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Le sacre du roi du Bhoutan, seize ans déjà…

 

Dzong de Punakha

Notre caravane vers les sources de Gasa

Lucky au pont de singe de Same Zam



Depuis le XVII è siècle, des dzong ou forteresses veillent sur ce petit royaume himalayen coincé entre le Tibet et l’Inde, grand comme la Suisse, peuplé de moins de 800 000 habitants. Il s’était doté d’une Constitution, avait le suffrage universel depuis mars 2007, un ministère du Bonheur et avait accédé à la démocratie sur le souhait du précédent roi qui avait remis la couronne à son fils le 6 novembre 2008…

         

 

Le royaume de la sérénité

Dès l’arrivée à l’aéroport de Paro, on est saisi par la pureté de l’air, à 2250 mètres d’altitude. Pas un bruit, mais une immensité de champs dorés, le riz venant d’être coupé. La rue unique est bordée de hautes maisons crépies de blanc, décorées d’animaux fantastiques ou de fallacieux phallus. Y déambulent des hommes en gho et des femmes en kira. Le gho est une robe écossaise, serrée à la taille par une ceinture tissée, qui s’arrête aux genoux et se porte au-dessus de hautes chaussettes et de chaussures de ville, les bottes étant réservées aux cérémonies. La kira des femmes se compose d’une robe enroulée autour du corps, avec un court boléro par-dessus.

Des phallus facétieux peints sur les murs des maisons
Le col de Dochola

Vers le dzong de Gasa





Une heure de route mène à Thimphu. On voit que la ville, forte alors de ses 40 000 habitants, est la capitale : deux rues parallèles encadrent la voie principale. C’est la sortie des classes. Partout chahutent des petits en gho et kira. L’enseignement se fait en anglais, mais la langue nationale, le dzongkha ou « langue parlée dans les dzong », enseignée dans les écoles, est aussi celle de l’administration. Elle n’est écrite que depuis 1960 et n’a pas encore une orthographe très stable.


 


Un jeune roi de 28 ans adulé par son peuple

Le 6 novembre 2008, jour du couronnement de Sa Majesté Jigme Khesar Namyel Wangchuck, 5 è roi de la dynastie des Wangchuck, qui avait commencé avec son arrière-arrière grand-père en 1907, tout se passe dans le dzong de Thimphu, impressionnante forteresse abritant monastère et administration.

Tsechu au dzong de Bumthang

Ferveur au Jam Lakhang de Bumthang



Danse des Coiffes Noires à Bumthang


Retentissent les gongs. Les premiers membres de la procession, des guerriers de jadis, arrivent. Chacun attend la venue de ce jeune roi de 28 ans auquel son père abandonne librement le trône et que son peuple vénère. En gho de cérémonie, enveloppé dans l’écharpe jaune d’or, il marche vite, semblant ému. Puis il pénètre dans la Salle du Trône, interdite au public.

Les deux jours de cérémonie suivants se déroulent dans un stade pouvant contenir 2000 personnes. Le premier est dédié à l’armée. Le second aux jeux et aux sports. Bannières religieuses, drapeaux des nations représentées, ballons, moines coiffés de leurs bonnets rouges, rien ne manque à l’ambiance. Le défilé militaire commence par la garde royale, splendide dans ses uniformes datant de trois siècles. A trois heures, tout est fini, le roi s’en va, les gradins se vident, les équipes de nettoyage commencent leur travail.

Petit spectateur


Le roi et le Jekengmo ou chef religieux à Timphu


Pour le troisième jour du couronnement, le cérémonial est plus simple. Place aux jeux, ponctués de danses chantées. Les joutes des « hommes forts » rappellent celles des Ecossais, avec lancers de poids, prises d’haltères, lutteurs. Dans une aire jouxtant le stade, s’exercent les tireurs à l’arc, sport national. Survient le roi, qui tire sa flèche sous les acclamations, puis repart aussi vite qu’il était venu et s’engouffre dans sa limousine indienne. La fête est finie. Le roi n’est pas mort, vive le roi !

Le stade de Thimphu
Les moines musiciens à Thimphu

 

Moine Bonnet Rouge à Thimphu




Les dzong, centres de la vie bhoutanaise

Non loin de Thimphu, au col de Dochola, à 3100 m, l’air est vif sous le soleil. Les cols sont toujours marqués par un chorten et une profusion de drapeaux votifs de couleurs claquant au vent. Celui-ci forme une colline à laquelle on accède par des escaliers, coiffée de cent huit petits chorten peints, un nombre sacré dans le bouddhisme tibétain. En arc de cercle se profilent les sommets enneigés des Himalayas. Paysage grandiose, irréel, rendu plus majestueux encore par l’hommage humain.

Les villages s’étant organisés à l’ombre des dzong, la meilleure façon de découvrir le Bhoutan est d’aller de dzong en dzong, certains n’étant d’ailleurs desservis par aucune route. Celui de Punakha est spectaculaire, surplombant un majestueux cours d’eau. C’est là que réside le Je Khenpo, supérieur des Bonnets Rouges et première autorité religieuse du royaume. Plusieurs fois détruit par les incendie, puis par une crue de la rivière en 1994, toujours reconstruit à l’identique, le dzong revit, immuable et d’une poignante beauté.

 

Le dzong de Gasa, dans sa solitude hautaine

Méditation au monastère de Choka Dratangsi

Le roi de 28 ans couronné et les cinq couleurs tantriques


Tir à l'arc à Paro



Pour accéder à celui de Gasa, il faut suivre les gorges de la Punatsang chu, qui serpente parmi la forêt de plus en plus dense. Partout jaillissent des cascades dans un éclat de rire blanc. La piste s’arrête devant un éboulis de rochers dû à la dernière mousson et pas encore déblayé. On ne peut donc arriver qu’en marchant à Gasa, accompagné de toute une caravane de chevaux de bât portant vivres, boissons et tentes car il n’y a bien sûr aucun endroit où se ravitailler en chemin. Les chevaux bhoutanais, rarement montés, ont le pied sûr pour franchir les passes les plus abruptes ou de fragiles « ponts de singe » surplombant des abîmes. Les cloches accrochées à leur cou annoncent leur arrivée à une autre caravane, car se croiser sur ces étroits sentiers est toute une affaire.

On monte en trois heures jusqu’au spectaculaire pont de singe de Same Zam, qui enjambe, balancé par le pas des chevaux, les eaux bouillonnantes de la Tsachomo chu, mugissant vingt mètres plus bas. Les bêtes montent allègrement dans un concert de clochettes. Suivant le guide, Sonam ou Chanceux, rebaptisé Lucky, nous arrivons au camp après huit heures de marche pour dîner sous la tente d’un savoureux carry concocté sur un réchaud de fortune.

Au matin, on aperçoit la masse imposante du dzong de Gasa, émergeant de la touffeur de la forêt. Dans la principale cour intérieure, des Layap, une ethnie d’origine tibétaine vivant à la frontière nord du royaume, répètent leurs danses pour le nouveau roi. Ces éleveurs semi-nomades, vêtus de poils de yack tissés et coiffés d’un drôle de chapeau de bambou tressé, se rendront aussi aux fêtes du couronnement et participeront à la cérémonie. Il faut encore six bonnes heures de route à travers la forêt pour rejoindre la source chaude de Gasa Tsa chu, d’origine volcanique, très prisée par les Bhoutanais, excellente pour les rhumatismes. C’est un dimanche et l’on vient y pique-niquer en famille, shampouinant, étrillant les gamins, lavant le linge de la semaine dans une atmosphère très conviviale. L’eau est presque trop chaude et l’on peut y rester des heures, même à la nuit tombée.

Des nuages s’amoncellent et s’effilochent par pans sur les flancs de la montagne. On se passe à la ronde, à la lueur des feux, de délicieux momo, petits pains cuits à la vapeur, fourrés de légumes et de viandes. A deux heures, la pluie se met à tambouriner contre les toiles des tentes et les arbres se gorgent d’humidité.

Lever à sept heures le lendemain, sous une pluie déprimante. La forêt s’est changée en marécage, les sentiers en patinoires. Bientôt, on patauge dans la boue jusqu’aux mollets. A chaque pas, il faut arracher son pied à l’étreinte visqueuse pour le replonger quelques centimètres plus loin dans une autre fondrière. Sept heures avant de retrouver Tashi, le chauffeur, et la voiture…

 

Festival tantrique au dzong de Bumthang

Ce 29 octobre, dixième jour du mois selon le calendrier lunaire, on célèbre au dzong de Bumthang le festival du Tsechu. Les habitants ont revêtu leurs vêtements de fête. Dans la cour centrale, la foule s’est assise dans une ambiance de kermesse à même le sol. Des moines masqués, pieds nus, revêtus de somptueuses robes de brocart virevoltant autour d’eux, jaillissent comme des diables de la porte principale. Ils tournoient sur eux-mêmes en se déhanchant pour que leurs longues manches traînantes effleurent le sol. On les dirait pris de transes. Leurs masques à têtes de morts ou d’animaux, chiens, cerfs, corbeaux, yacks ou chevaux leur donnent un aspect fantomatique. Leurs danses content l’assassinat par un moine d’un roi hostile au bouddhisme, au IX è siècle, au Tibet, et la conversion d’un chasseur aux croyances du Bouddha proclamant sacrée toute vie, même la plus humble.

 

 

Fiche pratique :

. Quand y aller

En automne pour éviter la mousson d’été et au printemps.

. Comment organiser son voyage

Le nombre de touristes annuels au Bhoutan ne dépasse pas 30 000. Il faut obligatoirement passer par une agence, française ou bhoutanaise, et payer maintenant 100 dollars de taxes par jour, dont 75% iront dans les poches du gouvernement. Pour ce prix, tout est en principe compris, même l’organisation des treks.

Ce voyage a par exemple été organisé par Compagnie du Monde, 5, av de l’Opéra, 75 Paris, Tél. : 01 53 63 3342, qui s’implantait juste au Bhoutan mais a une équipe dynamique à Thimphu, capable de s’adapter à n’importe quelle demande.

. Argent

La monnaie locale est le ngultrum ou Nu, équivalent de la roupie indienne, soit un euro pour 89 Nu. Les cartes bancaires sont acceptées dans certaines boutiques et hôtels.

 

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