ESCAPADE DE REVE
En ce début d’année bien sombre à Paris après les
tueries de Charlie hebdo et du supermarché kasher, nous avons bien besoin d’évasion
et de croire un peu au paradis…
Bali, le paradis des dieux
Rizières
en terrasses et forêts emplies de singes et de fleurs tropicales, plages
blanches ou noires baignées d’eaux toujours bleues, coraux propices à la
plongée, falaises et vagues pour surfeurs, sanctuaires toujours recueillis en
font une destination aux allures de paradis.
La seule île hindouiste d’Indonésie
Au sud de l'île, falaises d'Ulu Watu |
La
proverbiale gentillesse balinaise n’est pas une légende. Les quais sont si
encombrés que je ne sais où me diriger. Tout le monde s’empresse pour m’aider à
porter mon sac, trouver le bus pour Denpasar, la capitale, dégager un siège où
m’installer. Ma voisine, coincée entre ses sacs et ballots, le bébé qu’elle a
au sein et les deux canards qu’elle transporte, cherche frénétiquement dans son
sarong un paquet de biscuits au gingembre qu’elle m’offre. C’est fort, très
épicé.
Le
voyage jusqu’à Denpasar est décevant. La côte est plate et morne, le spectacle étant
plutôt dans le bus. Déjà bondé au départ, on ne croirait jamais qu’il puisse
encore contenir de nouveaux arrivants, mais si, le miracle est possible. Les
canards, de plus en plus coincés, font entendre leur réprobation.
Puja ou cérémonie d'offrandes à Tabanan |
Offrande aux chauves-souris du temple de Goa Lawah sur la côte est |
Les étranges barques de pêche à balanciers de Lovina Beach |
Filets séchant à Lovina Beach, au nord de l'île |
Reprendre
contact avec la civilisation moderne me semble déroutant. Denpasar est une
grande ville moderne, encombrée, bruyante et sans autre charme que la
population qui s’y presse, femmes en sarongs multicolores, fleurs dans leur
chevelure serrée en chignon bas dans le cou, des bambins couleur de caramel
dans les bras, hommes en sarongs ou jeans, tête couverte d’un petit calot de
velours. C’est en bemo, cyclopousse
motorisé, qu’il faut découvrir la ville, parmi une circulation à faire frémir. Lavander,
mon chauffeur, m’a concocté un programme : visite du Bali Museum recelant un
échantillon des styles architecturaux de l’île, depuis la case en roseaux
jusqu’au temples à pagodes évoquant le mythique mont Méru, le paradis des
dieux, immersion au sein de l’animation trépidante du Pasar Badung, le plus
grand marché de la capitale, écoute du gazouillis des petits prisonniers du
marché aux oiseaux.
Le
soir venu, on peut déguster en pleine rue du gado gado, ratatouille de légumes aux cacahuètes dans lequel on jette
des morceaux de poulet et de grosses crevettes.
Le sud de Bali, paradis des surfeurs
Araignée tissant sa toile à Lovina Beach |
De
retour à Denpasar, je loue une petite jeep pour emprunter l’une des principales
routes intérieures de l’île, la coupant en son milieu du sud au nord. Paysages
grandioses de rizières à étages sculptant les pentes des montagnes, de volcans
aux pentes abruptes culminant à plus de 2000 m , de forêts et de lacs limpides. La nuit
tombe tout d’un coup, dès cinq heures, avec un ciel plus bleu que noir. En
arrivant dans la bourgade d’altitude de Bedugui, une procession me coupe la route. Les habitants
ont revêtu leurs sarongs d’apparat, brodés d’or ou d’argent, femmes et hommes
portent sur la tête des offrandes de fleurs ou de fruits pour la puja de la pleine lune ou cérémonie
d’offrandes. Des joueurs de gamelans, xylophones reliés les uns aux autres, frappent
les instruments de leurs paumes.
Plage de sable noir à Lovina Beach |
Sable blond ou noir du nord et cyclistes
pédalant pour l’éternité
La
côte nord, de Lovina Beach à Amed, est une succession de plages au sable en
alternance noir ou blanc, de villages de pêcheurs aux cases de bambou moins
coquettes que leurs bancas sans cesse
repeintes de frais. Les sanctuaires y pullulent. Celui de Banjar, huit
kilomètres à l’ouest de Lovina, contient le seul monastère bouddhique de l’île
et un vaste bassin sculpté permettant de se baigner dans les eaux chaudes d’une
source sacrée. A quelques kilomètres plus à l’est, dans le temple hindouiste de
Maduwe Karang, un cycliste juché sur sa machine aux roues faites de fleurs pédale
pour l’éternité, figé dans un bas-relief. A Pura Dalem Jagaraja, délire de
pierre très kitch, un avion s’abîme dans la mer, non loin d’une voiture datant des
années folles.
Représentation d'un cycliste au temple de Maduwe Karang |
La belle plage d'Amed |
Petit v endeur de piments à Gianyar |
Temple de Pura Ulun Daru Braban symbolisant le mont Méru |
Fiche pratique
Et
si vous partiez… à Bali.
Situation
Coincée
entre Java et Lombok, dans l’archipel indonésien, Bali, l’une des plus petites
des 13 500 îles et îlots composant l’archipel, ne compte que 5 600
km2 pour une population d’un peu plus de 3 millions d’habitants, dont
300 000 à Denpasar, la capitale.
Les crémations :
Elles
font partie de la vie de l’île et ne sont pas un événement triste, puisque les
Balinais croient en la
réincarnation. Les touristes y seront toujours les bienvenus
et pourront sans problème prendre des photos. Une attitude correcte est bien
sûr recommandée. Il serait pas exemple indécent de monter sur une chaise pour
mieux voir, la tête de l’officiant devant toujours dominer les autres. Il faut
aussi éviter d’y venir en shorts, ne pas applaudir, ne pas donner d’argent,
mais un cadeau pour la famille fera plaisir.
Les temples et puja :
Des
vêtements sont souvent proposés à l’entrées, jupes longues, ceintures et
parfois voiles. Il faut bien sûr respecter les croyances des Balinais, éviter
d’être bruyants, de rire, de se promener au cours d’une puja, ce qui gênerait le recueillement.
Les danses :
Les
plus beaux spectacles ont lieu à
Ubud, où de délicieuses petites filles grimées comme des déesses évoluent au
son des gamelans. Toutes les danses ont une signification sacrée. Le legong kraton, jadis interprété à la
cour des rajas indiens, évoque les adieux d’un prince à son aimée. Le kecak, accompagné d’un chœur de 150
chanteurs, incarne l’armée des singes du Ramayana, tandis que le barong et rangda évoque l’éternel combat du bien et du mal. Le sanghyang, très impressionnant, est une
danse de transes destinée à chasser les mauvais esprits.
A lire :
.
Sang et volupté à Bali de Vicki Baum,
Presses de la Cité. Le
roman de la résistance balinaise aux Hollandais établis à Java, très beau. 58 E
sur Amazone.
. Le Guide du Routard, Bali-Lombok,
Hachette, 14,16 E, très complet et fourmillant bien sûr de bonnes adresses.
S’y rendre
Malaysia Airlines propose trois vols par semaine Paris-Denpasar, les
mardi, vendredi et dimanche, via Kuala Lumpur. Comptez un peu plus de 12 heures
de vol.
Tél.
08 92 35 08 10 (0,15 E/mn). www.malaysiaairlines.com
Singapore Airlines opère un vol quotidien Paris-Denpasar via Singapour.
Le temps de vol est identique.
Tél.
08 21 23 03 80 (0,15 E/mn). www.singaporeairlines.com
En toute tranquillité
Les chemins du paradis :
Atalante propose un nouveau voyage de quinze
jours dont dix jours de trek à travers paysages de rizières et jungle, avec
hébergement en hôtels ou losmen plus
simples tenus par des familles et permettant de vivre proche de l’habitant, et
guide francophone. Les marches de 3 h à 5 h par jour ne comportent pas de
difficultés majeures, sauf si l’on veut gravir le mont Batur, tout de même à 1717 m . Les temps forts sont
à Ubud les rencontres avec les artisans et créateurs de batik, une crémation où
vous serez toujours bien accueilli si vous avez la chance qu’il y en ait une,
les ravissantes danses évoquant celles de la cour des rajahs d’autrefois ou les
célèbres transes. A Lovina Beach, vous pourrez plonger ou aller à la rencontre
des dauphins, visiter les sanctuaires de la côte nord dont les bas-reliefs
exhibent de drôles de cyclistes. Au pied du mont Batur, vous vous baignerez
dans les eaux limpides de son lac d’altitude.
Tél.
01 55 42 81 00, www.atalante.fr
Escapade Bali/Lombok
Ce
circuit individuel de onze jours et huit nuits, établi par Compagnie du Monde,
parcourt essentiellement Ubud et le sud de Bali, avec guide francophone et
hébergement en hôtels trois étoiles. Il comprend aussi une escapade à partir de
Candi Dasa pour l’île de Lombok, dans la mer de Flores, encore sauvage et moins
connue que Bali. Tél. 01 53 63 33 42. www.compagniedumonde.fr
Carte d’identité
Se renseigner
. Ambassade et consulat
d’Indonésie :
47,
rue Cortambert, 75016 Paris. Tél. 01 45 03 07 60.
. Internet : www.routard.com/forum,
une adresse sympa pour connaître les coups de cœur et les bons plans d’autres
voyageurs et leur faire part de vos impressions à votre retour.
Formalités : passeport valide encore six mois à compter de la date
de retour. Pour un séjour n’excédant pas un mois, le visa se prend à l’arrivée.
Taxes de sortie.
Sur place
. Langue : l’anglais est assez répandu, ainsi que parfois
le hollandais, souvenir de l’occupation dans une grande part de l’archipel, le
français peu.
. Monnaie : la roupie indonésienne ou rupiah. Attention aux billets usagés, tout le monde vous les
refusera.
. Décalage horaire : 6 heures en plus l’été, 7 h l’hiver.
. Santé : aucun vaccin n’est exigé, mais mettre à jour
vos vaccinations contre typhoïde, hépatite A et B, et tétanos-polio-diphtérie
est une bonne précaution. En cas de sérieux problèmes, mieux vaut consulter à
Singapour.
. Electricité : 110 V et de plus en plus de 220 V, prises électriques
à deux trous.
. Climat : tropical, avec une saison sèche de mai à
novembre-décembre, une saison pluvieuse de janvier à avril.
. Se déplacer : Bemo en ville, bus locaux aux horaires approximatifs ou
bus de compagnies privées, plus chers mais plus fiables.
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