LE TEMPS DES JARDINS JAPONAIS

Féeriques jardins du Japon

Le légendaire moutonnement des azalées du
Nezu-jinja à Tokyo

 En ces temps de confinement où l'on rêve de nature en ce joli mois de mai, pourquoi ne pas rêver de jardins japonais ?


Les Japonais sont si amoureux des fleurs et de la nature qu'ils ont inventé un mot pour qualifier cet engouement : le hanami ou contemplation des fleurs. Leurs jardins, très divers, sont à juste titre célèbres dans le monde entier.
 
Quand les cerisiers sont en fleurs, les habitants
de Tokyo vont rêver au Chemin des Philosophes

Les jardins zens destinés à aider la méditation


Le jardin zen du Konkobuji à Koya-san

Le jardin zen d'Honen à Kyoto

Le jardin zen d'Eikan-do à Kyoto

Les jardins  zen sont les plus surprenants à nos yeux occidentaux. Dépouillés, faits de sable et de roches avec parfois un élément végétal, ils symbolisent la création du monde ou les éléments. Branche du bouddhisme qui arriva au Japon via la Chine dès le VIè siècle, le bouddhisme zen ne fit son apparution au Japon que six siècles plus tard et se fonde sur la méditation et l'effort personnel. A Konkobuji, à Koya-san, le sable est ratissé chaque matin en forme de vagues autour des quinze roches traditionnelles. Jardin zen aussi dans le parc où s'élève le célèbre Temple d'Or, centre du célèbre livre du même nom de Mishima. Au Pavillon d'Argent de Kyoto, le jardin zen prend la forme d'une pyramide tronquée environnée de vagues de sable et à Honen, dans la même ville, d'un tumulus de sable sur lequel sont dessinées fleur et vagues. La plupart du temps, le jardin zen n'est d'ailleurs qu'une facette d'un jardin comprenant d'autres styles.

Les jardins de bambous et de mousses


L'étrange jardin de mousses du Pavillon
d'Argent à Kyoto

Comme une forêt, le jardin de bambous de Honen à Kyoto

Les bambous sont magnifiques au Japon et il en existe une bonne centaine d'espèces. La plupart des jardins ont leur bambouseraie, mais celle du sanctuaire d'Honen, près du célèbre Chemin des Philosophes de Kyoto, est particulièrement belle et étendue. Sous les arbres, on cultive toute sorte de mousses qui évoquent de ravissants sous-bois. Celui du Pavillon d'Argent de Kyoto est particulièrement réussi.

Arbres et arbustes fleuris


Les camélias de Rekar-ji à Kyoto

Le jardin d'arbustes du Fugi-ya à Hakone, refuge des amoureux
Explosion de couleurs des azalées du Nezu-jinja à Tokyo

La meilleure période pour se griser de cette explosion de fleurs déplaçant des foules entières au Japon est bien sûr le mois d'avril, bien que la palette de couleurs des célèbres érables japonais justifie aussi une visite automnale. Si l'on aime la poésie des cerisiers en fleurs, il ne faut pas manquer à Kyoto le célèbre Chemin des Philosophes. Ce n'est pas un jardin proprement dit, mais une allée  fleurie de blanc et de rose sur plusieurs kilomètres. Dans la même ville où chaque sanctuaire comporte un beau jardin, ne manquez pas les camélias de toutes teintes du Reikan-ji et l'infini moutonnement des azalées multicolores, taillés en forme de ballons, du Nezu-jinja.

Jardins paysagés et jardins d'eau


Le jardin paysager du célèbre Temple d'Or de Kyoto,
d'une infinie perfection

Le jardin d'eau du Pavillon d'Argent
de Kyoto

Le jardin d'eau d'Eikan-do à Kyoto où serpente un torrent

Jardin du Ryoanji à Kyoto et ses reflets dans l'eau

Il n'est pas possible de dissocier les uns des autres, car il y a toujours de l'eau dans un jardin japonais, sous forme de lac, étang, simple mare ou nagent de magnifiques carpes koï dont on modifie la terne couleur grise par les aliments dont on les nourrit, cascade, vasque. Tout semble naturel, mais tout est en réalité pensé et retravailler pour simuler une nature idyllique. Autour de cette féérie aquatique est conçu un jardin paysagé recherchant l'escarpement d'une colline pour offrir une belle vue sur l'ensemble, toujours planté en ménageant vue et profondeur. Arbustes fleuris, érables, mais aussi cèdres, pins, cryptomerias géant forment un fond boisé dans lequel sont ménagées des allées sablées menant à de délicieux pavillons, souvent d'anciennes maisons de thé, à une lanterne de pierre, une fontaine, un torii ou porte permettant d'accéder au sanctuaire, un pont gracieusement incurvé au-dessus d'un cours d'eau.

Lanterne, fontaine et pont, les accessoires indispensables


Fontaine du Ryanji à Kyoto

Fontaine de Honen à Kyoto

Les lanternes de pierre ou de bois veillent les divinités des sanctuaires, tandis que les fontaines, de pierre ou de bambou, parfois un abreuvoir au-dessus duquel reposent les indispensables louches destinées aux ablutions sont en principe réservés aux temples, pagodes et sanctuaires, mais ils s'allient si bien à la poésie des jardins qu'ils sont omni-présents. Les ponts, parfois simples dalles de pierre jetées au-dessus d'un ruisseau, peuvent aussi devenir plus élaborés, tel celui, peint en rouge, du célèbre hôtel Fugi-ya d'Hakone, où aimait à séjourner le Beatle John Lennon et son épouse japonaise.
Il n'est pas nécessaire d'habiter le Japon pour s'inspirer de la beauté de ses jardins. On peut réserver un coin de son espace vert au style japonais en organisant un savant mélange d'eau, arbustes taillés en boules et fleurs, iris et pivoines surtout, leurs préférées. Même dans un appartement citadin, pourquoi ne pas s'inspirer de leur science des bouquets ou ikebana, acheter une minuscule fontaine en céramique et bambou ou élever un bonsaï, arbre nanifié à force de soins ?



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