PLUS JAMAIS
Saint Pierre sous les jonquilles |
En guise d’adieu
Je n’irai plus jamais par l’allée monastique
Qu’aimait tant ma grand-mère avec ses troncs mystiques
Je n’irai plus jamais dans la chambre aux chimères
Hantée par ses dragons, par ses monstres éphémères
Je n’irai plus jamais dans cette étrange tour
Là où le maître-autel s’était changé en four
Avec tous ses vitraux et son orange aux murs
Avec son bénitier et son réchaud peu sûr
Ne verrai plus jamais les flèches des toitures
Toutes coiffées d’ardoises à la couleur de mûres
Je ne verrai jamais les grotesques gargouilles
Répondre aux grimaces des bavardes grenouilles
Je n’irai plus jamais par mon sentier ombreux
Pour admirer l’estuaire et son ciel si brumeux
Je n’irai plus jamais m’asseoir à ce bureau
Où écrivait mon père sur sa feuille à carreaux
Je n’irai plus jamais voir s’enivrer les braises
Près de cette bergère où mère avait ses aises
Je n’irai plus jamais toucher ses porcelaines
Ouvrir ce petit coffre où se trouvaient ses laines
Je n’irai plus jamais sur ce bout de donjon
Recouvert par le lierre et les rhododendrons
Je n’irai plus jamais sous les tilleuls moussus
M’allonger sur ce banc déjà bien vermoulu
Je n’irai plus jamais dans l’orangerie morte
Retrouver mes amours ou frapper à la porte
Je ne reconnais plus mon antique Saint Pierre
Le domaine est vendu, tout s’en va pierre à pierre.
Saint Pierre, décembre 2020
Avec mon père Ma mère à Vieux-Port
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