Istanbul,
la ville au deux mille mosquées
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La cour de la Mosquée Bleue |
Hésitant encore entre l’Europe et
l’Asie, à la fois moderne et fière de ses racines, Istanbul a tout le charme
des villes lacustres. Baignée par la mer de Marmara et le Bosphore, traversée
par la flèche liquide de la Corne d’Or, cette antique cité au passé tourmenté
semble puiser sa force dans toute cette eau.
Du haut du Marmara
Hotel, on voit se déployer la ville magique
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Panorama depuis l'hôtel Marmara |
Dès l’arrivée
à Istanbul par la compagnie low cost de Pegasus Airlines, le flambant aéroport
international de Sabiha Gokcen annonce par son moutonnement de coupoles de
verre et de béton rappelant celles des
mosquées un futurisme largement inspiré du passé. C’est peut-être du restaurant
panoramique du Marmara Hotel, sur la place de Taksim, le nouveau quartier
branché, que l’on a la plus belle vue sur cette cité tentaculaire se déployant
vers les quatre coins cardinaux. La ville s’insinue entre ses innombrables
chemins d’eau délimitant vieux et nouveaux quartiers : la Vieille Ville au
sud-ouest, qui a peu à peu débordé ses rives en essaimant ses monuments le long
de la Corne d’Or et du Bosphore ou vers les rives d’Üsküdar, à l’est. Les
quartiers modernes et plus populaires se concentrent à Beyoglu, au nord, tandis
que les palais à la richesse un rien ostentatoire des derniers sultans,
Dolmabahçe ou Ciragan, s’alignent sur la
rive gauche du Bosphore. Restauré à grands frais, ce dernier fait à présent
partie du Kempinski Hotel où la nuit dans les anciens appartements impériaux ne
coûte pas moins de 30 000 euros… On peut y dîner d’un somptueux buffet de
fruits de mer face aux eaux dorées du Bosphore. De l’autre côté se mirent avec
des grâces désuètes les Yalis – les délicieuses maisons de bois –, demeures des
plus riches marchands ou banquiers d’Istanbul.
Un peu d’histoire
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chantier du port de Théodose à Venikapi |
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Le 37 è bateau |
Ici,
l’Histoire se lit à ciel ouvert. L’ancienne Byzantion du XII è siècle av JC, devenue
Byzance et la capitale des puissants « basileus » d’abord alliés puis
rivaux de Rome, prit le nom de Constantinople quand l’empereur Constantin en
fit sa capitale en 233 ap. JC. Lorsque déferlèrent les hordes turques venues
d’Asie Centrale, la ville tomba entre leurs mains et devint à partir de 1453,
sous le nom de Stanboul, le centre du puissant empire ottoman.
Entre 1923 et
1938, le plus populaire général du dernier sultan ottoman, plus tard connu sous
le nom d’Atatürk, le Père des Turcs, bouleversa le système et fonda la Turquie
moderne en déposant le sultan et en abolissant le califat. Il fit de cet empire
religieux une république laïque quoique en large majorité musulmane, il accorda
bien avant la France le droit de vote aux femmes et se tourna vers l’Occident,
sans toutefois renier ses origines. De même que les remparts byzantins s’étaient
appuyés aux murailles romaines et que les églises orthodoxes, dont la fastueuse
Sainte-Sophie, avaient été flanquées de minarets, la ville nouvelle commença à
planter ses tours sans rien détruire. Les vestiges d’un passé prestigieux continuent
de bien cohabiter sans briser le charme magique d’Istanbul, tandis qu’à Taksim
éclosent bars et boutiques branchées.
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Fresque de Saint-Sauveur in Chora montrant une scène du recensement avec Joseph et ses quatre fils |
Taksim, le quartier branché
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Marchand de glaces à Taksim |
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Les romantiques passages voûtés de Taksim |
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Scène de rue à Taksim |
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Pub irlandais à Taksim |
Au pied du
Marmara Hotel à l’opulence toute orientale, on suit le tramway filant par la
rue Istikhal. Par cette large artère piétonnière surencombrée, on se faufile
dans ce quartier de Taksim où les ados en jeans et mini jupes consomment de la
marque : Top Ship, Lush, Mango, Adidas… Partout s’ouvrent de ravissants
passages Art Déco regorgeant de bars, restaurants, galeries de peinture
contemporaine ou de photos. Dans l’immeuble Art Déco dit « la maison
égyptienne » s’abritent galeries contemporaines et restaurant tendance tel
le 360, d’où la vue est également superbe. Dans les nouveaux quartiers poussent
comme des champignons des outlet centers,
comme cet Olivium éclos dans la périphérie de Zeytinburnu.
Le nouveau
métro, qui ne cesse d’ailleurs de s’agrandir, permet de circuler facilement
dans ce grouillement de vie. C’est d’ailleurs en travaillant à l’extension de
ce métro vers l’ouest des rives de la mer de Marmara que les ouvriers
découvrirent, il y a seize ans, les vestiges, à Yenikapi, de l’ancien port de
Théodose. Sans arrêter les travaux en cours, une équipe de 21 archéologues et
205 ouvriers continue aujourd’hui à fouiller une aire de
58 000 m2 livrant
peu à peu ses secrets. On y a découvert un 37 ème bateau. Amphores, jarres,
monnaies, ossements s’entassent dans des containers dûment numérotés, tandis
que sous une vaste tente, les archéologues reconstituent morceau par morceau la
quille de cette embarcation de 16m de long.
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Escalier de secours à Taksim |
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Restaurant dans une galerie de Taksim |
Dans la Vieille Ville,
les vestiges de trois empires
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Sainte-Sophie, la cathédrale byzantine reconvertie en mosquée |
La Vieille
Ville, presqu’île fermée au sud et à l’est par la mer de Marmara, bordée au
nord par le Bosphore et à l’ouest par la Corne d’Or, a pu, à cause du vaste
espace existant au nord comme à l’ouest et à l’est, garder intacts les vestiges
de trois empires : romain, byzantin, puis ottoman. Il faut errer à pied
par les petites ruelles de la colline de Sultan Ahmet regorgeant de mosquées,
marchés et belles fontaines, jardins plantés de cyprès et de roses. La visite
commence en général place de l’Hippodrome, là où les Romains organisaient leurs
courses de chars, pour se continuer par cette merveille de grâce et de
légèreté, la Mosquée Bleue aux 22 000 carreaux de faïences azurées. En face
s’élève Sainte-Sophie, audacieuse basilique byzantine à la large coupole
édifiée en cinq ans, à partir de l’an 532, par l’empereur Justinien Ier. L’Unesco
finance la restauration toujours en cours de ses mosaïques qui retrouvent peu à
peu leurs ors. C’est des galeries du premier étage que l’on voit le mieux
l’orgueilleux étalement de Sainte-Sophie et les détails des mosaïques formant
les hiératiques visages des saints byzantins. Dans toute la ville, il n’y a que
l’église de Saint-Sauveur in Chora pour rivaliser avec les siennes.
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Le palais de Ciragan reflété dans les eaux de la piscine |
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Le salon victorien de sa suite impériale |
L’est de la
Vieille Ville est occupé par le vaste palais de Topkapi, à la fois résidence
des sultans ottomans à partir de Soliman le Magnifique, siège de l’appareil
étatique, demeure des sultanes, des quelques trois cents femmes du harem impérial
et des eunuques qui les servaient. Il était gardé par les Janissaires,
redoutables guerriers formant une caste à part. On ne trouve aucun bâtiment
pompeux dans les jardins et les différentes cours de Topkapi, mais une
succession de kiosques richement ouvragés, à la délicatesse digne d’un conte des
Mille et Une Nuits. Là aussi oeuvrent les ouvriers restaurant les imposantes
cuisines et le musée, mais les travaux n’empêchent pas de se perdre dans les
dédales du harem ou d’admirer les fabuleux diamants et émeraudes du Trésor.
Les folies du Grand Bazar
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Dans la cour de l'Hippodrome, troisjeunes filles de styles bien différents |
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La majesté épanouie de Sainte-sophie |
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Sainte-Sophie, plus tard flanquée de minarets |
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De magnifiques fresques enfin restaurées, ici la Vierge à l'enfant |
A l’ouest
abondent encore les chantiers : restauration du Darüssifa accolé au
complexe de la mosquée de Süleymaniye, œuvre de l’architecte de génie Sinan
commandée par la sultane Roxelane, unique épouse de Soliman. Restaurations
encore tout autour de l’aqueduc romain de Valens… Vers le sud de la Vieille
Ville, de nombreux restaurants insinués entre les remparts byzantins également
restaurés à grands frais accueillent les cars de touristes, mais il est plus
amusant d’entrer au hasard dans l’un des innombrables vieux bistrots du bas de
la colline. Là, les croulantes maisons de bois ont aussi été restaurées pour
ressembler à des « mews » aux couleurs acidulées de bonbons anglais.
Elles servent d’hôtels de charme ou proposent des chambres d’hôtes.
En Chypre du Nord, un Etat de non droit recelant des
merveilles
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A Nicosie, au-delà de la ligne verte, la Chypre du Nord |
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Cathédrale Sainte-Sophie à Nicosie |
Encore peu
connue du grand public, la Chypre du Nord s’ouvre aux touristes français grâce
à un vol de Pégasus Airlines au départ de Paris, après un bref arrêt à
Istanbul. Arrivée à Nicosie, la capitale de l’île coupée en deux par la trop
fameuse « ligne verte ». S’il n’y a plus de conflit armé entre le
nord de l’île, occupé par les Turcs, et le sud grec comprenant les deux tiers
de Chypre, on ne parvient toujours pas à une réunification pacifique. On ne
franchit la ligne verte qu’à pied, en montrant son passeport, sous l’œil
débonnaire de policiers turcs battant le carton à la terrasse d’un bistro, le
vrai problème restant la redistribution des terres aux anciens propriétaires,
d’un côté comme de l’autre. Et l’on est arrivé à cette kafkaïenne situation
politique d’une Chypre du Nord non reconnue par la communauté internationale,
proche bien sûr de la Turquie, faisant partie de l’Europe comme le reste de
l’île, alors que sa grande soeur n’y est toujours pas entrée… Privilège
jalousement conservé par la Chypre du Nord, les casinos des grands hôtels
faisant tourner toute la nuit la bille de leurs roulettes et la tête des
innombrables joueurs venus d’Israël, Syrie, Jordanie ou Grèce…
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Les lignes épurées du monastère de Bellapais |
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Le cloître du monastère |
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Scène de rue à Bellapais |
Même traversés
par la « ligne verte », les
5 km de murailles ottomanes de la vieille ville
de Nicosie forment toujours un cercle parfait. Ainsi qu’à Istanbul, les
musulmans n’ont pas détruit les églises chrétiennes, se contentant de les
transformer en mosquées, comme l’étonnante cathédrale Sainte-Sophie aux massifs
piliers blancs, édifiée en 1209 par les Lusignan, souverains de l’île. Non loin
de là, l’élégant Caravansérail ottoman à la cour et aux arcades bien restaurées
sert en plein air tout un assortiment de brochettes et salades.
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La jolie plage de Bellapais |
Partout sur la
côte pullulent les vestiges romains, telles les ruines de Salamis, et
médiévaux, œuvres de ces Lusignan qui devinrent rois de l’île à partir de 1196,
jusqu’à l’arrivée des Vénitiens en 1489 puis des Ottomans en 1571. Ces rois de
Chypre laissèrent une œuvre gothique grandiose : cathédrale de Nicosie,
mais aussi monastère de Bellapaïs, forteresse de Kyrenai, cathédrale de
Famagouste et tour Othello qui inspira Shakespeare, châteaux de Kolossi et
Lacarna… Toute la pointe est de l’île est par bonheur protégée et forme une
réserve naturelle à laquelle les promoteurs n’auront pas accès, mais ils
semblent déjà d’une redoutable activité le long de la côte nord. Ils
construisent sans beaucoup d’ordre au bord d’une mer d’un bleu turquoise et de
kilomètres de sable blond où viennent en été pondre les tortues marines.
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Le port de Kelleria et les remparts de sa forteresse |
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Port et mosquée à Kelleria |
Carnet pratique :
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Ce voyage a été organisé par Pegasus Airlines,
www.flypgs.com/fr/ et Odéon Tours, 9 bis Bd Hippolyte Pinaud, 95880
Enghien-les-Bains, Tél. : 01 39 89 00 71, site Internet :
www.odeon-tours.com. Escale obligatoire
à Istanbul puis vol jusqu’à Nicosie.
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Juste sous la Mosquée Bleue, le long du Bosphore, un
hôtel de charme pourvu d’une bonne table : www.armadahotel.com.tr.
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Pour y dîner comme un sultan : Ciragan Caddesi N°
32, Tél. 90 212 326 46 46.
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Où loger en Chypre du Nord : Merit Lefkosa Hotel
et Casino à Nicosie, Tél. : 90 392 228 45 70,
www.merithotels.com.
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