ALLERGIE
Tintine allergique aux touristes
Sur le site de l’AJT,
l’Association des Journalistes du Tourisme dont elle fait bien sûr partie,
Tintine confie son peu d’accointance avec cette faune, bien sûr responsable
d’une nouvelle façon de voyager qui n’est pas la sienne et cause souvent bien
des dommages.
1. Te sens-tu
plutôt touriste ou voyageur ?
Je déteste le
mot « tourisme » et les « touristes » en général. Même si
je comprends qu’une association que j’aime bien l’ait mis dans son sigle pour
l’amour du jeu de mots – c’est vrai que la définition d’AJT nous va bien !
– je ne me considère en aucune façon comme une journalisme de tourisme, encore
moins comme une journaliste spécialisée, quelle horreur et quelle signification
cela peut-il avoir ? Je suis un reporter si l’on en croit les
« ours » des diverses publications pour lesquelles j’ai travaillé et
même un « grand reporter », titre que d’aucuns trouveront ronflant,
mais qui n’a qu’une signification, que je travaille surtout à l’étranger. Je ne
me sens pas non plus spécialement l’âme voyageuse. Les journalistes sont des
éponges qui absorbent certaines sensations ressenties lors de reportages et
s’efforcent de les restituer le mieux possible et sans inutiles clichés. Par
pitié, évitons des phrases de ce genre : « la sérénité d’une mer
diaphane constellée de milliers de nénuphars ». Où est l’info ?
Est-ce vraiment du travail de pro ? Même pas de poète…
2. Pratiques-tu
plutôt le tourisme urbain, la découverte des grands espaces ou la visite
des sites connus ?
Puisque j’évite
comme la peste la détestable engeance des touristes, je recherche surtout les
grands espaces encore difficiles d’accès, peu envahis, donc à faire encore
découvrir aux lecteurs qui me font l’amitié de me lire. J’y recherche des
personnages hors du commun, des coutumes tendant à disparaître, des cérémonies
extraordinaires. Je pratique donc assez peu le tourisme urbain, du moins dans
les sentiers battus, même si je reviens souvent, par exemple dans la Cité des
Morts de Dehli, lieu réputé à tort dangereux où l’on ne risque donc pas de
croiser le moindre touriste. Quand il s’agit de sites connus, j’y arrive pour
l’ouverture et les visite à contrecourant. Un truc simple qui m’a toujours
réussi. Quand c’est possible, j’y dors sur place, mais de préférence ailleurs
que dans un hôtel.
3. La veille d’un départ, excitée ou angoissée ?
Il me semble
être toujours à la veille d’un départ ou du moins de pages qui se tournent, et
je ne suis donc pas le moins du monde angoissée. Excitée, oui, car je sais que
je vais vivre entre parenthèses, dans une liberté totale, pendant un laps de
temps que je souhaite toujours plus long. Ma difficulté, c’est de rentrer.
4. Un objet que
tu emportes toujours dans tes voyages ?
Un bon guide, l’inévitable carnet de notes le plus résistant possible, deux appareils photos tenant de préférence dans la paume d’une main et mon immuable grande gueule, indispensable quand on est une femme voyageant seule dans des contrées pas toujours très sécures.
5. Dans quel
pays ou quelle ville pourrais-tu revenir indéfiniment ?
Toutes les
contrées d’un accès assez difficile pour décourager… les touristes bien sûr,
régions himalayennes, déserts, jungles. Je ne me lasse pas de mes villages
gypsies d’altitude, au Cachemire par exemple.
6. Quel voyage
ne feras-tu plus jamais ?
Ceux de mes
vingt ans, évidemment, mais c’est amusant de revenir bien plus tard dans un
endroit qu’on a adoré et de noter les différences, pas toujours aussi
désagréables que l’on pourrait le croire.
7. Que rapportes-tu dans tes bagages ?
Comme je voyage
avec des bagages plus que réduits et préfère m’équiper sur place, je rapporte
déjà les vêtements achetés localement, souvent ravissants, surtout lorsqu’ils
proviennent d’un artisanat local. J’ai récemment dû me séparer, la mort dans
l’âme, d’un éléphanteau d’une semaine qui m’avait prise pour sa mère de
substitution et que je voulais adopter. Nos adieux furent déchirants, mais ma
végétation normande n’était pas idéale, m’a-t-on expliqué, pour son régime
alimentaire.
8. Peux-tu
partir sur un coup de tête ?
Je ne pars que
sur des coups de tête et mon emploi du temps restant toujours très souple, j’ai
souvent la surprise de constater que j’ai finalement fait un voyage bien
différent de ce que j’avais initialement prévu. Je prévois donc de moins en
moins.
9. Quel genre
de lecture t’accompagne en voyage ?
Si j’ai pu
dénicher avant mon départ un bon roman restituant l’âme du pays où je compte
aller, je l’emporte, sinon, j’achète sur place. Pour tous les amoureux de
l’Inde, par exemple, je ne saurais trop conseiller le très émouvant « Loin
de Chandigarh », qui n’a rien à voir avec la capitale sikh bien ratée par
Le Corbusier.
10. Quel lieu ou pays rêves-tu de découvrir ?
J’aimerais
assez aller sur la lune, mais attention, pas en groupe !
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