LA PLUS BELLE FOIRE DE L'INDE

 

La grande foire de Pushkar,

quand des chevaux aux yeux bleus observent

les chameaux grimés ou les vaches roses

 

Arrivée au camp d'une famille d'éléveurs

Temple de Brahma

Le bassin aux ablutions

 

 Chaque année, à la mi novembre, lors de la pleine lune, 200 000 pèlerins adorateurs de Brahma le créateur, se rendent avec famille, cheptel et bagages à Pushkar où ils peuvent adorer leur dieu dans l’unique sanctuaire qui lui ait jamais été consacré.

 

Des talents d’artistes pour leurs bêtes

Le marché de Pushkar

Un chameau qui rit

Les pompoms girls

 

Ils arrivent à Pushkar parfois de fort loin, des immensités désertiques du Thar et des quatre coins du Rajasthan, dans des chariots bâchés. Ils sont tirés par des chameaux hautains, impassibles. Les suivent leurs plus belles bêtes, chevaux, chameaux encore ou vaches sacrées. Pushkar est d’ordinaire une paisible bourgade au nord d’Ajmer, serrée autour de son lac dominé par de molles collines. Les nouveaux venus dressent leurs tentes dans une vaste plaine spécialement aménagée pour cette foire, avec abreuvoirs pour les bêtes, le plus important, attractions foraines, petits bistrots ambulants. Aussitôt, les marchands de fruits, légumes ou beignets s’installent aussi sur le terrain. Les femmes des éleveurs préfèrent habiter en ville, dans des dharamsalas, des centres hôteliers bon marché, organisés pour les pèlerins. Bientôt, ce n’est plus qu’un concert de cris divers : les chameaux blatèrent, les chevaux hennissent, les vaches et taureaux meuglent à qui mieux mieux. 

On essaie les chevaux

On examine les dents des chameaux

On favorise le copinage des cobras

 

Partout dans le camp, on s’affaire. On peigne, on lisse, on tresse poils et crinières. Chevaux et vaches sont peints et chacun laisse libre cours à son imagination. Cette vache-ci a les cornes bleues, cette autre est teinte en rose et affublée d’un gros nœud passé autour de ses cornes. Des dessins de mains ocrées ornent la robe de ce cheval blanc. Cet autre, albinos, a de merveilleux yeux tendres, d’un bleu rivalisant avec celui du ciel. En fait, ce n’est pas l’iris qui est bleu, mais toute la cornée. De quoi rendre jalouses nos plus fameuses stars. Quant aux chameaux, on coupe leur toison laineuse de façon à y inscrire des motifs géométriques et on farde de khôl leurs grands yeux pensifs avant de piquer sur leur front une rose rouge leur donnant l’air de pompons girls. Il ne reste plus qu’à enfiler autour de leurs cous des séries de colliers – la place ne manque pas. A dix-huit heures précises, la nuit tombe brutalement, comme un rideau que l’on baisse.

 

Des chevaux grimés


Une vache aux cornes peintes

Une belle du désert du Thar


Le premier soin est pour les bêtes

8 heures du matin, le camp s’éveille, les bêtes ont faim. Partout, avant de songer à faire chauffer pour eux-mêmes chaï (thé) ou chapatis (sortes de crêpes), les hommes sortent des chariots le fourrage emporté avec eux, foin souvent mêlé de grain. On mène les bêtes aux abreuvoirs. Les acheteurs commencent ensuite à examiner les bêtes qui les intéressent, scrutant les dents des chameaux pour en connaître l’âge exact, enfourchant soudain un cheval pour se lancer à plein galop dans le camp sans trop se soucier des gamins qui courent partout, palpant le flanc des vaches ou les attributs virils des taureaux.

9 heures du matin. Déjà, les palabres commencent, interminables comme il se doit en Orient. Simple question de politesse. Une affaire trop rondement menée serait un manque de considération pour le vendeur comme pour l’acheteur. 

Deux copines prenant un pot

Une famille de nomades du Thar

Une jeune maman heureuse


 

10 heures du matin, les femmes, revenues des dharamsalas et ayant terminé leurs dévotions à Brahma peuvent maintenant s’occuper des tâches qui leur incombent : empiler les matelas, laver le linge s’il y a lieu et surtout, préparer l’indispensable marmite de riz, curry et légumes, viande et alcool étant interdits dans l’enceinte de la ville sacrée. Ces préparatifs vont mijoter toute la journée sur les braises. Chacun se sert quand il veut, puisant à pleine main dans la marmite, car en Inde, il n’y a pas d’heures fixes pour les repas. On mange lorsqu’on a faim.       

 


Jument et poulain aux yeux bleus

Ces merveilleux yeux bleus

L'importance des palabres

La jalousie d’une femme

11 heures, bêtes et humains repus, ceux qui ne sont pas encore allés priés leur créateur s’entassent dans des chariots ou chevauchent des motos, de la marque Tata, bien sûr. Une légende explique pourquoi ce temple de Brahma, situé à l’ouest du lac Pushkar, serait unique dans son genre. Le dieu, désireux de célébrer, comme chaque matin, une puja ou cérémonie d’offrandes, avait besoin de la présence de son épouse Savitri pour ce faire. Or cette coquette n’était pas prête. Lassé de l’attendre, Brahma épousa alors une belle fille de Pushkar pour que la cérémonie puisse avoir lieu. Furieuse, Savitri lui jeta un sort : aucun autre temple ne lui serait jamais consacré.

 

Ce cheval parade en dansant

Ce temple, qui aurait un millier d’années et est l’un des plus sacrés d’Inde, est curieusement accessible aux non hindous. Une volée de marches au portail gardé par des oies, bordée de murs couverts d’ex-voto mène au sanctuaire. On ne peut le photographier et il ne faut y introduire aucun objet de cuir, réputé impur. Les vieilles pierres sont gaîment peinturlurées d’orange et de bleu et rivalisent d’éclat avec les saris multicolores ou les lourdes jupes rouges des femmes du Rajasthan aux bras couverts de dizaines de bracelets d’ivoire. La foule est très dense. On se presse pour apercevoir l’effigie du dieu, disparaissant presque sous ses offrandes de fleurs. C’est une statue à trois têtes, assez grossière. Pour tout dire, plutôt moche…

 

Un lac sacré né d’un pétale de lotus

12 heures, les pèlerins doivent encore accomplir leurs ablutions sacrées dans le lac, né paraît-il d’un pétale de lotus. C’est dire s’il est sacré ! Un peu partout autour du lac ont été crées de vastes bassins réservés à ces ablutions et empêchant les noyades de pèlerins trop zélés, ayant oublié qu’ils ne savaient pas nager. L’eau est glacée à cette période, mais qu’importe. Chacun s’y immerge par trois fois. Les gamins barbotent. Tous ressortent passablement frigorifiés, mais dûment purifiés.

13 heures, retour au camp. Les bains ont donné faim. On se presse autour des marmites, on nourrit les bêtes, on les abreuve ou leur fait une nouvelle toilette, de la tête aux sabots. Les palabres reprennent avec vigueur.

 

Les populaires courses de chameaux

Une vache vouée au rose

Les périlleuses courses de chameaux

14 heures, début des premières courses de chameaux dans le stade. La foule se presse sur les gradins. Les « jockeys », assis très en arrière de leurs bêtes, n’ont aucun étrier et ne les dirigent qu’à l’aide d’une corde passée dans les naseaux. Les tournants sont secs et les chutes nombreuses. Certaines bêtes ne parviennent pas à les prendre et foncent droit sur la foule, que les policiers font vite reculer. Un « jockey » à la longue chevelure noire lui battant les reins est l’incontestable vainqueur d’une première course, une seconde, une troisième. Acclamé par la foule, il est porté en triomphe. Les acheteurs se pressent déjà autour des trois bêtes qu’il a menées à la victoire. Les courses se succèdent tout l’après-midi. Les enjeux deviennent frénétiques. On parie. On achète dans la fièvre.

17 heures, certains profitent du jour finissant pour aller examiner dans leurs tentes aussi chamarrées que celles des maharajas en campagne les plus beaux coursiers qui disputeront le lendemain d’autres courses. Si un chameau de course peut s’acheter jusqu’à 45 000 roupies (un euro vaut environ 60 roupies), un riche Indien n’hésitera pas à mettre 100 000 roupies ou plus dans ces magnifiques purs sangs nerveux et aussi rapides, dit-on, que le vent du désert.

18 heures, les derniers pèlerins quittent les ghâts (les marches) sacrés menant au fleuve. Les chariots, déguisés en palanquins avec leurs drôles de bâches rouges, regagnent le camp. La grande roue s’arrête. Le soleil teinte de rose le lac né d’un lotus. Une nouvelle nuit tombe sur la plus grande foire de l’Inde.

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