AUX PORTES DU BHOUTAN
Un petit bout de Tibet
Une évocation du Tibet
Lessive intime à l'hôtel |
Sur la route, un joli restau comme au Tibet |
L'arrivée devant l'imposant Thupsung Dhargyeling |
Nous quittons l’île de Majuli,
bien dévorées par les moustiques, et reprenons le bac. En route pour la région
la plus septentrionale de l’Arunachal, qui borde la frontière est du Bhoutan,
pour Dirang et ensuite la vallée de Tawang. Au fur et à mesure que la route,
toute en lacets et éboulis, s’élève vers les contreforts himalayens, le
brouillard devient de plus en plus opaque, empêchant toute visibilité, mais il
en faut plus pour décourager notre Kanak. Toute une journée de piste difficile
nous mène à Dirang à la nuit, sans que nous ayons vu grand-chose du paysage,
sinon des pans de gorges vertigineuses quand le brouillard se déchire et que
nous faisons halte dans des gargotes à l’allure de plus en plus tibétaine.
Dommage.
Elégante stupa |
Effigie du dalaï-lama |
Vue sur la Santi Valley depuis l'esplanade du monastère |
Plafond peint représentant la Roue de la Vie |
Le lendemain, un soleil radieux
inonde la riante Santi valley creusée par la rivière Dirang, où se niche la
ville du même nom. Sur une colline dominant la vallée se dresse le majestueux
monastère flambant neuf du Thupsung Dhargyeling, inauguré il y a trois ans par
le dalaï-lama. Même si tout est en effet très très neuf et ne dégage pas le
charme de monastères plus anciens, le Dhargyeling, édifié dans la pure
tradition tibétaine, ne manque pas d’allure.
Toute cette zone de l’Arunachal
suit les rites du courant tibétain nyingmapa
et pratique le bouddhisme tantrique en reprenant certains textes et croyances
de l’antique religion chamaniste tibétaine, le bön. Comme au Bhoutan, on les appelle aussi Bonnets Rouges par
opposition aux Bonnets Jaunes ou gelugpa
du dalaï-lama, qui est pourtant considéré comme étant également leur maître
spirituel.
L’école nyingmapa, très concernée
par les aspects ésotériques du tantrisme, accorde un rôle primordial à la
dévotion au maître, qui peut être aussi bien un moine qu’un laïc. Les grands
maîtres nyingmapa ou Dzogchen
pratiquent souvent ce que l’on nomme « la folle sagesse », des
rituels tantriques qu’ils se transmettent en secret. L’école nyingmapa,
officiellement reconnue par le dalaï-lama, possède un représentant officiel au
sein du gouvernement tibétain en exil, qui siège à Dharamsala, dans l’Himachal
Pradesh. Le titulaire de cette charge depuis janvier 2018 se nomme Kathok Getse
et on le dit très proche du dalaï-lama.
La fertile Santi Valley |
Une maison de la tribu Mumpa |
De pure architecture tibétaine, le Tsatsang monastery où vivent 70 moines Bonnets Rouges |
Un moine Bonnet Rouge devant l'entrée du sanctuaire |
Un moine à l'étude |
D’autres monastères ou gompa s’élèvent dans la Santi Valley. Le
Tsatsang monastery, vieux de trois siècles, m’évoque tout à coup tous ces gompa
rencontrés au Népal, au Ladakh, au Tibet ou au Bhoutan, lors du couronnement du
jeune roi. Il y règne la même atmosphère décontractée, faite de ferveur et d’un
certain laisser-aller, ponctué par les facéties des jeunes moines que le maître
des novices a bien du mal à contrôler. Tous ces moinillons bondissant aux
quatre coins du monastère dans un bruissement de robes rouges avec tout
l’entrain des enfants de leur âge est un spectacle réconfortant. Si leurs
parents les confient pour leur éducation aux moines, eux non plus ne sont pas
tenus de prononcer leurs vœux et peuvent quand ils le souhaitent retourner à la
vie laïque.
Au sein même du Vieux Dirang dont
il ne reste qu’un vestige de citadelle et quelques maisons de pierre, on peut
visiter le Dirang gompa. Il y règne la même atmosphère décontractée, faite de
ferveur et d’un certain laisser-aller, ponctué par les facéties des jeunes
moines que le maître des novices a bien du mal à contrôler. Tous ces moinillons
bondissant aux quatre coins du monastère dans un bruissement de robes rouges
avec tout l’entrain des enfants de leur âge est un spectacle réconfortant. Si
leurs parents les confient pour leur éducation aux moines, eux non plus ne sont
pas tenus de prononcer leurs vœux et peuvent quand ils le souhaitent retourner
à la vie laïque.
Répétition des musiciens pour une prochaine puja au Dirang gompa |
Les fameuses trompes tibétaines |
Dans le vieux Dirang, une poubelle très aristo ! |
Le nid d’aigle de Tawang
Cela paraît difficile à croire,
mais Kanak nous prévient que nous aborderons demain la partie la plus dure de
notre périple. Même lui que rien n’étonne semble redouter la terrible route en
lacets qui se hisse jusqu’au col de Se la, à quelques 4 176 m
d’altitude, souvent fermé lorsque la piste est inondée ou verglacée. Au fur et
à mesure que nous grimpons, nous voyons les habitants de plus en plus
emmitouflés, arborant une panoplie de bonnets plus ahurissants les uns que les
autres. L’éblouissante cascade de Nuranang perce la forêt de conifères de ses
éclats liquides. Une bruyère rousse tapisse les flancs des montagnes. Yacks et
singes se partagent étrangement les lieux. Au long du chemin se dressent les
misérables cahutes en tôles ondulées des travailleurs de la route qui cassent
les cailloux avec de simples marteaux… A ce rythme, on se demande quand elle
sera enfin terminée, cette future route permettant de désenclaver cette région comme isolée du
C'est à qui portera |
le plus somptueux bonnet ! |
Yacks et singes se partagent étrangement ces pentes abruptes tapissées de sapins et de bruyères rousses |
Mémorial à l'héroïque soldat indien ayant retardé 72 heures l'avance de l'armée chinoise durant la guerre de 1962 |
La spectaculaire cascade de Nuranang |
reste du monde.
Voici le mémorial édifié pour un
soldat indien qui, durant 72 heures, seul rescapé dans un bastion isolé, parvint
à ralentir l’armée chinoise en marche avant d’être finalement abattu, lors de
la fameuse reconquête de 1962.
La piste, toujours aussi sinueuse
et escarpée, mieux vaut ne pas être sujet au vertige, plonge à présent vers la
vallée de Tawang, qui s’épanouit entre des sommets escarpés. Partout, les jolis
villages monpa, en pierres sèches,
s’ornent d’une profusion de fleurs, roses, œillets d’Inde ou dahlias. Les
champs s’emplissent de cosmos sauvages, de toutes les nuances de roses. Même si
la vieille ville de Tawang est un peu moins laide que ses consoeurs, avec ses
portiques sculptés, sa multitude de mani
korlo ou moulins à prières que l’on doit faire tourner dans le sens des
aiguilles d’une montre pour s’attirer les faveurs du ciel, son marché, ses habitants
coiffés du pittoresque gurdam, bonnet
en poils de yack hérissé de cornes que je trouve pour ma part affreux, ce n’est
pas non plus une réussite. Mieux vaut filer vers les plus beaux des multiples gompa fleurissant dans ce haut lieu du
bouddhisme tibétain.
Fidèle coiffé du traditionnel gurdam en poils de yachk, au Tawang gompa |
Puja du matin à l'Urgeyling gompa |
Une statue de Bouddha sur laquelle les fidèles s'amusent à jeter le plus loin possible leurs taka ou écharpes de prière |
Petit moine à l'entrée du sanctuaire |
Fidèle en costume tibétain devant une Roue de la Vie |
Le grand Bouddha d'Urgeyling |
Une maman et son moinillon |
Avec mon copain |
Réunion de famille |
Monastère de Tawang, dans la vieille ville, vaste
édifice fortifié construit en 1681, le second plus vaste monastère tibétain du
monde après celui de Drepung à Lhassa, réputé pour sa riche bibliothèque où
étudient 400 moines, sa gigantesque statue de Bouddha de 8m de haut, la beauté
de ses fresques. Celui d’Urgeyling, plus modeste, aurait vu naître le sixième
dalaï-lama qui, avant de partir pour Lhassa, y planta son bâton de pèlerin. Le
bâton donna naissance au gigantesque arbre que l’on peut voir à l’entrée du
monastère.
Nous avons la chance d’y assister à une
grande puja ce matin-là, avec une multitude de moinillons ne tenant pas en
place, se trémoussant sur leurs bancs tout en agitant frénétiquement leurs mani korlo quand il le faut ou à contre
temps, peu importe, l’intention y est…
Marché de Tawang |
Petites nonnes se rendant en ville |
Ferveur de cette enfant devant la photo du dalaï-lama à la Thuje Chuling Nonnery |
Gamine résolue devant une fontaine de la Thuje Chuling Nonnery |
Il y a à Tawang l’un des rares
monastères de nonnes existant dans la région et nous y grimpons en longeant
l’un des innombrables camps militaires de cette zone frontalière. Deux yacks se
battant férocement sur la route obligent Kanak à piler. L’un d’eux roule dans
la poussière, plutôt mal en point et nous apercevons entre les pattes du
vainqueur, au loin, une minuscule boule de poils noirs qui se dandine de façon
pataude sur la route.
Les soldats nous expliquent que ce chiot de quinze jours
est la seule rescapée de la portée, son petit frère vient d’être écrasé par un
camion, sa mère est partie en goguette, les militaires la nourrissent comme ils
peuvent d’un peu de lait… Nous la faisons boire et repartons vers la nonnerie, bien plus propre et rangée qu'un monastère masculin.
En passant devant le même camp
militaire, Eléonore fait brusquement arrêter Kanak : elle a décidé
d’adopter la petite chienne rescapée. Aidés par les militaires, décidément
bonne pâte, nous la cherchons dans tout le campement avant de la découvrir,
nichée sous un lit de camp. Et nous voilà repartis avec le chiot, aussitôt
baptisé « mithun », bien sûr pour son gabarit si proche de celui du
plus gros bovidé du monde !
Eléonore en train de nourrir Mithun |
Mithun la triomphante ! |
Le lendemain, nous retournons
vers Dirang où nous dormons dans le même hôtel Nefa sans prétention (Tél.
03794-222419), avant de redescendre vers Guwahati et la civilisation
hindouiste, comme l’attestent, sur la route, les nombreux chars remplis d’un
public délirant, déjà bien aviné, pressé de célébrer le Durga Festival, Durga
étant la déesse invoquée par le roi Rama lors de son combat contre l’usurpateur
Ravana, la déesse lui ayant permis de le vaincre.
Ce voyage a été réalisé grâce à
la société d’Eléonore :
Carnet de Voyages Pvt Ltd
403 paradise residency
Sarojini Marg
302001 Jaipur
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