LES LARMES DES DIEUX
Les perles, larmes des dieux
Un Japonais de
Toba, Kokichi Mikimoto, pour soigner son père, consacra sa vie à la culture des
perles, appelées au Japon « larmes des dieux » et réputées pour leurs
vertus médicinales...
Des parents marchands de nouilles
Kokichi Mikimoto naquit le
25 janvier 1858 dans la bourgade de Toba, au sud-est de Kyoto. Son père,
Otokichi, et sa mère, Moto, vivaient modestement des revenus de leur
restaurant. Les petits frères et sœurs naissant avec une ponctualité désolante
– onze garçons et filles – , les nouilles suffisaient à peine à nourrir la
nichée.
Quand il eut vingt ans, Kokichi
obtint la permission d’effectuer un voyage de onze jours à Tokyo. Son père,
vieilli avant l’âge, déclinait doucement et son fils aurait voulu lui faire
absorber, comme le médecin l’avait prescrit, de la poudre de perles broyées, la
région étant renommée pour ses huîtres, mais ils n’étaient pas assez riches
pour acheter la potion à base de perles.
Durant ce voyage, Kokichi
rendit visite à maître Narayoshi Yanagi, spécialiste de la mer et lui exposa son
idée. Puisque les vraies perles restaient trop chères pour sa bourse, pourquoi
ne pas tenter d’en produire artificiellement ? Le professeur reconnut que
l’opération n’était pas impossible, mais nul ne l’avait encore réussie. Il lui
promit sa visite à Toba pour le mois d’août et tint parole.
Les précieux radeaux à huîtres |
Une plongeuse ou ama, à présent, elles ne pêchent que d'autres coquillage |
Culture des embryons d'huîtres en laboratoire |
Premiers essais de production de perles de culture
Le vieux professeur et son
« élève » parcoururent ensemble les rivages de Toba pour trouver un
endroit où la mer était assez chaude, les courants pas trop forts, les
prédateurs rares. Et ce furent les premiers essais. Kokichi et les amas
plongeaient, ramassaient des huîtres et les parquaient sur des claies,
puis Kokichi tentait de les ouvrir sans les tuer et d’introduire un morceau de
coquille entre leurs lèvres. Il revenait trois ans plus tard, examinait ses
huîtres, mais rien ne se produisait. Pourtant, il ne se découragea pas
Son père mourut sans avoir
goûté aux bienfaits de la poudre de perles. Kokichi épousa la jolie Ume qui aida sa
belle-mère au restaurant, tandis que son mari pêchait tout continuant à visiter
ses parcs à huîtres. Et le 11 juillet 1893, après trente ans d’essais
infructueux, il trouva enfin la fabuleuse perle qu’il n’espérait plus, grosse,
bien ronde, d’un orient merveilleux. Contre toute attente, il avait
réussi !
Il fallait persévérer,
intéresser des hommes d’affaires à ses recherches, peaufiner sa technique,
engager d’autres amas.
Installation des huîtres perlières sur des claies |
Récupération des huîtres après trois ans de culture |
Ce qui donne les célèbres perles de Mikemoto, célèbres pour leur incomparable orient |
Une perle sur cent huîtres
Au fil des ans, il avait
appris combien la réussite restait aléatoire. Même en remplaçant le bout de
coquille par un greffon de nacre et en l’introduisant avec une seringue, sur
cent spécimens, un seul livrait la perle du miracle au bout de trois à cinq ans
de soins. Il fallait donc produire plus, beaucoup plus.
Il sut s’entourer des
meilleurs chercheurs, fit cultiver les huîtres en laboratoire avant de les
implanter sur leurs claies. Les cultures prospérant, ses perles furent vendues
dans le monde entier, spécialement à Paris. Kokichi était enfin riche et
célèbre.
Aujourd’hui, en visitant
Toba et la baie d’Ago, on est surpris du nombre de « radeaux » posés
sur l’eau et supportant les claies à huîtres. On les change chaque mois de
place pour que le plancton dont se nourrissent les mollusques se renouvelle,
mais on laisse les huîtres sur leurs claies entre trois et cinq ans suivant
leur taille, avant de les sortir de l’eau et de les ouvrir pour voir ce
qu’elles contiennent.
La principale curiosité de
Toba est l’Île aux Perles, sanctuaire édifié par la société Mikimoto
à la gloire de celui qu’on appelle toujours « le roi des perles » et
qui mourut en 1954, à l’âge de 96 ans. A l’Île aux Perles, est exposée une
collection de bijoux en perles. On peut y assister à la démonstration des amas plongeant en tuniques blanches pour
ramasser les huîtres, comme du temps de Kokichi. Aujourd’hui, il y a encore un
millier d’amas dans la région, mais
elles ramassent concombres de mer ou abalones.
Comment y aller : Par Japon airline, 4, rue
de Ventadour 75001 Paris, Tél. : 01 44 35 55 72 et en consultant le site de
l'Office du Tourisme, même adresse et Tél. : 01 42 96 28 89, www.tourisme-japon.fr.
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