MOULINS VILLE D'ART


Le peintre Georges-Antoine Rochegrosse

Redécouvert à Moulins

Autoportrait de jeunesse

L'espiègle

Sarah Bernhardt en Cléopâtre
 

Georges-Antoine Rochegrosse fut célèbre sous le Second Empire, puis classé dans le genre « pompier » et peu à peu oublié. Aujourd’hui, pour la première fois, toute une rétrospective lui est consacrée au musée Anne-de-Beaujeu, à Moulins. Comme on s’en souvient, cette fille de Louis XI avisée et fine politique assura la régence du royaume à la mort de son père. Mariée à Pierre de Beaujeu, duc de Bourbon, elle résida souvent dans la capitale de son duché. Même s’il ne reste aujourd’hui que peu de chose de son ancien palais, il abrite une bonne partie des collections de la ville qui lui rend ainsi hommage. Moulins fut d’ailleurs une ville où le peintre vint souvent, puisqu’il passait ses vacances dans la maison de campagne, toute proche, de son beau-père.

Du 29 juin au 5 janvier 2014, les toiles, certaines immenses, dessins et illustrations de Rochegrosse y sont rassemblées sous le nom des « Fastes de la décadence » car ce beau-fils du poète Théodore de Banville, grand admirateur de la civilisation romaine qu’il connaissait fort bien, s’attacha surtout à peindre, en des compositions en effet fastueuses et sanglantes, la chute de divers empereurs romains. A la fin de sa vie, après la perte de sa femme Marie, réfugié dans leur villa surplombant Alger, profondément attristé par les désastres de la guerre de 14, il peignit des scènes peut-être encore plus sombres et désespérées.
Sa femme Marie et leur caniche dans leur villa d'Alger

Salammbô

Odalisque

Tout en reconnaissant la qualité de ses grandioses compositions, « Salomé devant Antipas », « Les Héros de Marathon », « Ulysse ordonnant la mort d’Astyanax » ou « Vitellius traîné dans les rues de Rome par la populace », avec ce regard halluciné, au centre de la toile, d’un enfant à la fois excité et apeuré par cette scène, ce n’est pas ce que je préfère de l’œuvre de Rochegrosse, découverte lors de cette exposition fort complète. Je préfère ses portraits faisant parfois songer à ceux de Gustave Moreau, lorsqu’il peint Salammbô ou Sarah Bernhardt dans le rôle de Cléopâtre ou ceux, plus intimistes, d’une odalisque, d’un nu, d’une Algérienne. Là, le pinceau de Rochegrosse se fait toute délicatesse et sensualité, jouant avec brio des roses s’enflammant au contact des rouges ou de l’orange très cru. C’est plutôt comme Orientaliste, en peintre connaissant bien son sujet et passant la fin de sa vie dans sa villa de Djenan Meriem, que Rochegrosse m’émeut, par sa vision tendre et réaliste de sa femme Marie et de son caniche ou celle d’une femme toujours sublimée.
 

Dans son atelier

Femme au kimono

Les colombes
 

Musée Anne-de-Beaujeu, place du Colonel Laussedat à Moulins, Tél. 04 70 20 48 47 et www.mab.allier.fr.

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