LES BONS PLANS DE TINTINE


Pont-Aven de Gauguin à Gromaire


L'ancien Hôtel Julia et à droite l'Annexe qui deviendra le
Musée de Pont-Aven

Le port de Pont-Aven,1878, Gaston Roullet

Le port de Pont-Aven aujourd'hui

Portrait deMarie-Anne Héderlan, vers 1883, Van den Anker


Jusqu’au 15 septembre prochain, date à laquelle le musée de Pont-Aven fermera deux ans pour subir de grandioses transformations, le musée ouvre ses portes pour sa troisième exposition temporaire de l’année. Né sans collection en juin 1985, il rassemble aujourd’hui plus de 1300 œuvres et documents qu’il n’a plus la place de montrer. L’atelier de l’Île a gagné le concours et lancera donc la rénovation de l’Annexe du célèbre Hôtel Julia, aujourd’hui occupé par le musée et la mairie. Sauf la porte d’entrée, rendue plus accessible et plus visible, la façade ne perdra pas ses harmonieuses proportions mais à l’intérieur, tout éclatera pour mieux utiliser l’espace et doubler la surface d’exposition.



Pont-Aven et son « exotisme » champêtre

L’actuelle exposition permet de mieux comprendre pourquoi ce charmant bourg de Pont-Aven, blotti autour de son Aven qui rejoint la mer sept kilomètres plus loin, fut si fréquenté par les peintres au XIX è siècle, jusqu'à permettre la création, sous l’impulsion de Gauguin et de son ami Emile Bernard, de cette Ecole de Pont-Aven qui révolutionna la peinture avec quelques règles simples : abandonner la copie servile de la réalité ; créer l’œuvre d’après l’émotion suscitée chez l’artiste ; aller à l’essentiel en éliminant détail et superflu ; bannir ombre et perspective ; procéder par aplats de couleurs pures ; chercher une composition géométrique en cloisonnant les divers sujets et objets par un cerne.

Les Porcelets, 1889, Paul Sérusier

Etude pour Le blé noir, 1888, Emile Bernard

Plus de vingt ans avant la venue de Gauguin en 1886, bien des artistes, d’abord Américains, puis Nordiques, furent tentés par « l’exotisme » de ce bourg breton si authentique, sa belle lumière, l’accueil bon enfant des habitants qui louent volontiers une chambre ou les prennent en pension sans demander trop d’argent. Le premier est l’Américain Robert Wylie, bientôt rejoints par des artistes comme Otto Hagborg, Marie Luplau (les femmes sont rares, dans les ateliers parisiens), Gaston Roullet, Van den Anker ou Paul Sérusier. La petite colonie se réunit autour de trois lieux, au manoir de Lézaven, à la pension Gloanec ou à l’hôtel Julia. Les Bretons, amusés, posent volontiers, vendent à bas leurs produits, cidre, galettes, légumes, volailles ou charcuterie.



Les débuts de l’Ecole de Pont-Aven




Gauguin à Pont-Aven


L'ancienne pension Plouanec où habitait Gauguin,
sa chambre correspondait à la lucarne de gauche

Gauguin, quant à lui, a élu domicile à la pension Gloanec (on peut encore voir la fenêtre mansardée de la chambre qu’il y occupa) et bientôt, une petite colonie se réunit autour de lui : Charles Filiger, Charles Laval, Roderic O’Connor auquel Armand Seguin adressera des lettres si émouvantes, Georges Lacombe, le peintre des vagues ou Emile Bernard, devenu l’inséparable de Gauguin qui admire surtout le trait si sûr du graveur. Il ne s’agit pas d’une école de peinture ou d’élèves groupés autour de leur maître, même si la personnalité de Gauguin domine, mais plutôt de confrères devisant librement de leur art et se racontant leurs expériences.



La leçon au Bois d’Amour

Ce bois romantique dominant Pont-Aven, sujet de bien des peintures, est surtout célèbre par la leçon improvisée que Gauguin y donna à Paul Sérusier en septembre 1988.. Plus tard, Paul transmettra la « leçon » qu’il y prit tout en peignant :

Deux têtes bretonnes, 1894, Paul Gauguin

« De quelle couleur voyez-vous ces arbres ?

-        Ils sont jaunes.

-        Eh bien, mettez donc du jaune. Et cette ombre ?

-        Plutôt bleue.

-        Ne craignez pas de la peindre aussi bleue que possible. Et ces feuilles rouges ? Mettez du vermillon. Comment voyez-vous cet arbre ? Il est vert ? Mettez donc du vert, le plus beau vert de votre palette. »

Rentré à Paris, Sérusier raconte cette rencontre à ses amis de l’Académie Julian, Pierre Bonnard, Maurice Denis, Paul Rançon, Edouard Vuillard qui vont appliquer ces idées, à l’origine de la formation du groupe des Nabis (Prophètes en hébreu).



Le départ de Gauguin pour Tahiti et Pont-Aven sans lui

Même si Gauguin fera cinq séjours très productifs à Pont-Aven, il a entre temps découvert les charmes de Tahiti et de ses belles natives. Et il quitte définitivement la France le 5 juillet 1895 pour s’adonner à une nouvelle facette de son œuvre. Huit ans plus tard, il meurt à Hiva Oa, île de l’archipel des Marquises.
La chapelle Lanriot au clair de lune, 1926, Emile Jourdan

La chapelle Lanriot aujourd'hui

Même si le groupe de l’Ecole de Pont-Aven, la féerie du lieu continue d’attirer d’autres artistes, tels l’Anglais Geoffrey Nelson qui réside à l’hôtel de la Poste et se lie d’amitié avec la propriétaire, Julia Correlleau et fonde ce qu’on nommera « la deuxième école de Pont-Aven » avec ses amis Daucho et Asselin. Marcel Grommaire, trop indépendant pour adhérer à une école, s’inspire aussi de pont-Aven. Ses formes simples et géométriques n’auraient sans doute pas déplu à Gauguin. Mais la guerre est là et Pont-Aven s’endort pour un temps…
Christian Heudier, patron du Petit Bouchon,
les potées de la patronne sont inoubliables 

L'ancienne salle à manger de l'Hôtel de la Poste

Le moulin David, 1843, Fernand Daucho

Le seul rescapé des quatorze moulins de jadis


Musée de Pont-Aven, www.muséepontaven.fr

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