ESCAPADE DE REVE


En ce début d’année bien sombre à Paris après les tueries de Charlie hebdo et du supermarché kasher, nous avons bien besoin d’évasion et de croire un peu au paradis…

 

Bali, le paradis des dieux






Sources d'eau chaude à Air Panas Banjar 





Sérénité du temple bouddhiste d'Air  Panas Banjar

 

Rizières en terrasses et forêts emplies de singes et de fleurs tropicales, plages blanches ou noires baignées d’eaux toujours bleues, coraux propices à la plongée, falaises et vagues pour surfeurs, sanctuaires toujours recueillis en font une destination aux allures de paradis.

 

La seule île hindouiste d’Indonésie

 

Au sud de l'île, falaises d'Ulu Watu
A cinq heures du matin, le soleil se lève brusquement, immense disque rouge semblant posé sur l’eau. Le détroit de Bali s’illumine, tandis que notre ferry fait force de diesel vers le port de Gilimanuk, à l’extrême ouest de l’île, se faufilant entre Java et Bali. Tout l’effarant capharnaüm du pont s’anime soudain. Volailles serrées les unes contre les autres, porcelets clapissant, enfants se frottant les yeux, bébés commençant à pleurer, tout ce petit monde s’éveille. Devant le ferry, une flottille de barques de pêche à balanciers ou bancas, à la proue sculptée en forme de monstre, émerge de l’ombre, caressée d’or. Les filets, un instant suspendus dans les airs, retombent dans les eaux d’un bleu sombre. Nous accostons.


La proverbiale gentillesse balinaise n’est pas une légende. Les quais sont si encombrés que je ne sais où me diriger. Tout le monde s’empresse pour m’aider à porter mon sac, trouver le bus pour Denpasar, la capitale, dégager un siège où m’installer. Ma voisine, coincée entre ses sacs et ballots, le bébé qu’elle a au sein et les deux canards qu’elle transporte, cherche frénétiquement dans son sarong un paquet de biscuits au gingembre qu’elle m’offre. C’est fort, très épicé.

Le voyage jusqu’à Denpasar est décevant. La côte est plate et morne, le spectacle étant plutôt dans le bus. Déjà bondé au départ, on ne croirait jamais qu’il puisse encore contenir de nouveaux arrivants, mais si, le miracle est possible. Les canards, de plus en plus coincés, font entendre leur réprobation.
 
Puja ou cérémonie d'offrandes à Tabanan

Offrande aux chauves-souris du temple de Goa Lawah sur la côte est

Les étranges barques de pêche à balanciers de Lovina Beach

Filets séchant à Lovina Beach, au nord de l'île

Reprendre contact avec la civilisation moderne me semble déroutant. Denpasar est une grande ville moderne, encombrée, bruyante et sans autre charme que la population qui s’y presse, femmes en sarongs multicolores, fleurs dans leur chevelure serrée en chignon bas dans le cou, des bambins couleur de caramel dans les bras, hommes en sarongs ou jeans, tête couverte d’un petit calot de velours. C’est en bemo, cyclopousse motorisé, qu’il faut découvrir la ville, parmi une circulation à faire frémir. Lavander, mon chauffeur, m’a concocté un programme : visite du Bali Museum recelant un échantillon des styles architecturaux de l’île, depuis la case en roseaux jusqu’au temples à pagodes évoquant le mythique mont Méru, le paradis des dieux, immersion au sein de l’animation trépidante du Pasar Badung, le plus grand marché de la capitale, écoute du gazouillis des petits prisonniers du marché aux oiseaux.

Le soir venu, on peut déguster en pleine rue du gado gado, ratatouille de légumes aux cacahuètes dans lequel on jette des morceaux de poulet et de grosses crevettes.

 

Le sud de Bali, paradis des surfeurs

Araignée tissant sa toile à Lovina Beach
Le lendemain, nous nous levons tôt pour pousser jusqu’à Uluwatu, hautes et sauvages falaises plongeant vers des rouleaux de vagues impressionnants sur lesquels dansent les surfeurs. Surplombe l’abîme un sanctuaire composé de trois bâtiments de pierre presque identiques aux toits superposés couverts de chaume et abritant plusieurs statues hindouistes, Brahma le créateur, Vishnou le protecteur et Shiva le destructeur et le dieu de la renaissance.

De retour à Denpasar, je loue une petite jeep pour emprunter l’une des principales routes intérieures de l’île, la coupant en son milieu du sud au nord. Paysages grandioses de rizières à étages sculptant les pentes des montagnes, de volcans aux pentes abruptes culminant à plus de 2000 m, de forêts et de lacs limpides. La nuit tombe tout d’un coup, dès cinq heures, avec un ciel plus bleu que noir. En arrivant dans la bourgade d’altitude de Bedugui, une procession me coupe la route. Les habitants ont revêtu leurs sarongs d’apparat, brodés d’or ou d’argent, femmes et hommes portent sur la tête des offrandes de fleurs ou de fruits pour la puja de la pleine lune ou cérémonie d’offrandes. Des joueurs de gamelans, xylophones reliés les uns aux autres, frappent les instruments de leurs paumes.

 
Joueurs de gamelan lors d'une crémation à Ubud

Plage de sable noir à Lovina Beach

Sable blond ou noir du nord et cyclistes pédalant pour l’éternité

La côte nord, de Lovina Beach à Amed, est une succession de plages au sable en alternance noir ou blanc, de villages de pêcheurs aux cases de bambou moins coquettes que leurs bancas sans cesse repeintes de frais. Les sanctuaires y pullulent. Celui de Banjar, huit kilomètres à l’ouest de Lovina, contient le seul monastère bouddhique de l’île et un vaste bassin sculpté permettant de se baigner dans les eaux chaudes d’une source sacrée. A quelques kilomètres plus à l’est, dans le temple hindouiste de Maduwe Karang, un cycliste juché sur sa machine aux roues faites de fleurs pédale pour l’éternité, figé dans un bas-relief. A Pura Dalem Jagaraja, délire de pierre très kitch, un avion s’abîme dans la mer, non loin d’une voiture datant des années folles.
 
Représentation d'un cycliste au temple de Maduwe Karang

La belle plage d'Amed

Petit v endeur de piments à Gianyar

Temple de Pura Ulun Daru Braban symbolisant
le mont Méru
Même si les touristes affluent dans la bourgade d’Ubud, principale ville du centre sud, vous en savourerez l’étrange charme, fait de paix et d’animation, dans les ruelles bordées d’élégantes cases sur pilotis ou dans les restaurants de canards laqués ! Les paysages de rizières, la forêt tropicale aux singes, les boutiques et le marché regorgeant de beaux objets d’artisanat, tissages, sculptures sur bois, délicieuses peintures naïves d’un Eden oublié en font une escale obligatoire avant de se lancer à l’assaut du mont Batur ou de paresser dans les eaux de son lac.

 

Fiche pratique

Et si vous partiez… à Bali.

Situation

Coincée entre Java et Lombok, dans l’archipel indonésien, Bali, l’une des plus petites des 13 500 îles et îlots composant l’archipel, ne compte que 5 600 km2 pour une population d’un peu plus de 3 millions d’habitants, dont 300 000 à Denpasar, la capitale.

Les crémations :

Elles font partie de la vie de l’île et ne sont pas un événement triste, puisque les Balinais croient en la réincarnation. Les touristes y seront toujours les bienvenus et pourront sans problème prendre des photos. Une attitude correcte est bien sûr recommandée. Il serait pas exemple indécent de monter sur une chaise pour mieux voir, la tête de l’officiant devant toujours dominer les autres. Il faut aussi éviter d’y venir en shorts, ne pas applaudir, ne pas donner d’argent, mais un cadeau pour la famille fera plaisir.

Les temples et puja :  

Des vêtements sont souvent proposés à l’entrées, jupes longues, ceintures et parfois voiles. Il faut bien sûr respecter les croyances des Balinais, éviter d’être bruyants, de rire, de se promener au cours d’une puja, ce qui gênerait le recueillement.

Les danses :

Les plus beaux spectacles ont lieu à Ubud, où de délicieuses petites filles grimées comme des déesses évoluent au son des gamelans. Toutes les danses ont une signification sacrée. Le legong kraton, jadis interprété à la cour des rajas indiens, évoque les adieux d’un prince à son aimée. Le kecak, accompagné d’un chœur de 150 chanteurs, incarne l’armée des singes du Ramayana, tandis que le barong et rangda évoque l’éternel combat du bien et du mal. Le sanghyang, très impressionnant, est une danse de transes destinée à chasser les mauvais esprits.

 
Atelier de tissage à Ubud

Marché aux fleurs d'Ubud


A lire :

 . Sang et volupté à Bali de Vicki Baum, Presses de la Cité. Le roman de la résistance balinaise aux Hollandais établis à Java, très beau. 58 E sur Amazone.

. Le Guide du Routard, Bali-Lombok, Hachette, 14,16 E, très complet et fourmillant bien sûr de bonnes adresses.

 

S’y rendre

Malaysia Airlines propose trois vols par semaine Paris-Denpasar, les mardi, vendredi et dimanche, via Kuala Lumpur. Comptez un peu plus de 12 heures de vol.

Tél. 08 92 35 08 10 (0,15 E/mn). www.malaysiaairlines.com

Singapore Airlines opère un vol quotidien Paris-Denpasar via Singapour. Le temps de vol est identique.

Tél. 08 21 23 03 80 (0,15 E/mn). www.singaporeairlines.com

 

En toute tranquillité

Les chemins du paradis :

Atalante propose un nouveau voyage de quinze jours dont dix jours de trek à travers paysages de rizières et jungle, avec hébergement en hôtels ou losmen plus simples tenus par des familles et permettant de vivre proche de l’habitant, et guide francophone. Les marches de 3 h à 5 h par jour ne comportent pas de difficultés majeures, sauf si l’on veut gravir le mont Batur, tout de même à 1717 m. Les temps forts sont à Ubud les rencontres avec les artisans et créateurs de batik, une crémation où vous serez toujours bien accueilli si vous avez la chance qu’il y en ait une, les ravissantes danses évoquant celles de la cour des rajahs d’autrefois ou les célèbres transes. A Lovina Beach, vous pourrez plonger ou aller à la rencontre des dauphins, visiter les sanctuaires de la côte nord dont les bas-reliefs exhibent de drôles de cyclistes. Au pied du mont Batur, vous vous baignerez dans les eaux limpides de son lac d’altitude.

Tél. 01 55 42 81 00, www.atalante.fr

Escapade Bali/Lombok

Ce circuit individuel de onze jours et huit nuits, établi par Compagnie du Monde, parcourt essentiellement Ubud et le sud de Bali, avec guide francophone et hébergement en hôtels trois étoiles. Il comprend aussi une escapade à partir de Candi Dasa pour l’île de Lombok, dans la mer de Flores, encore sauvage et moins connue que Bali. Tél. 01 53 63 33 42. www.compagniedumonde.fr

Carte d’identité

Se renseigner

. Ambassade et consulat d’Indonésie :

47, rue Cortambert, 75016 Paris. Tél. 01 45 03 07 60.


. Internet : www.routard.com/forum, une adresse sympa pour connaître les coups de cœur et les bons plans d’autres voyageurs et leur faire part de vos impressions à votre retour.

Formalités : passeport valide encore six mois à compter de la date de retour. Pour un séjour n’excédant pas un mois, le visa se prend à l’arrivée. Taxes de sortie.

 

Sur place

. Langue : l’anglais est assez répandu, ainsi que parfois le hollandais, souvenir de l’occupation dans une grande part de l’archipel, le français peu.

. Monnaie : la roupie indonésienne ou rupiah. Attention aux billets usagés, tout le monde vous les refusera.

. Décalage horaire : 6 heures en plus l’été, 7 h l’hiver.

. Santé : aucun vaccin n’est exigé, mais mettre à jour vos vaccinations contre typhoïde, hépatite A et B, et tétanos-polio-diphtérie est une bonne précaution. En cas de sérieux problèmes, mieux vaut consulter à Singapour.

. Electricité : 110 V et de plus en plus de 220 V, prises électriques à deux trous.

. Climat : tropical, avec une saison sèche de mai à novembre-décembre, une saison pluvieuse de janvier à avril.

. Se déplacer : Bemo en ville, bus locaux aux horaires approximatifs ou bus de compagnies privées, plus chers mais plus fiables.

 

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