DECOUVERTE DU SRI LANKA
Sri Lanka, la terre des dieux
Sri Lanka, « l’île
sacrée », est le nouveau nom de Ceylan depuis 1972, remplaçant celui
d’ « île des lions ». Grande comme l’Irlande, Sri Lanka est un
vrai patchwork de culture. On y parle le cinghalais, le tamoul et l’anglais et
cette république socialiste démocratique à la grosse majorité bouddhiste (69%
de la population) compte aussi musulmans, hindouistes et chrétiens.
Située à seulement 31 km de la côte est
indienne, cette île de moins de vingt millions d’habitants, à la jungle presque
intacte, laissant place surtout dans le sud à des rizières étagées ou aux
plantations bien alignées de théiers toujours verts, enthousiasma les Anglais
qui la considéraient comme un paradis. Ses lagunes du nord, ses kilomètres de
plages blondes bordées de cocotiers, ses nombreux parcs nationaux protégeant
une végétation sauvage encore superbe en font un lieu de villégiature
incomparable. On croit en général que sa capitale est Colombo, le principal
port de l’île, situé sur la côte ouest, mais Colombo n’est en fait que la
capitale économique. La vraie capitale est Kotte, à 15 km au sud-est de Colombo,
là où siège le gouvernement. Le président en est Mahinda Rajapakse, ancien
Premier ministre, qui attaque cette année son deuxième mandat présidentiel.
Le pays est parfaitement sûr
depuis les accords de paix passés avec les Tigres tamouls en 2001. Ce mouvement
extrémiste, responsable trois ans plus tôt d’un sanglant attentat dans le
temple de la Dent, principal sanctuaire bouddhiste de Kandy, n’a pas touché,
comme on le pense parfois, l’ensemble de la population tamoule venue autrefois
d’Inde. On peut donc aller à présent partout.
Bazar de Colombo |
Festival hindouiste à Colombo |
Alanguie au bord d’une mer
toujours bleue, Colombo, l’ancienne capitale coloniale de l’île, ne cesse de
s’étendre, repoussant sans cesse plus loin ses quinze quartiers. Hôtels bien
modernes s’élevant en bordure de mer, maisons coloniales, merveilleux temples,
vieux marchés, beaux jardins ornés de pièces d’eau et avenues plus trépidantes,
c’est tout cela, Colombo. Un mélange plutôt harmonieux formant une ville
propre, qui s’ouvre au XXI è siècle et semble parfois à des années lumières du
reste de l’île. Il est très facile de s’y balader à pied, en taxi et surtout en
tuck-tuck, ces petits véhicules à trois roues que l’on voit dans tout le
sud-est asiatique, à condition de marchander le prix à l’avance, comme
partout !
S’il n’y a plus rien à voir dans
l’ancien Fort de Colombo dont le périmètre est devenu un quartier d’affaires,
c’est juste à l’extérieur, dans le quartier de Petah, que l’on commence à
goûter la vraie ambiance de la ville. C’est le souk, le bazar fait d’un lacis
de ruelles encombrées où il ne faut surtout pas tenter de s’aventurer en taxi.
Bijoutiers, marchands de tissus ou d’aromates, de fruits et de légumes se
disputent le chaland à grands cris. C’est une enclave tamoule semée de temples
hindouistes et de mosquées où il fait bon se perdre et flâner. Il est rare de
ne pas tomber sur une de ces processions hindouistes qui sillonnent la ville
avec éléphants sacrés, tambourins, cymbales et danseurs mimant les combats de
jadis, quand les vieux royaumes repoussaient, déjà, les envahisseurs tamouls.
Prodigieux spectacles auxquels se mêle la population.
Deux des plus beaux temples de
Colombo se trouvent également dans cette zone. L’un, minuscule enclave sacrée
bâtie sur pilotis sur le lac Beira où canotent les amoureux a pris son nom au
lac et est un délicieux lieu de prières bouddhistes. L’autre, situé à une
cinquantaine de mètres de là, sur Sri Jinarathna Road, le Gangaramaya Temple,
se visite surtout pour ses vastes salles encombrées d’un amoncellement
d’offrandes les plus diverses,
nombreuses défenses, sculptures, peintures…
Même si Lovinia Beach, à Colombo,
est propre et attire les promeneurs, les égouts se déversent dans la mer et
mieux vaut ne pas s’y baigner, mais on trouve de ravissantes plages au sud de
la ville, vers Dehiwala et Moratuwa.
Le triangle culturel
Bouddha couché de Anuradhapura |
Annuradhupura les réservoirs |
Sculpteur près de Polonnaruwa |
Cinnaman Gardens |
Pour les amoureux des vieilles
pierres, Sri Lanka est un véritable rêve permettant d’alterner visites des
anciennes capitales avec celles de parcs nationaux et de charmants villages
encore épargnés par le tourisme de masse.
Six heures d’une route plutôt
cahotante, traversant une alternance de forêts tropicales peuplées de singes,
de rizières étagées et de plantations de bananiers mènent à Anuradpura, non
loin du parc national de Wilpattu, au nord de Colombo. Cette ville sainte
bouddhiste fondée au V è siècle av.J.-C., demeura capitale de l’île durant
quatorze siècles, dominée par trois grands monastères bouddhistes. Il en reste
aujourd’hui les immenses reliquaires édifiés en briques, nommés stupas ou
chortens au Tibet ou au Népal, dagobas ici. Thuparama est le plus ancien de
l’île, Ruvanveliseya, à la blancheur irréelle, est toujours vénéré aujourd’hui,
mais les plus grands sont Jetavanarama et Abbhayagiriya. Cette véritable
« ville sainte » est inscrite depuis 1982 au Patrimoine mondial de
l’Unesco, ce qui explique sans doute le bon état du site et son extrême propreté,
en pleine jungle.
Pollannaruwa, la seconde capitale
A partir du X è siècle, la
capitale se transporta à Polannaruwa, plus au sud-est, avec la dynastie des
rois Cholas, venus du sud de l’Inde, qui en furent chassés un siècle plus tard
par un roi originaire de l’île, Parakrama Bahu, qui en fit une éclatante cité
bouddhiste. Ce roi visionnaire fit construire un immense réservoir de 2400 ha , pour irriguer les
rizières de son royaume en lui apportant une prospérité jamais vue auparavant.
Ce véritable lac existe toujours et se nomme Parakrama Samudra, la mer de
Parakrama. Puis ce fut le déclin au XIII è siècle. La jungle envahit la vieille
cité oubliée et redécouverte au XIXè siècle par les Anglais, pas encore
terminée de fouiller. L’ensemble est déjà prodigieux : temple circulaire
du Poth Gul Vihara et sa statue du roi bâtisseur, pavillon circulaire aussi du
Vatadage flanqué de quatre bouddhas faisant face aux quatre points cardinaux,
avec une magnifique pierre de lune représentant les signes du zodiaque, le
Hatadage ou temple de la Dent datant du XII è siècle, le gigantesque Livre de
pierre relatant les exploits guerriers du roi Nissanka Malla face aux
envahisseurs indiens, la salle du chapitre, massif ensemble de sept étages, le
temple un peu plus tardif du Shiva Devale puis, plus au sud, l’ancienne
forteresse de Bahu I er. On eput encore voir l’immense dagoba de 55 m de haut de Rankot Vihara
et, véritable trésor exposé à ciel ouvert, le Gal Vihara, un ensemble de quatre
bouddhas datant du XII è siècle reflétant une sérénité inhumaine. Grandiose…
Ruines du palais royal de Dalada Maluwa |
Indicible sérénité de ce Bouddha couché de Gal Vihura |
Singes à Gal Vihura |
Pêcheurs à Gal Vihura |
La forteresse de Sigiriya et ses sensuelles Demoiselles
Fermant le triangle, à 90 km au nord de Kandy,
Sigiriya, ancienne forteresse bâtie sur un piton rocheux émergeant de la plaine
à 370 m
de haut, signifie « le rocher du lion ». Un immense lion sculpté dans
la pierre, dont il ne reste aujourd’hui que les pattes, en gardait en effet
l’entrée. Au V è siècle, le roi Dhatusena qui régnait à Anuradhyapura, eut deux
fils, Kasyapa, l’aîné, dont la mère n’était pas de sang royal, et Mogallana, le
cadet. Craignant de ne voir la couronne lui échapper, Kasyapa fit emprisonner
puis tuer son père, tandis que Mogallana s’enfuyait en Inde. Le roi parricide
édifia alors cette formidable forteresse de Sigiriya, pour s’y retrancher en
cas de nécessité, tandis que son Palais d’Eté orné de merveilleux Jardins d’Eau
dont on devine toujours les emplacements, s’élevait au pied du rocher. Il resta dix ans à Sigiriya, le temps pour
son frère de réunir une armée et de revenir l’assiéger. A bout de vivres, le roi félon préféra alors
se suicider en se jetant du haut de son roc inexpugnable.
L'impressionnant rocher de Sigiriya |
Fresque des célèbres Demoiselle |
Les restes de la forteresse de Sigirya |
Les pieds du lion gardien aujourd'hui détruit |
1200 marches mènent à la première
plate-forme, où l’on peut encore voir la piscine du roi servant aussi de
réserve d’eau et la place de son trône. Puis on monte encore par des
passerelles métalliques remplaçant les anciennes marches creusées dans la
pierre.
Un abri sous roche protège la
merveille de Sigiriya : des peintures rupestres dont une partie se trouve
aujourd’hui au musée de Colombo. Elles représentaient à l’origine 500
Demoiselles, des courtisanes d’une beauté sensuelle, à la taille flexible, aux
seins épanouis. Aujourd’hui, elles ne sont plus qu’une vingtaine, mais quelle
beauté !
Tout en haut de la forteresse, la
vue porte à 380 ° sur la jungle environnante et, plus près, les féeriques
Jardins d’Eau.
Le Temple d’or de Dambulla
Dambulla l'entrée des grottes |
Rangée de statues des Sages |
Produits de jardin d'épices |
Egalement classé au patrimoine de
l’Unesco depuis 1991, ce Temple d’Or est un lieu de pèlerinage depuis
vingt-deux siècles, avant même l’apparition du bouddhisme. Ce fut là que se
réfugia en 103 av. J.-C. le roi Valagamba, chassé de son royaume par les
Tamouls, encore eux ! C’est un ensemble de grottes troglodytes, naturelles
ou non, dont cinq principales furent
aménagées en sanctuaires bouddhistes entre le XII è et le XVIII è siècles. Des
peintures murales religieuses couvrent une superficie de plus de 6000 m2 et les grottes
principales renferment 157 statues de rois ou de bouddhas, dont certaines en or
et en argent.
Après avoir gravi 180 mètres à flanc de
roche, on débouche sur une vaste esplanade arrangée en sanctuaire, où s’ouvrent
les cinq grottes que l’on peut visiter. Toute la vie de Siddharta, le futur Bouddha
historique, est retracée là, dans les entrailles de la terre. Cette visite,
jamais oppressante, se charge au contraire de plus de mystère et de sacré au
fur et à mesure de la découverte des grottes…
Partout dans la région de ce
district de Matale sont cultivés les fameux Spice Gardens de Sri Lanka, les
Jardins d’Epices. Une visite n’est pas inintéressante, mais attention aux prix
proposés pour le moindre produit ! Quant aux massages prétendument
ayurvédiques, mieux vaut les choisir à Kandy, en comparant les prix.
Kandy, Temple de la Dent, jardin botanique et bain des éléphants
Kandy, le temple de la Dent, reconstruit après un terrible massacre |
Offrande de lotus au temple de la Dent |
Représentation théâtrale à Kandy |
Fabrique de batik à Kandy |
Seconde ville de l’île avec ses
100 000 habitants après Colombo, Kandy a pourtant su garder son charme
colonial. Située dans les collines, à 500 mètres d’altitude,
elle jouit d’un climat sain, rarement étouffant. C’est là que vit la population
la plus «aristocratique » de Sri Lanka, les habitants des Hautes Terres
appartenant à la plus haute caste, par opposition à ceux de la région de
Colombo appartenant aux Basses Terres…
Aujourd’hui, l’attentat de 1998
au célèbre Temple de la Dent n’est heureusement plus qu’un souvenir, mais c’est
toujours là, au bord d’un paisible lac, que se concentre la vie religieuse de
la cité. Ce monastère, célèbre parce qu’il conserverait une dent de l’Eveillé
(encore une…), fut achevé en 1782 et est surtout remarquable par l’atmosphère
de dévotion qui y règne de nouveau, à présent que le site a été réparé. Le
temple lui-même est flanqué d’innombrables bâtiments, le Mangui Maduwa, salle
d’audience autant politique que religieuse, puis un ensemble de plus petits
temples, les Devala, dont le Natha Devale mi-bouddhiste mi-hindouiste, comprenant
aussi les anciennes écuries royales, et le Vishnu Devale datant aussi du XVIII
è siècle. Ne pas manquer de faire un petit tour à l’Elephant Museum, consacré à
Rama, l’éléphant mort à 84 ans qui portait la dent sacrée lors des processions
et qui eut droit à des funérailles nationales, ni la collection de costumes et
vaisselle du National Museum installé dans l’ancien palais de la reine !
Si les boutiques de pierres
précieuses sont nombreuses à la sortie de la ville, évitez celles qui ne
portent pas le label d’Etat. Une promenade au jardin botanique de Peradeniya,
sur la route de Colombo permet de déambuler parmi 60 ha plantés d’arbres
tropicaux dont les fameux palmiers royaux et un figuier Javan couvrant de ses
branches 1600 m2 .
La maison des orchidées n’est pas mal non plus, mais ses fleurs ne valent pas celles cultivées en
plein air de Singapour.
Le bain quotidien des éléphants sous la surveillance d'un gardien |
Avec mes petits copains |
Fabrique artisanale de beau papier grâce aux fibres végétales récupérées dans les excréments des éléphants ! |
Toujours sur la même route, à 38 km de Kandy, l’orphelinat
d’éléphants de Pinnawala contient en ce moment une bonne centaine d’animaux
dont certains infirmes ou orphelins. Le spectacle clef est le moment de leur
bain dans un vaste étang naturel. L’un d’eux, à la jambe coupée, propulse, en
un effort pénible à voir, toute sa masse vers l’eau qu’ils aiment tant. Un
tout-petit, à peine âgé d’une semaine, est soigneusement encadré par sa mère et
ses deux tantes pour éviter qu’un mâle maladroit n’aille le piétiner. Il se
fait rabrouer d’un bon coup de pied s’il se trompe de mamelle, ce qui ne
l’empêche de se livrer à toutes les facéties possibles : disparition soudaine
sous l’eau, bain de poussière sur le rivage.
Comme il ne faut rien gâcher de
ces mastodontes qui se nourrissent principalement de végétaux, une fabrique de
beau papier offre ses réalisations obtenues à partir… des larges bouses des
pachydermes. Elles sont bien sûr nettoyées, désinfectées mais si riches en
fibres qu’elles donnent un beau papier soyeux.
Puis il faut revoir, bien sûr, la
blondeur des plages et, non loin de l’aéroport, cette charmante station
balnéaire de Negombo où les pêcheurs hissent le matin de bonne heure leurs
voiles triangulaires ressemblant à celles des felouques égyptiennes.
Carnet d’adresses :
A Colombo
. Charme d’un hôtel colonial, Flower Drum
Hotel, 26, Thurstan Road ,
Tél. : 2574216.
. National
Museum of Colombo , nmdep@slt.Ik
Dans le triangle
culturel
. Hôtel Randiya, ourhome@slnet.Ik, 394
Muditha Mawatha, à Anuradhapura.
. Ramboda Falls Hotel, 76 Nuwara Eliya Road à Ramboda,
rambodafall@gmail.com
. Ranwali Spice Gardeen à Matale,
ranspicem@sltin.Ik, achetez la célèbre
crème d’aloevera et demandez des conseils de soins à Selva.
A Kandy
. Un élégant et savoureux
restaurant, le Bakery, 21, Dalada Veediya, non loin du marché, foodlandswhitehouse@gmail.com
. Un salon de massages sérieux,
Ayurveda Spa, 51 Srimath Kudarathwaththa Mw, roshan@kandyayurvedaspa.com
. Le Jardin Botanique,
royalbotanicgardens@yahoo.com
. La fabrique de papier de Pinnawala,
pinnawalaelephantdungpaper@yahoo.com
. Boutique de batik à Pinnawala, sasanka.gunarathne@gmail.com
A Negombo
. Délicieux restaurant de fruits
de mer sur la plage, Fisk &Lobster, Ethukala, Negombo.
. Confortable hôtel tranquille, Windmill Beach
Hotel, N°70 Etthukala, priyan2@sltnet.Ik
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