VARSOVIE DANS LES PAS DE CHOPIN
Quand Varsovie chante Chopin…
Buste de Chopin à Varsovie |
Chopin
a tant célébré la Pologne et sa ville presque natale de Varsovie
qu’il est bien naturel qu’elle lui rende la pareille. On arrive
en avion à l’aéroport Frédéric Chopin. L’hôtel Mercure porte
son nom. On peut écouter ses principaux récitals tous les dimanches
à la belle saison, dans les jardins du parc Lazienki où s’élève
le Palais sur l’île, résidence d’été des rois de Pologne.
Devant roses et jets d’eau, un Chopin de bronze scrute le passant
de son œil pénétrant.
Chopin, l’enfant chéri de Varsovie
Né le l er mars 1810
dans le domaine de Zelazowa Wola où sa mère, Tekla Justinyna, était
intendante et son père, Nicolas Chopin, originaire de Lorraine,
précepteur des enfants, Frédéric ne garda aucun souvenir du manoir
tout blanc. Il n’avait en effet pas un an lorsque ses parents le
quittèrent pour s’installer à Varsovie, dans un appartement du
palais de Saxe. Il y vécut jusqu’à l’âge de sept ans avec ses
trois sœurs, son aînée Ludwika, puis ses cadettes Izabella et
Emilia. Sa mère adorait la musique et toute la famille jouait du
piano. Frédéric montra des dons si évidents que ses parents le
confièrent au professeur Wojciech Zywny qui vit en lui un prodige
digne de Mozart.
Vieille ville vue des remparts |
Le château royal |
Place de la Vieille Ville |
La famille s’installa
ensuite au palais Casimir, à la façade jaune et blanche inspirée
de l’architecture de Saint-Pétersbourg, et y demeura jusqu’aux
treize ans de Frédéric. Son second maître, le Tchèque Würfel,
avait aussi une haute opinion de son élève et l’encouragea à
jouer en public.
Dès l’âge de huit
ans, il commença donc à donner des concerts dans les palais, les
églises, sur les principales places de Varsovie et même lors de
noces paysannes (origine par exemple de sa Mazurka en si bémol
majeur). Son père tint à ne jamais exploiter le talent de son
fils, même s’il en était fier. On put l’applaudir au Belvédère,
rue Belwederska, résidence aujourd’hui du président de la
République où Chopin se produisit souvent devant le Grand Duc
Constantin, au palais Blekitny, rue Senatorska, ou au palais Potocki,
au palais Radziwill, actuel palais présidentiel, où il donna son
premier concert public.
Würfel étant un
organiste de talent, Chopin apprit à se familiariser avec cet
instrument dans quantité d’églises de Varsovie : celle des
Visitandines où il jouait chaque dimanche, celle des Carmélites ou
de Sainte-Anne où il accompagnait la ravissante cantatrice Constance
Gladkowska dont il était secrètement amoureux. Dans l’église
Evangélique, il se produisit en 1825 devant le tsar Alexandre I er.
Ses grands concerts de
1830 eurent lieu place Krasinski, où se trouve l’actuel Cour
Suprême et où s’élevait le théâtre National. Il y fit ses
adieux à la Pologne avant de partir pour Vienne, puis Paris…
Maisons de la Vieille Ville |
Détail d'un porche |
La Sarbacane menant à la Ville Nouvelle |
Les souvenirs de Chopin à Varsovie
Les visitandines de
l’église des carmélites sont fières de toujours posséder
l’orgue qu’il faisait vibrer avec tant de ferveur. Au palais
Ostrogski, siège de l’Association Frédéric Chopin où l’on ne
joue bien sûr que sa musique, on conserve pieusement ses partitions,
lettres, une serviette brodée à son chiffre, son dernier Pleyel.
Quant au Musée Chopin du délicieux palais Czapski, c’est à
présent le siège de l’Académie des Beau-Arts et le dernier
domicile polonais de Chopin. On peut y visiter le salon de la
famille, reconstitué d’après une photo.
Même s’il mourut de
tuberculose à Paris le 17 octobre 1849, à l’âge de 38 ans, son
cœur repose, selon ses vœux, dans une urne scellée en un pilier de
son église paroissiale, Sainte-Croix, à Varsovie, mais sa tombe est
restée au Père-Lachaise.
Fiacre dans la Ville Nouvelle |
La Sabarcane vue des remparts |
Varsovie, une ville martyre sans cesse renaissante
Tour à tour détruite
par les nazis, les Russes et les soviétiques, Varsovie, toujours
fière de son passé, a été reconstruite à l’identique, du moins
le château royal, la Vieille Ville, la Ville Nouvelle (datant tout
de même du XV è siècle) et les remparts relevés. Dans l’ancienne
forteresse de brique rose reconstruite, on peut toujours voir la
vingtaine de pièces des Chambres du Parlement ou les appartements
royaux avec leurs collections de peintures, sculptures et bronzes du
XVIII è siècle. Détruite en 1944, la cathédrale Saint-Jean a
retrouvé sa fière silhouette gothique… en béton. Les maisons
refaites et gaîment bariolées de la place de la Vieille Ville
évoquent toujours les élégantes demeures bourgeoises décorées de
fresques et de sculptures des XVII è et XVIII è siècles.
L’impressionnante
Barbacane, également relevée, donne toujours accès à la Ville
Nouvelle, construite jadis hors les murs pour remplacer les vieilles
masures en bois. C’est là que s’élèvent les principales
églises, le bâtiment dédié au poète romantique Adam Mickiewicz,
que vénérait Chopin car il a toujours été le chantre de
l’indépendance polonaise et les principaux palais. Qu’aurait-il
pensé du lourd édifice de la Culture et de la Science commandé par
Staline à la gloire du socialisme et qui pèse sur la ville du haut
de ses 231 mètres, comptant plus de 3000 pièces, deux théâtres,
trois cinémas, une salle de congrès, une piscine et plusieurs
musées ?
Les lieux de prédilection de Chopin
Chopin fréquentait les
cafés de la rue Miodowa et avait ses habitudes au Café Honoratka,
dont le sous-sol est resté tel qu’il l’a connu, ou encore le
Panni Brzezinska, devenu café Telimena, non loin du palais Wessel.
Il achetait ses partitions dans la librairie de son ami Antoni
Brzezina, dans la même rue. Il passait des heures dans l’atelier
de Buchholtz, au croisement des rues Mazowiecka et Swietokrzyska, à
essayer toute sorte d’instruments, mais l’atelier a été
remplacé par d’affreux immeubles de l’après-guerre…
Rue Dluga, non loin de la
place Krasinski, Chopin rencontrait, dans d’autres cafés, ses amis
patriotes, Mochnacki et Lelewel. Sur la route de l’exil, à
l’auberge de Wola, l’attendaient pour un dernier adieu ses amis
et les étudiants du Conservatoire. Il était en marche vers la
gloire…
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