ALERTE NUCLEAIRE
Et si la catastrophe nucléaire de Fukushima se
reproduisait ?
Tokyo Detective de Jake Adelstein chez Marchialy
Dans
son livre Tokyo détective, l’écrivain
américain et journaliste d’investigation Jake Adelstein, qui vit depuis trente
ans au Japon, s’attache à révéler la corruption généralisée de la politique et
du monde des affaires japonais due à la mafia japonaise et à ses membres, les
yakuzas. Tout un chapitre de son livre, et pas des moindres, L’empire des ténèbres, analyse les
causes réelles de la catastrophe du 11 mars 2011 et la série de mensonges alors
proférée par la société Setco, qui en est la propriétaire. Bien des experts ont
exposé au grand jour toute la responsabilité criminelle des dirigeants de la
Setco et ses accointances avec les yakusas. Pourtant, le 18 janvier 2023, la justice
japonaise a confirmé en appel l’acquittement de ses trois principaux
dirigeants…
Voici
les faits, tels que les expose Jake Adelstein grâce aux témoignages des
nombreux spécialistes et enquêteurs qu’il a pu rencontrer, et en particulier
grâce au travail approfondi mais boycotté par les médias du journaliste
Katsunobu Onda, exposé dans son livre Tokyo
Electric Power Company : les ténèbres d’un empire, publié en octobre
2007, donc quatre ans avant Fukushima.
Ce
livre analysait les causes d’une autre catastrophe, celle de la centrale
nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa, appartenant aussi à la Setco, survenue à la
suite du tremblement de terre du 16 juillet 2007 dans la préfecture de Niigata.
En fait, la Setco avait anticipé la probabilité d’un tel accident, mais sans
rien faire pour s’en protéger afin de ne pas diminuer sa source de revenus par
des travaux coûteux. Pourtant la Setco continue à dépenser 300 millions de
dollars par an en publicité et cadeaux divers aux journalistes, une bonne façon
de museler la presse. Cette somme aurait bien sûr été mieux employée à
entretenir et réparer cette centrale déjà vétuste de plus de quarante ans…
Surtout, l’ensemble des îles japonaises se situe sur un arc de cercle de
volcans sous marins et de heurts des plaques tectoniques représentant un haut
risque pour toute centrale nucléaire, ce que la mafia du nucléaire japonais ne
veut bien sûr pas entendre. D’ailleurs, nombreux sont les yakusas employés dans
les centrales et spécialement chargés du recrutement des ouvriers.
Une
enquête gouvernementale de 2002 avait déjà révélé que, depuis plus de deux
décennies, la Setco falsifiait tous les rapports relatifs à ses centrales
nucléaires et à leur degré d’insécurité. Treize réacteurs inspectés comportaient
déjà des fissures dangereuses. La Setco prétendit les avoir réparés, mais le
fait ne fut pas vérifié et aucune sanction ne fut prise.
Quant
à la centrale de Fukushima Daiichi, un rapport du Citizen’s Nuclear Information
Center affirmait que des fissures avaient été découvertes dans les réacteurs
n°1, 2, 3, 4 et 5, ainsi qu’une usure due à la vétusté dans l’ensemble du
circuit des tuyaux contenant le liquide de refroidissement des réacteurs. La
Setco avait reçu un avertissement, l’ordre de procéder aux réparations
indispensables et de remettre un rapport le 2 juin 2011. Les réparations ne
furent pas effectuées. Aucun rapport ne fut bien sûr envoyé…
Avant
l’aube du 12 mars 2011, les niveaux d’eau du réacteur n°1 chutèrent,
l’intensité des radiations augmenta. La fusion commençait.
Les
mensonges de la Setco continuèrent, affirmant que la fusion était due à
l’ampleur exceptionnelle et imprévisible du tsunami ayant eu lieu après le
tremblement de terre, une vague de plus de quinze mètres de haut s’étant
abattue sur la centrale et ayant détruit une bonne partie de l’installation.
Mais le 15 mai suivant, la Setco était forcée de reconnaître ses mensonges et
d’admettre que les dommages entraînant la fusion avaient été commis avant le
tsunami, prétendant cependant ne pas avoir la « boîte noire » de
l’accident. Selon l’ingénieur du nucléaire Toshio Kimura, « il existe une
très forte probabilité de voir une autre catastrophe nucléaire se produire au
Japon, car on ne peut leur faire aucune confiance ». Enfin, la commission
d’enquête parlementaire de 2012 a conclu que « bien que déclenchée par des
événements cataclysmiques, la catastrophe était de nature profondément humaine
et qu’on pouvait en trouver l’origine dans une multitude d’erreurs et de
négligences volontaires qui laissaient la centrale de Fukushima sans aucune
préparation pour des événements de ce type. » Pourtant, le gouvernement
vient d’étendre la durée d’utilisation des réacteurs à soixante ans… Et l’année
prochaine, le pays va déverser dans l’océan les déchets radioactifs que produit
encore la catastrophe de 2011. Comme le conclut l’auteur, « Partout au
Japon, les centrales nucléaires sont pareilles à des bombes à retardement
provisoirement désactivées. Et les vieillards corrompus qui dirigent ce pays
sont absolument déterminés à remettre ces horloges en marche, pour leur propre
bénéfice et pour celui de leurs bons amis. »
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