MARIE LAURENCIN LA FEERIE
La
rencontre avec Guillaume Apollinaire
De même que Pablo, Guillaume n’est pas
très grand. Un crâne rond, de grosses moustaches, la lèvre gourmande, une
silhouette toujours en mouvement qui aurait tendance à s’empâter quelque peu.
Il n’a encore publié aucun ouvrage majeur, mais ses critiques parues dans La Revue immoraliste et La Plume sont appréciées et font
autorité. Surtout, il est devenu un admirateur inconditionnel du Catalan,
vantant pêle-mêle ses arlequins, ses périodes rose ou bleue, depuis qu’il l’a
rencontré, trois ans plus tôt, dans un petit bar anglais de la gare
Saint-Lazare, l’Austin Fox. Il adore
l’ambiance de douce folie régnant au Bateau Lavoir, les oripeaux que se
complaisent à porter les uns et les autres, l’irrévérence des discours, les
nuits d’ébriété et parfois d’orgie…
Comme tout ce que dit Picasso est pour
lui parole d’Evangile, s’il affirme qu’il doit rencontrer cette petite
sauvageonne, il le fera…
D’emblée, Guillaume est fasciné par
cette jeune fille de vingt-trois ans – il en a trois de plus – aux courts
cheveux frisés comme le veut à présent la mode des garçonnes, au petit visage
triangulaire, à la bouche sensuelle et à la silhouette si fragile que l’on
pourrait croire qu’un rien suffirait à la briser. Se sachant admirée, Marie
fait la folle, joue les fillettes impertinentes, assourdit Guillaume de propos
aussi bizarres que décousus :
– Vous ne trouvez pas que j’ai un grand
front, un vrai front d’homme ? Mais figurez-vous que ça ne m’empêche pas
d’être coquette. J’adore la toilette, changer de robe et de chapeau chaque
jour. Si je le pouvais, je ne porterai que des tenues neuves. Même si ma mère
est brodeuse et couturière, elle ne peut suffire à la tâche !
Illustrant ses propos, elle tourbillonne
dans cette caverne d’Ali Baba qu’est le repaire de Clovis, faisant s’envoler
les volants de sa robe, aussi rose que les fleurs de prunus de la Butte.
Guillaume émerge difficilement d’une
liaison malheureuse avec une Anglaise, une certaine Annie Playden, qui l’a
quitté pour s’en retourner chez elle, à Londres. Ce départ lui a d’ailleurs
inspiré un long poème encore inachevé, La
chanson du mal-aimé.
« Et je chantais cette romance
En 1903 sans savoir
Que mon amour à la semblance
Du beau Phénix s’il meurt un soir
Le matin voit sa renaissance.
Un soir de demi-brume à Londres
Un voyou qui ressemblait à
Mon amour vint à ma rencontre
Et le regard qu’il me jeta
Me fit baisser les yeux de honte. »
Si Guillaume reste un séducteur au rire
gourmand et irrésistible, qui veut goûter à tous les plaisirs, à toutes les
outrances lorsqu’il est heureux et se croit aimé, quand on l’abandonne, il se
sent perdu, rejeté.
Marie a vingt-trois ans, Guillaume
vingt-six. Même s’il jouit d’une certaine considération en tant que critique
d’art, le poète n’a pas encore éclos. Il n’a pas encore son public. Le
rayonnement de Marie, qu’il compare d’ailleurs à un « petit soleil »,
sa joie de vivre l’éblouissent. D’emblée, il est conquis, subjugué, contemplant
avec admiration ce joli corps souple et bien moulé par sa robe printanière, ce
visage de chatte, ces longues mains fines terminées par des ongles laqués de
blanc. Il pourrait l’écouter parler des heures.
– Moi, lui dit-elle, je suis de Paris et
il n’y a que là que je me sente bien. Ma mère est Normande, mais je déteste la
campagne. Il y a trop d’air, les œufs sont trop frais, le lait sent la vache. A
Paris au moins, les œufs ont du goût et le lait n’en a pas !
– Montrez-moi donc le Paris que vous
aimez, Marie.
Oubliant de saluer leur hôte ou Picasso,
enchanté de son succès d’entremetteur, tous deux sortent par les rues, ne
sachant où ils vont, déjà d’eux-mêmes un peu ivres.
Comme tous les amoureux du monde, ils se
confient, ils se racontent.
De même que Marie, Guillaume est un
enfant naturel non reconnu. Il est né à Rome le 26 août 1880 d’une mère
Polonaise réfugiée en Italie, la très belle Angélique de Kostrowitzky. C’est
une famille fort ancienne de petits hobereaux chassés de leurs terres par les
Russes. Le père d’Angélique est devenu Camérier de cape et d’épée au Vatican.
C’est au cours d’une soirée chez des amis qu’elle rencontre le séduisant
Francesco Flugi d’Aspermont, originaire d’une vieille famille des Grisons. Même
s’il a le double de son âge, elle décide de s’enfuir avec lui et donnera
naissance à Guillaume, de son véritable nom Guglielmo Alberto Wladimiro
Alessandro Apollinaire de Kostrowitzky. Moins d’un an plus tard naît un second
garçon, Albert. Les deux garçons sont mis en nourrice à Rome. Le couple mène
grand train de palaces en palaces, au gré de ses bonnes ou ses mauvaises
fortunes, car Francesco est joueur. C’est d’ailleurs pour égarer ses créanciers
qu’il fuit brusquement l’Italie et gagne l’Amérique du Sud, plantant là sa
petite famille.
Angélique, désormais seule pour assurer
son existence et celle de ses deux fils, s’établit alors à Monaco où elle vit
de ses gains au jeu et de sa beauté, menant une existence de demi-mondaine tout
en soignant l’éducation de ses fils, inscrits au très sélect collège
Saint-Charles.
Puis Angélique prend pour amant un jeune
homme de onze ans son cadet, qu’elle fait passer pour l’oncle de ses garçons,
un fils de commerçants alsaciens du nom de Jules Weil. Les succès au baccara
restent aléatoires et le couple, flanqué des deux petits, doit quitter la Côte
pour se réfugier à Aix-les-Bains, Lyon, Bruxelles puis Paris. On déménage
souvent et parfois à la cloche de bois pour éviter les créanciers, qui se
multiplient.
Angelica restera toujours pour Guillaume
cette mère charmeuse, excentrique, tyrannique et exclusive, qui l’aime et l’étouffe,
même si elle s’est posée en achetant une petite maison au Vésinet, où elle
demeure à présent et où il vient la visiter chaque dimanche. C’est d’ailleurs
en prenant le train pour s’y rendre, gare Saint-Lazare, qu’il a fait la
connaissance de Picasso !
Tout en marchant, les doigts enlacés,
Marie et Guillaume ont gagné les rives de la Seine et s’accoudent à la rambarde
du Pont-Royal, tandis que les premières lueurs de l’aube rosissent le cours
nonchalant de la Seine.
– Où travaillez-vous, Guillaume ? demande
Marie.
– J’ai vécu longtemps de petits boulots
à droite et à gauche, feuilletoniste à L’Européen
et à Paris-Journal, employé à la
banque Rochette, précepteur chez la vicomtesse de Milhau. J’ai collaboré à La Revue blanche et à La Revue immoraliste. J’ai aussi commis
un petit livre assez irrévérencieux, Mirely
ou le petit trou pas cher.
– J’aimerais bien voir ça !
– Je n’oserai jamais vous le montrer…
Il se penche sur elle pour l’embrasser,
tout en lui murmurant :
– Il nous reste bien des choses à apprendre,
Marie. A nous aimer, à nous parler. C’est cela, la poésie. Il faudra toujours
continuer à parler.
– Pourriez-vous me raccompagner, à
présent, j’habite toujours chez ma mère, au 51 boulevard de la Chapelle. Et
vous ?
– 9, rue Henner, tout près de Montmartre.
A regret, ils s’arrachent à la
contemplation du fleuve paresseux et repartent par les rues de Paris. Arrivés
devant la porte de Marie, il lui propose :
– J’ai besoin de vous revoir, très vite
si vous le voulez bien. Si nous nous retrouvions dans l’après-midi, chez
Devambez, place Vendôme ?
– Je connais cet atelier de gravure, à
trois heures, si ça vous va.
Et elle disparaît sur un dernier baiser,
légère, rieuse et virevoltante. Avant de s’endormir, elle note dans son carnet,
toute rêveuse : « Il a une belle tête, de grands yeux noirs d’une
mobilité inouïe, des sourcils comme les masques de tragédie grecque. »
Déjà, elle le voit avec les yeux de
l’amour. Car Guillaume, s’il est doué d’un charme ensorcelant et d’une vitalité
solaire, si son rire est le plus entraînant qui soit, n’est pas vraiment beau,
avec son torse de catcheur et son ventre un peu proéminent, ses cheveux drus de
consul romain.
En cet été de leurs premières amours,
Paris n’a jamais été si vivante. Les belles arborent leurs nouvelles toilettes
sur les Champs-Elysées ou les grands boulevards. On se presse à la terrasse des
cafés, dans les magasins. On danse au bal Bullier, on assiste aux spectacles de
l’Alcazar, du Moulin-Rouge ou du Casino de Paris. On contemple en riant les
affiches des humoristes, on va admirer les nouvelles créations des peintres
rassemblés sur la Butte Montmartre, Picasso, van Dongen, Auguste Herbin, un
adepte de l’abstrait. On se dispute les gazettes commentant les nouvelles
œuvres, les textes de Max Jacob, Apollinaire ou Henri-Pierre Roché. On
s’encanaille dans les cabarets bon marché de la Butte.
Marie a cédé aux fougues et aux
emportements de Guillaume. Dans ses bras, elle devient sensuelle, exigeante.
Elle se voit belle dans son regard et apprend à s’aimer, puis qu’il aime son
corps de fille-liane, sa peau brunie, ses cheveux fous et sa bouche gourmande,
ses yeux de biche que l’extase fait vaciller, car Guillaume est un amant
insatiable. Elle a pris l’habitude d’emprunter souvent le chemin de la rue
Henner, au pied de la Butte, mais doit se contenter du canapé défoncé pour
leurs ébats, Guillaume ne supportant pas, en effet, que l’on touche à son lit,
toujours fait au carré. On ne peut même pas s’y asseoir…
Elle fut l’amie de Picasso, Braque, Léger, du Douanier
Rousseau et de bien d’autres. Elle fut surtout l’amante passionnée de Guillaume
Apollinaire et d’Henri-Pierre Roché, qui s’inspirera d’elle pour son roman Jules et Jim. Elle aima des femmes, dont
la styliste Nicole Groult, au risque de faire scandale. Elle participa au
tourbillon du fameux Bateau Lavoir de la Butte Montmartre, « laboratoire central
de la peinture » selon Max Jacob et creuset de l’art moderne au début du
XXe siècle.
Fantasque, tumultueuse, éprise de beauté et de
créativité, Marie Laurencin, fille d’une brodeuse du Cotentin et d’un père
bourgeois qui ne la reconnut pas mais lui donna une bonne éducation, elle dut
braver le destin pour devenir peintre. Admise dans le milieu si masculin de
l’art, elle reçut dans son atelier bien des personnalités de son époque – dont Coco
Chanel, Duras ou Yourcenar - et fit de sa peinture, toute de couleurs tendres
et d’harmonie, une féérie.
A travers sa vie et ses amours se dessine la révolution
de l’Art, de la littérature et du théâtre du siècle dernier. C’est à cette
personnalité multiple qu’Isaure de Saint Pierre consacre ce récit qui nous
plonge dans l’intimité d’une femme libre.
En librairie le 18 octobre prochain : Marie Laurencin, la féerie, Albin Michel.
Mon nom est Nad Ége, Toulon, France. Après 12 ans de mariage, mon mari et moi avons été dans une querelle jusqu'à ce qu'il me quitte enfin et vienne en Californie pour rencontrer une autre femme. Je sentais que ma vie était finie et que mes enfants pensaient qu'ils ne reverraient jamais leur père. J'ai essayé d'être forte juste pour les enfants mais je ne pouvais pas contrôler les douleurs qui tourmentent mon cœur, mon cœur était rempli de douleurs et de douleurs parce que j'étais vraiment amoureux de mon mari. Chaque jour et chaque nuit, je pense à lui et souhaite toujours qu'il revienne vers moi. J'étais vraiment contrarié et j'avais besoin d'aide. J'ai donc cherché de l'aide en ligne et je suis tombé sur un site Web qui suggérait que le Dr Osagiede pouvait aider à retrouver rapidement son ex. . Alors, j'ai senti que je devrais lui donner un essai. Je l'ai contacté et il m'a dit quoi faire et je l'ai fait puis il m'a fait un sort d'amour. 48 heures plus tard, mon mari m'a vraiment appelé et m'a dit qu'il me manquait beaucoup, à moi et aux enfants, tellement incroyable !! C'est ainsi qu'il est revenu le même jour, avec beaucoup d'amour et de joie, et il s'est excusé pour son erreur et pour la douleur qu'il a infligée à moi et aux enfants. Puis à partir de ce jour, notre mariage était maintenant plus fort qu’avant, tout cela, grâce au Dr Osagiede. il est si puissant et j’ai décidé de partager mon histoire sur Internet comme quoi le Dr. Osagiede, véritable et puissant lanceur de sorts, à qui je prierai toujours de vivre longtemps pour aider ses enfants en ces temps difficiles, si vous êtes ici et si vous avez besoin de votre Ex de retour ou si votre mari a déménagé chez une autre femme, vous souhaitez obtenir une promotion là où vous travaillez ou un meilleur emploi, ou des herbes pour soigner toutes sortes de maladies telles que le VIH, le cancer, etc. ne pleure plus, contactez dès maintenant ce puissant lanceur de sorts. . Voici son email de contact à: doctorosagiede75@gmail.com ou ce qui est à whatsapp au +2349014523836
RépondreSupprimerou vibeur +2349014523836