Le peuple des mithuns
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Un mithun dans la jungle d'Assam |
Le mithun, de son nom savant Bos
gaurus, est le plus gros bovidé connu. Sauvage et vivant alors en hardes ou semi-sauvage,
c’est l’animal emblématique de l’Assam et de l’Arunachal, remplacé en altitude
par le yack. Sa robe noire s’orne souvent de larges taches roses ou rouges. Les
quelques cinquante tribus de ces deux provinces du nord-est de l’Inde, de
religion animiste, adorent le soleil et la lune. Elles vénèrent les mithuns
comme les messagers des dieux, ce qui ne les empêche pas de les sacrifier lors
des grandes cérémonies, comme naissance, mariage ou funérailles, tout en leur
en demandant pardon.
A Guwahati, un sanctuaire érigé à la gloire de la féminité
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Dans le Mandir de Kamakhya, à Guwahati, en Assam, les brahmanes sont en rouge pour vénérer le yoni de la déesse Sati |
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Sanctuaire dédié à la gloire de la féminité |
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Un père venu avec ses deux fils remercier la déesse de la prospérité familiale |
Ces provinces, encore enclavées
et difficiles d’accès car les routes sont loin d’être terminées et tiennent
plutôt de la simple piste, ne sont connues que de rares touristes indiens.
L’hébergement y est sommaire, la nourriture assez fruste, les réseaux très
rares, les banques ne prennent pas de cartes étrangères. C’est dire que voyager
dans ces régions n’est guère facile. Il faut même un permis spécial pour avoir
le droit de pénétrer en Arunachal à cause des tensions existant avec la Chine
aux frontières. On doit donc obligatoirement passer par une agence, choisir un
chauffeur expérimenté connaissant bien le pays.
Un vol de Delhi vous amène à Guwahati,
principale ville de l’Assam. Que connaît-on de cette région, à part le subtil parfum de
son thé noir ? Située entre Bengladesh et Birmanie, tout près du Tibet,
elle s’alanguit le long du Brahmapoutre descendu des glaciers himalayens et qui
a encore 3000 kms à parcourir avant de se jeter dans le golfe du Bengale. Ici,
on vit au rythme de ses crues spectaculaires. La région est humide,
marécageuse, la jungle envahit tout quand l’homme ne la repousse pas pour y créer
plantations de thé ou de riz. Les moustiques sont légions. Les tribus vivent
toujours de mini élevages, les bêtes restant en liberté, et d’agriculture,
dans de belles maisons traditionnelles, édifiées en bambous, l’arbre roi qui sert
à tout, et même à faire la cuisine !
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Un brahmane tantrique à l'entrée du sanctuaire |
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Deux femmes venues prier la déesse |
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Le saint des saints où se recueillent les fidèles, une pierre en forme de yoni sur laquelle coule une source naturelle |
Le principal intérêt de Guwahati,
ville moderne poussée n’importe comment après le terrible tremblement de terre de 1897, est le Mandir de Kamakhya. Selon
l’épopée hindoue du Mahabharata, Sati la Vertueuse s’est éprise du seigneur
Shiva et en est aimée. Or son père, Daksha, ne veut pas de ce mariage et incite
sa fille, pour surmonter sa douleur, à retenir son souffle selon la technique
du yoga. Tant et si bien que son corps s’enflamme de lui-même. Après avoir tué
Daksha, Shiva, fou de douleur, erre de par l’univers en portant dans ses bras
les 108 morceaux du cadavre carbonisé et démembré de sa bien-aimée. Peu à peu,
les morceaux du corps finissent par tomber sur terre, formant autant de lieux
sacrés pour les hindouistes. Son yoni (vagin) aurait échoué à Guwahati où le
sanctuaire de Kamakhya lui est dédié. Là, des brahmanes tout vêtus de rouge,
adeptes du shaktisme, culte tantrique de l’énergie spirituelle, servent le yoni
de la déesse. Chaque jour, une foule innombrable, canalisée par des grilles,
attend avec une patience toute asiatique d’avoir accès au saint des saints, une
pierre ressemblant à un yoni sur laquelle coule une source naturelle. On y
dépose ses offrandes, argent, huile, fleurs ou fruits. Les couples viennent y
implorer la déesse de leur accorder un héritier ou de maintenir leurs enfants
en bonne santé.
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Les diverses offrandes des fidèles |
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Un brahmane shaktiste au marché du temple |
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Une vieille marchande sur les marches du sanctuaire |
Qu’on se rassure, l’histoire de
Sati finit bien tout de même, puisqu’elle se réincarne en Pârvatî, épouse son
bien-aimé et coule des jours heureux à ses côtés ! Malheureusement,
l’histoire de Sati donna lieu à une coutume assez atroce, par bonheur plus tard
interdite par les Anglais : les veuves devaient s’allonger aux côtés de
leur époux sur son bûcher funéraire et connaître une fin douloureuse,
amoureuses ou pas…
Chaque année, vers la fin juin,
au moment de la crue maximale du Brahmapoutre, on célèbre au Mandir de Kamakhya
l’Ambubachi Mela, la menstruation annuelle de la déesse. En effet, pendant la
mousson, le pouvoir créateur et nourricier des « règles » de la Terre
nourricière devient accessible à tous les fidèles.
Le sanctuaire reste alors fermé
pendant trois jours, le temps que la Terre nourricière recouvre sa pureté.
Durant ce temps, les fidèles ne peuvent faire la cuisine, assister à des pujas
ou cérémonies d’offrandes, lire des livres sacrés, pratiquer l’agriculture. Au
terme de cette clôture, les brahmanes purifient la représentation de la déesse
selon divers rituels, puis les portes sont rouvertes et les fidèles autorisés à
entrer. A cette occasion, des pèlerins et sadhus viennent de l’Inde entière,
groupes de Samnyasins errants ayant renoncé au monde et subversifs Aghoris tout
vêtus de noir, ménestrels chantants du Bengale, adeptes du tantrisme de tout
poil…
La présence du Brahmapoutre donne
quelque charme à ce qu'il reste de la vieille ville, surmontée par l’élégant dôme en forme de
ruche du tribunal. Un petit musée assez poussiéreux explique l’histoire des
tribus, montre leurs habitats, leurs outils de travail, leur artisanat.
Les parents d’Usha Bora, la
créatrice de la marque déco Jamini, possèdent sur les hauteurs une vaste
demeure blottie dans un ravissant jardin où foisonnent les orchidées, le Prabhakar Homestay. Ils y louent des chambres d’hôtes :
www.prabhakarhomestay.com. De
Guwahati, partent diverses croisières sur le Brahmapoutre allant jusqu’à l’île
de Majuli et Sivasagar,
www.assambengainavigation.com, une façon confortable et reposante d'avoir un aperçu de l'Assam.
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