A Cuzco, le Monasterio,
Un hôtel dans un couvent du
XVIème siècle
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Vue du célèbre Machu Pichu |
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En arrivant à Cuzco |
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Petit marché à Cuzco |
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Bébé parmi les châles |
Dans la vieille capitale inca de Cuzco (le «nombril
du monde » en langue quechua), au Pérou, un hôtel de grand luxe s’est
aménagé en 1995 dans un ancien monastère datant de 1592.
Ce qui fait tout le charme du Monasterio, c’est que
l’on a, en le rénovant, respecté l’architecture d’origine, conservé cloîtres,
chapelle baroque, salles voûtées, peintures, sculptures et mobilier ancien tout
en le dotant du confort le plus moderne.
En arrivant avec ses lieutenants à Cuzco en novembre
1533, Pizarro ne rencontra aucune résistance, car il venait de décimer l’armée
inca avec sa terrible victoire sur Atahualpa à Cajamarca. Les Espagnols avaient
donc le champ libre pour piller et violer tout à leur aise. Il faut dire que la
vision du Temple du Soleil aux murs couverts de plaques d’or et d’argent avait
de quoi griser les plus sages... Peu à peu, on tenta d’anéantir tous les
vestiges incas, même s’il en demeure aujourd’hui par chance bien des traces.
Les Espagnols ne pouvant venir à bout de ces massifs blocs de Cyclope
constituant les murs des temples ou palais incas, ils s’en servirent pour les
fondations de leurs églises ou de leurs palais coloniaux.
Un couvent espagnol inspiré par l’art indien
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Vieille dans le bazar de Cuzco |
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Marché de Cuzco |
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Dans les rues de Cuzco |
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Le somptueux grand cloître du Monasterio |
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Le petit cloître |
Ce fut ainsi que fleurit au XVIème siècle une
délicieuse ville coloniale rutilante d’or et d’argent. Le Monasterio n’échappe
pas à la règle. La salle de conférences par exemple, aménagée dans l’ancienne
chapelle, a su conserver tous ses trésors baroques : magnifique retable de
Saint Antoine tout en bois sculpté recouvert de feuilles d’or, orné à profusion
de balustres, niches, pilastres et merveilleuses statues alliant l’art espagnol
à la naïveté des sculpteurs indiens : les personnages de l’Evangile sont
représentés avec de hautes pommettes très colorées dues à l’altitude car Cuzco
est tout de même à 3400m, un teint plus sombre que la normale, une exubérante
prodigalité des fleurs et des fruits des Andes. On a même préservé la chaire
torturée par les ciseaux des sculpteurs et les autels latéraux, également
ruisselant d’or. Les peintures sont bien évidemment d’inspiration religieuse.
D’ailleurs, ces singulières effigies de saints représentés dans les costumes
espagnols d’alors et surtout le foisonnement des anges - les fameux anges de
l’école de Cuzco - ont à juste titre rendu cette école de peinture célèbre.
Maintenant encore, des artistes qui n’ont rien de copistes car ils font oeuvre
de création et d’imagination continuent de peindre comme à l’ancienne anges et
saints de Cuzco...
Le cloître, coeur du Monasterio
Intacte car merveilleusement restauré, le grand cloître du
Monasterio offre sur les quatre côtés ses doubles arches et ses chapiteaux
harmonieusement disposés sur deux étages. Les toits couverts de petites tuiles
rondes, le clocher à l’espagnol de la chapelle, l’agréable bassin circulaire
évoquent plus un couvent d’Andalousie que le Pérou, mais la végétation est plus
foisonnante là qu’en Espagne, les roses et les hibiscus plus éclatants.
D’autres petits cloîtres, aux murs souvent peints de teintes vives, jaune et
bleu, servent de puits de fraîcheur et de clarté sur lesquels donnent les
chambres. Le hall d’entrée aux murs peints d’un bleu dur, ainsi que les salons
et les salles à manger courent tout autour de ces espaces de paix et de
verdure. La gageure de la décoration des salons notamment est d’avoir gardé les
magnifiques proportions d’antan, les cheminées
à la fois massives et délicates, les voûtes dans certaines salles,
l’opulence des immenses miroirs baroques et des cadres. Des fauteuils et
canapés modernes ne déparent pas les étonnantes pièces de mobilier haute-époque
ou d’autres datant parfois du XVIIème et XVIIIème siècles. Tous ces styles se
marient à merveille, égayés par des flambeaux de bronze et des coffrets de bois
peint. Un fauteuil du XVIIème siècle en bois doré sculpté orne le coin
réception, des fauteuils modernes et confortables rappellent tout de même, avec
leurs hauts dossiers droits, la rigidité espagnole. Une console en bois sculpté
très travaillé, d’insolites commodes galbées, en bois précieux incrusté de
cuivre doré, allient style ibérique et colonial. Même dans la salle à manger
aux austères voûtes de pierre nue soulignées par des éclairages indirects, les
chaises ont gardé des lignes épurées, un peu sévères, convenant à la solennité
des lieux.
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Le salon et sa succession de belles voûtes |
Des chambres comme des salons
Cent neuf chambres dont douze suites junior et six autres
suites plus luxueuses, toutes décorées de façon différente, continuent d’allier
avec minutie art colonial et modernité. Les plus récentes sont même équipées
d’un diffuseur d’oxygène – pour les personnes pouvant souffrir de l’altitude,
respirer de l’oxygène atténue maux de tête et vertiges. Boire du mate de coca,
une infusion de feuille de coca, est d’ailleurs également recommandé et proposé
gracieusement dans les différents salons. Des peintures murales décorant murs
ou entourages de miroirs, l’utilisation massive du bois pour la moindre pièce
du mobilier, chevets des lits et armoires de style hispanique, tables et
sièges, les tapis de laine tissés par les Indiens, les somptueuses peintures
religieuses parfont l’impression que l’on éprouve de se trouver dans un
chaleureux palais – on est loin du dépouillement monacal qui n’est d’ailleurs
guère présent à Cuzco ! Par contraste, le plafond souvent laissé à l’état
brut, simples poutres chaulées de blanc, éclaircit les bois sombres. On n’est
pas loin de l’Amazonie, le poumon vert de notre planète, et de ses incroyables
richesses en essences végétales. Dans cette forêt primaire luxuriante et
souvent très dense, tout pousse en effet et l’on y trouve à peu près tous les
bois permettant aux ébénistes de belles compositions colorées, amarante ou
palissandre violacés, amourette d’un rouge sombre, andiroba ou kouali plus clairs,
merveilleux bois de rose jaune veiné de rose, pins de Paranà crème rosé...
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Détail d'une chambre |
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Tons de bois et de sienne, ambiance chaleureuse pour cette chambre |
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Riches sculptures pour le lit et la fenêtre servant de banc de repos |
Quant aux salles de bain, tapissées de marbre clair,
elles sont souvent traitées en alcôves, la baignoire se blottissant derrière de
vrais rideaux !
Merveilleusement restauré depuis qu’il est devenu un
hôtel en 1995, le Monasterio a su conserver son atmosphère religieuse, cloîtres
servant de jardins intérieurs, rutilante chapelle étincelant de tous ses ors,
faisant à présent office de salle de conférence, multiples peintures
religieuses très ornementées.
Pour en savoir plus :
Hôtel Monasterio, 136, Calle Palacio, Plazoleta
Nazarenas, Cuzco, Pérou, Tél. : 242 3427, Fax : 242 3365, site
Internet WWW.monasterio.orient-express.com.
Compter à partir de 200 dollars la chambre simple de cet hôtel faisant partie
de la chaîne Orient Express.
Pour ceux qui ne peuvent y demeurer, cela vaut le
coup d’aller y déguster un pisco sour au bar, ce délicieux alcool de
raisin servi avec sucre, citron vert, cannelle et blanc d’oeuf battu.
C’est aussi de Cuzco que l’on peut le plus
facilement organiser un départ en train ou car et train vers Aguas Calientes et
le Machu Picchu (la « montagne vieille » en langue quechua). Cette
citadelle inca oubliée nichée dans un cadre grandiose de montagnes vertes fut
découverte en 1911 par l’archéologue américain Bingham. La chaîne Orient
Express est aussi propriétaire du petit train à présent modernisé où l’on
assiste même à des présentations de mode menant presque jusqu’aux ruines. Pour
tout renseignement, consulter www.peru.org.pe
ou s’adresser par mail à postmaster@promperu.gob.pe.
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