait encore avec ses amis, persuadé de s’en tirer cette fois encore. Assez logique pour un homme ayant survécu à plus de cinquante accidents de voiture et bon nombre d’atterrissages ratés dans le petit avion qu’il pilotait, non en virtuose, mais avec un enthousiasme certain. Bruno aimait la vie, la poésie, la musique baroque et les pin-up des années cinquante. Il avait constitué un musée virtuel de ses peintres préférés, soignait avec un grand dévouement ses tyrannosaures de Second Life, écrivait de savoureuses nouvelles que l’on peut retrouver dans Bookélis : « Des piranhas dans le bidet ». Il repose auprès de son frère Elie dans le caveau familial de Saint Germain d’Anxure.

 

 

Bruno mon clochard céleste

 

On voudrait, pour sa mort, assécher les étangs,

On voudrait, aujourd’hui, abolir le printemps,

Retirer du cosmos une étoile, encore une,

Décrocher le soleil et balancer la lune,

Aplanir les remous planant dessus les mers,

Ne plus jamais croquer dans les citrons amers.

On voudrait refermer tous les boutons de roses,

Empêcher que les fleurs à jamais soient écloses,

Bâillonner pour toujours la voix du Requiem,

Commencer un amour sans écrire un grand « M »,

Remplacer les questions par un ultime somme,

Oublier tout à fait notre condition d’homme.

Ne perdure une peur que le temps d’un matin

Mais pourtant dans la mort un chagrin nous atteint

Toi, mon clochard céleste sous ton drap tricolore

Tu t’en vas vers ton frère et cet amour t’honore

Et je lève ma coupe au ciel de rouge et d’or,

Parure un peu barbare ou fantastique alors,

Au sourire et aux fleurs, au fleuve de musique

Novatrice, profane ou même liturgique,

Aux ivresses encore et aux songes si beaux,

A l’ultime baiser qui caresse nos peaux,

A l’accord expirant se brisant sur la lyre,

Au si tendre sanglot, au monstrueux délire,

Au bateau qui s’enivre et aux poissons chantants,

A de grands brasiers d’or, aux triomphants instants,

Aux étoiles d’argent sur la brume violette

Pour lancer dans les airs ma fièvre de poète.

 

Isaure

 

Son dernier voyage

Bruno à Nuremberg

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