SUMATRA
Le pays Minangkabau, la plus importante société matriarcale du monde
Au marché de Parlangan Un mariage à Kubuker Ambi Détail du palais royal de Puncak
Sur la côte ouest de Sumatra, les Minangkabaus forment une société matriarcale fondée sur l'Adat, tradition donnant la suprématie aux femmes, ce qui surprend chez un peuple musulman…
Seule la femme est propriétaire
La femme est propriétaire des terres et de la maison, héritière des biens maternels. L'homme, même marié, n'est qu'un invité. Sa seule charge est le bétail qu’il va vendre aux marchés de Batusankor ou de Parlangan. Les frères de l’épouse, les mamaks, ont l'autorité parentale sur les enfants, leurs études et leur mariage.
A Bukittingi, la capitale, on circule en bemo, minibus contenant un nombre ahurissant de passagers. Le Palais Royal, détruit par un incendie en 1820, a été reconstruit à l'identique et forme un ensemble de maisons en bois à deux étages, aux toits effilés couverts de tuiles de bambou.
Au marché du jeudi de Parlangan, à trente kilomètres, a lieu la vente aux enchères du bétail. Des centaines de buffles et taureaux sont rassemblés dans une prairie. Les hommes passent d'un animal à l'autre, leur ouvrant la bouche, palpant ventre et pattes, cornes et mufles. Des officiels, châle plié sur l'épaule gauche, prennent place sur une estrade et les enchères commencent. Des cris fusent de toute part, le marteau du commissaire priseur s'abaisse et l'animal est adjugé.
Des mariés exposés comme dans une châsse
A l'entrée du village de Kubu Kerambil, à dix kilomètres de Bukittingi, se dresse une tente richement colorée. C’est le deuxième jour d'un mariage qui durera une semaine. Le premier jour, l'iman reçoit à la mosquée le consentement des époux. Le second, les habitants viennent féliciter les mariés et leur offrir un présent. Ces mariés portent des vêtements occidentaux, longue robe blanche pour elle, costume et coiffe noire pour lui. Devant eux est étalée la nappe sur laquelle sont disposés les mets offerts aux convives. Les mariés resteront toute la journée sous leur dais chatoyant, sans bouger, sans sourire, sans manger… Leur noce sera consommée le soir du septième jour.
A Pandai Sikat, plus au sud, des femmes tissent la soie brochée d’or et d’argent, progressant de sept centimètres par jour... Dans la campagne voisine, si les maisons s’agrandissent, elles sont aussi plus pauvres qu’en ville. La vaste case familiale, juchée sur pilotis pour se protéger des serpents, peut abriter quatre générations. Des roues en bois actionnées par l'eau d'un ruisseau broient les grains de café. C'est le moulin collectif du village. Sur les rives du lac Pandaiskat se pressent les cases des villages lacustres de Kamong et Guguk.
Le paisible lac de Pandaisikat Pauvreté des cases minangkabau
A Guguk, le chef du village est une femme de 68 ans, Geni, droite et vaillante. Sa maison ne contient que des matelas roulés contre les murs, un coin pour la cuisine et les repas. C’est Geni qui préside le conseil du village se tenant une fois par mois chez elle. N’y siègent que des femmes. Tout se décide et s’arbitre à ce conseil.
Les régimes passent sur le Pays Minang...
L'ancienne résidence royale de Puncak Lawang, en bois richement travaillé, incrusté d'os et d'ivoire, aux toits incurvés, partiellement détruite et restaurée, exprime le raffinement de cette civilisation.
Si la côte est de Sumatra fut investie au début du XIX è siècle par les Javanais, l'ouest demeura longtemps sauvage, avant d’être colonisé par les Hollandais. En janvier 1942, les différentes îles composant l'archipel indonésien s'unirent pour se libérer du joug japonais. L'avènement de Sukarno en 1958 consolida cette union. Depuis septembre 2004 et pour cinq ans, un président démocrate a été élu au suffrage universel.
Le moulin à torrifier le café de Kamang Funérailles rituelles à Guguk
Dans l’ancien palais royal, des musiciens se juchent sur une estrade et accordent leurs gongs, flûtes et tam-tams. Des danseurs se déhanchent, mimant frayeur, amour et volupté. Des lampions s'allument, la nuit tombe sur le Pays Minangkabau, où règnent toujours les femmes…
Ce voyage a été organisé par Voyageurs du Monde, 55, rue Sainte-Anne, 75002 Paris, Tél. : 08 92 23 56 56.
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