Le Mékong au
fil de l’eau
Dixième fleuve du monde avec près de 5000 km de longueur, le
Mékong prend sa source sur les hauteurs de l’Himalaya avant d’irriguer la
province chinoise du Yunnan, de longer Laos, Birmanie et Thaïlande puis de
couler au Laos, de traverser le Cambodge où il forme les premiers bras de son
delta, puis le sud Vietnam où il prend le poétique nom de « fleuve aux
neuf dragons ». On estime que 70 millions de personnes profitent de ses
eaux, de ses poissons et de son électricité. Il est également connu pour abriter
bien des houseboats et de pittoresque marchés flottants. Le Comité du Mékong
auquel ont adhéré Thaïlande, Laos, Cambodge et Vietnam gère l’ensemble du
fleuve dans une perspective de développement durable.
Une croisière à
bord du Mékong Prestige
|
Un bateau confortable pour seulement 64 passagers |
D’octobre à avril, Rivages du monde vous propose une
croisière de treize jours et douze nuits, dont deux nuits à terre, à bord de
son Mékong Prestige, élégant bateau de 32 cabines prévues pour 64 passagers.
Vous naviguerez confortablement au rythme paisible de ce fleuve majestueux qui
a abandonné ses allures fougueuses après avoir creusé de profondes gorges au
Yunnan.
|
La piscine très kitch du Sokha Hotel Resort à Siem Reap |
Le périple commence à Siem Reap, la ville moderne située
près de la prestigieuse capitale khmère d’Angkor. Nous sommes hébergés au
confortable Sokha Angkor Resort, bâti autour d’un luxuriant jardin et de son
immense piscine aux cascades très kitches. Partout dans la ville moderne se
dressent d’hallucinants décors de Noël, assez incongrus sous ces tropiques et
en cette région bouddhiste : pères Noël et leurs rennes, sapins tout
rutilants de boules et de lumières, crèches en tous genres. L’après-midi et le
jour suivant seront consacrés à la visite de sites majeurs d’Angkor.
Immersion à Angkor
L’empire khmer
|
Porte sud d'Angkor |
Cet empire, bien plus vaste que l’actuel Cambodge, fut
fondé au début du IX è siècle par le roi Jayavarman II et s’étendit
progressivement à toute la péninsule du sud-est asiatique, sa prospérité étant
due à de remarquables travaux hydrauliques irriguant toute la région :
retenues d’eau et innombrables canaux. Chaque roi avait à cœur d’édifier ses
propres temples, d’où cet incroyables foisonnement d’édifices, tout d’abord
construits en briques, puis en diverses sortes de pierres, grès, latérite ou
schiste. Les premiers temples ou temples-montagnes reproduisaient le mythique
mont Méru, le paradis de la religion hindouiste. Le meilleur exemple en est
sans doute le Bakong aux cinq niveaux symboliques hérissés de plus de cent
tours. Troubles avec les peuples voisins, Thaïs ou Chams, guerres de succession
incitèrent les rois khmers à transférer provisoirement leur capitale à Koh Ker,
à cent kilomètres au nord-est d’Angkor. La paix rétablie, le grand roi
Suryavaman II édifia le plus vaste temple d’Angkor, Angkor Vat, vers 1130.
Cinquante ans plus tard, le bouddhisme mahayana ou Grand Véhicule devint la
religion officielle du peuple khmer, s’illustrant par ces tours aux quatre
visages immenses du Bouddha souriant – un sourire extatique qui est resté
l’emblème du peuple cambodgien. A cette époque, Angkor s’étendait sur deux
cents kilomètres carrés et comptait une bonne centaine de temples. A l’occasion
du retour à l’hindouisme prôné par le roi Jayavaman VIII au XIII è siècle, de
nombreuses statues du Bouddha furent par malheur détruites avant que le
bouddhisme ne reprit le dessus au XIV è siècle, cette fois sous la forme
theravada ou Petit Véhicule, une approche plus simple et moins mystique du
bouddhisme. Occupée et pillée par les Thaïs du royaume d’Ayutthaya en 1431,
Angkor fut définitivement abandonnée par ses habitants et la jungle recouvrit
vite ses merveilles. Angkor sombra dans l’oubli. La période tragique du règne
des Khmers Rouges qui, de 1975 à 1979, sous la direction de Pol Pot, firent en
quatre ans quatre millions de morts et semèrent les ruines de bombes rendit
longtemps le site inaccessible aux archéologues.
|
Gamins lavant leur filet devant la Porte Sud |
|
Le Bayon et ses énigmatiques tours à visages |
|
Apsara ou danseuses célestes |
En 1993, alors que l’horreur de la guerre civile
s’estompait, l’UNESCO lança un vaste programme de préservation du site sans
parvenir à lutter contre le développement anarchique des divers projets
touristiques et la rivalité entre les pays désireux de s’attribuer la
rénovation d’un temple, jusqu’à la mise en place en 2001 d’une étude
archéologique à grande échelle régulant les divers travaux de restauration et
préservant le site. On sait maintenant qu’à son apogée, Angkor s’étendait sur
3000 km2 et comptait une population de 700 000 habitants, une trop grande
déforestation contribuant aussi à sa chute…
Porte sud et
Bayon
|
Bayon, frise de la guerre contre les Chams |
|
Les énigmatiques visages en extase du Bayon |
|
Le roi lépreux sur la Terrasse des Eléphants |
Notre visite commence par la Porte Sud, l’une des quatre
portes à visages donnant accès à la cité royale d’Angkor Thom édifiée par le
roi Jayavavarman VII au XII è siècle. Cette cité forme un carré parfait
d’environ trois kilomètres de côté, ceint d’un rempart et bordé de douves. Ces
visages représentent les quatre grands rois du panthéon hindouiste. Ces portes
sont reliées entre elles par deux voies perpendiculaires se joignant au centre
de l’enceinte. Là se dresse le Bayon. Une cinquième porte, située au nord de
celle de l’est, permet d’accéder à la Terrasse des Eléphants et au Palais Royal
dont il ne reste que les murs de soubassement.
On accède à cette Porte du Sud par une chaussée
franchissant les douves et bordée de chaque côté par 54 géants retenant le naga, le serpent mythique montant la
garde devant les quatre grands rois. Ces géants représentent d’un côté des
génies bienfaisants, les deva, et de
l’autre des démons ou asura.
Au centre exact de l’ancienne cité d’Angkor Thom se
dresse donc mon temple préféré, celui qui m’a toujours le plus émue, chaque
fois que je reviens à Angkor : le Bayon. 54 tours, toujours ce nombre
sacré chez les Khmers, offrent plus de 200 fois aux regards le visage extatique
de son bâtisseur, le roi Jayavarman VII. Extase mystique de ce roi adorateur de
Bouddha, même si son successeur consacra ensuite le Bayon à l’hindouisme. D’exquis
bas-reliefs à l’extrême précision montrent la vie quotidienne à Angkor au XIII
è siècle, des scènes de guerre ou les corps graciles et voluptueux des Apsara, les danseuses célestes ou
peut-être aussi les concubines du roi. Hanches évasées, petits seins ronds haut
plantés…
|
Le Ta Prohm et l'étreinte mortelle des racines géantes de fromager |
|
Le même sourire que celui des vieux dieux... |
|
Le très vaste Bassin du Roi |
Le même grand roi bâtisseur a fait réaménager cet espace
pour intégrer dans sa nouvelle cité un palais royal digne de lui. Il n’en reste
aujourd’hui que la célèbre Terrasse des Eléphants qui présente sur 300 m de long des cortège d’imposants
pachydermes de 2,50m de haut, sculptés en bas-reliefs. Deux terrasses bordent à
l’est le Palais Royal. La plus célèbre, celle dite du Roi Lépreux, porte une
statue datant du XV è siècle représentant sans doute, non pas un roi, mais
Yama, le dieu hindouiste de la Mort. On pense que cette terrasse servait de
lieu de crémation aux souverains d’Angkor. Des travaux menés par l’UNESCO ont
mis à jour en 1992 un mur très ornementé, situé deux mètres derrière le
premier, et un sinueux corridor permettant d’en admirer les diverses sculptures
représentant le panthéon hindouiste. Toujours cet intime mélange des deux
religions, hindouisme et bouddhisme.
Ta Prohm
enserré par les racines de fromager et Bassin Royal
Situé à un kilomètre à l’est d’Angkor Thom et toujours
édifié par le même roi bâtisseur, Ta Prohm a longtemps été volontairement
laissé dans son état naturel, enserré d’une mortelle étreintes par les racines
géantes des fromagers qui, à la longue, ont achevé de déstabiliser les pierres
ouvragées. L’étreinte s’est intensifiée, les racines ne cessant de croître
comme autant de tentacules géantes, si bien qu’aujourd’hui on a dû se résoudre
à les sacrifier pour le rénover. C’était au XII è siècle un important monastère
bouddhiste et une université. Une inscription nous révèle qu’à l’époque, 12640
personnes servaient dans ce sanctuaire, nourris par 66 000 fermiers
produisant plus de 2500 tonnes de riz par jour. Au Ta Prohm, le visage
extatique représenté n’est plus celui du roi, mais de sa mère.
L’immense Srah Srang ou Bassin Royal ne mesure pas moins
de 700m de long sur 350m de large et est alimenté par les eaux de la rivière
Siem Reap, celle qui donna son nom à la ville moderne jouxtant Angkor. Il est
surmonté d’une élégante terrasse de grès ornée de lions gardiens. Il fut
réaménagé au XII è siècle par le même Javavarman VII qui lui donna son aspect
actuel.
Le temple
d’Etat d’Angkor Vat et la Citadelle des Femmes
|
Repos d'un conducteur de tuk-tuk |
|
Apprêt de la mariée avant de se faire photographier parmi les ruines |
Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et considéré
comme la huitième merveille du monde, le temple d’Etat d’Angkor Vat fut édifié
au début du XII è siècle par le roi Suryavarman II. Initialement édifice
hindou, il fut dédié à Vishnou, le deuxième dieu de la trinité hindouiste,
Brahma étant le créateur, Vishnou le protecteur et Shiva le destructeur. Il fut
ensuite bouddhiste comme tous les temples d’Angkor, pour un temps. Devenu le
symbole du Cambodge, il orne le drapeau national. A la fois temple-montagne
représentant le mont Méru, il est aussi un temple à galeries. Ceint de douves
et d’un mur extérieur de 3,6
km de long, il comporte en effet trois galeries
entourant des tours disposées en quinconce. Il comporte également d’élégants et
nombreux bas-reliefs nous renseignant sur la vie de la cité.
A 20 km
au nord- du site d’Angkor, le Banteay Srei ou Citadelle des Femmes date du X è
siècle et doit son nom à Lakshmi, déesse de la beauté et de la fortune. Il fut
délicatement ciselé dans du grès rose et de la latérite qui s’illuminent de
rouge au soleil couchant. Il est constitué de plusieurs édifices d’assez petite
taille aux façades sculptées de motifs fleuris ou de scènes de la mythologie
hindoue. Il fut rendu tristement célèbre par le vol d’un linteau de pierre
pesant quelques 800kg par l’écrivain et futur ministre de la Culture André
Malraux…
|
Apsara du temple d'Angkor Vat |
|
La splendeur d'Angkor Vat reflétée dans ses douves |
|
En famille car les Cambodgiens sont fiers de leur passé |
|
Tout en grès rose caressé de soleil, le Banteay Strei ou Citadelle des Femmes |
|
Les mêmes gestes centenaires... |
Après un dîner spectacle où l’on retrouve dans les danses
sacrées des jeunes Cambodgiennes la grâce des Apsara figurées sur les parois
des temples, il faut se plonger dans la vie nocturne trépidante de la ville
moderne de Siem Reap et le Marché de Nuit jouxtant Pub Street. Boutiques et
néons à profusion, Karaoké, salons de massage en plein air, bars hurlant leur musique
disco syncopée, aquariums emplis de petits poissons dévoreurs des peaux mortes
des pieds – on souhaite qu’aucun piranha n’y ait été glissé à l’improviste… Pub
Street, la rue qui ne dort jamais…
L’ambiance est plus calme, le lendemain matin, dans le
centre des Artisans d’Angkor, où l’on forme chaque année des centaines de
jeunes Cambodgiens de milieux défavorisés aux beaux métiers de sculpteurs,
peintres, potiers ou tisseurs…
|
La folie de Pub Street |
|
Des poissons pédicures |
Carnet d’adresses :
. Sokha Hotel, 6NR6 Krong Siem
Reap, Tél. : 855 639 69 999
. Artisans d’Angkor,
Chantiers-Ecoles Stung Thimey, Krong Siem Reap, Tél. : 855 639 63 330
Et n'oubliez pas d'acheter au Marché de Nuit le véritable poivre de Kampot, à juste titre réputé !
|
Le patient apprentissage de la sculpture |
|
Une vocation pour la peinture |
|
Le tissage de la soie est un art véritable |
|
Ainsi que le métier de vannier |
Commentaires
Enregistrer un commentaire