POUR CELLE QUI VIENDRA
Sa vie durant, mon père n’a cessé d’adresser des poèmes
d’amour à ma mère. Voici quelques lignes retrouvées…
Pour celle qui viendra
Tu
es l’amour. Tu es la musique, et le rêve de mes rêves. Tu es le cri que je
lance pour défier les matins et pour supplier les soirs. Tout cela, toi à qui
je dédie les mots d’or et de damas, de neige, de soleil dont je compose, pour
Toi, de petites chambres précieuses et de grands horizons. Et je t’ai dit à
quelle tension était venue l’âme de ton ami, de ton amant – une âme qui s’est
faite ascétique et mendiante – une âme de bure.
Mais
je ne puis tout te dire. Et je te parle comme malgré moi. Car entre nous se
dresse la pudeur de l’homme. Je te parle, et me voilà presque timide. Je
connais cependant les nuits sans joie, les matins vides où je sens le
douloureux désir, cette prière du corps.
C’est
vers toi telle que je t’avais dans mes bras que vont ma rage et ma douceur. Je
n’oserais jamais dire à quels baisers je songe, de quels noms je t’appelle dans
ma colère d’amour ! Il m’arrive d’embrasser l’une après l’autre toutes les
fleurs de ton corps. Et quelles caresses ne t’ai-je pas données dans le lent
voyage de mes mains ?
Ne
me laisse pas seul.
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