ANNIVERSAIRE
Mon père aurait cent ans...
Michel et Dentifrice à Saint Pierre
Bon anniversaire,
Minouche, en ce prochain 12 février. Eh oui, vous auriez cent ans...
Cela vous fait sourire, n'est-ce pas ? Que reconnaîtriez-vous,
en ce Paris d'aujourd'hui, toujours la ville lumière le long des
berges de son fleuve sur lequel se reflètent ses plus beaux
monuments, plus sale, plus bruyante et plus polluée hélas ailleurs,
mais on rit et on chante toujours à Montmartre où nous avons passé
ensemble tant de soirées. Qu'auriez-vous aimé, en ce XXI ème
siècle que vous n'avez pas connu ? Sa soif de voyages et de
découvertes scientifiques, certainement, son nouveau pape, si humain
et si humble. Vous auriez bien sûr fustigé ces attentats aussi
stupides que monstrueux de Daesh, vous auriez peut-être déploré
une inculture galopante mais seriez toujours aussi fasciné par la
jeunesse, celle d'aujourd'hui comme celle d'hier. Vous qui étiez si
peu manuel auriez certainement peiné parmi les innombrables
logiciels se proposant à présent de simplifier le travail de tout
homme d'écriture – je crois encore vous entendre marteler avec
votre habituelle énergie les touches de votre vieille Remington.
Peut-être auriez-vous enfin réussi quelques photos, au lieu
d'immortaliser immanquablement vos chaussures ? Dans notre petit
vallon de Saint Pierre, rien n'a vraiment changé. Ma mère vit
toujours dans notre vieille orangerie que vous l'aviez laissée
arranger à son goût, sacrifiant du même coup le pauvre château
troubadour qu'elle n'aimait pas. Vos anciens compagnons d'études sur
les bancs usées de notre école communale sont bien sûr morts
aussi, ainsi que les animaux tant aimés, Dentifrice, le poney
shetland, Nectar, le splendide berger des Pyrénées et votre fière
Mine Noire. Savez-vous que vous seriez arrière grand-père de deux
mignonnes petites-filles et d'un petit-fils ? Vos deux fils sont
peintres, vos deux filles écrivent et mon fils Aymeric, qui est
médecin, restaure à grands frais l'ancien pressoir de la propriété.
Moi, je vous imagine si bien dans votre bureau auréolé de livres et
donnant sur la terrasse, penché sur votre ordinateur, en train de
vous dépatouillez le mieux possible des embûches de Google,
Facebook ou Wikipédia pour mener à bien vos recherches et garder le
contact avec écrivains, chercheurs ou journalistes, préparant un
nouveau roman, une autre conférence, un pamphlet ou écoutant, sur
Youtube cette fois, cette Chanson de Solveig que vous aimiez tant ou
une harmonie un peu divine de votre cher Mozart. Peut-être
auriez-vous enfin cesser de terroriser toutes les poules de Normandie
en fonçant au volant de vos petits bolides sur nos routes sinueuses
en dérapages plus ou moins contrôlés ? Mais je gage que vous
aimeriez toujours autant vous précipiter à Pont-Audemer ou à
Deauville pour voir chaque nouveau film et que vous priseriez
toujours autant nos plats normands parfumés à la crème fraîche,
vous qui étiez si gourmand de tout, et d'abord de la vie. Champagne
pour vos cent ans, Minouche !
Quelle belle idée de célébrer ses 100 ans... et comme je le retrouve, avec mes souvenirs... Minouche c'est ainsi que nous appelons maman, 97 ans bientôt. Une belle génération qui a grandi dans ce que nous aimons tant d'avant, a connu les guerres et est bluffée par les techniques de communication qui ont tout envahi.
RépondreSupprimerJ'aimerais l'entendre dire encore : "et moi je suis content".. Même si il aurait dû mal à se dépatouiller ! Champagne !!