VOYAGE AU FIL DE L'EAU
Amsterdam au fil de l’eau
Appelée à tort la Venise du Nord, Amsterdam la
discrète se différencie pourtant de la Sérénissime. Elle penche modestement
vers l’eau grise de ses canaux de simples maisons de brique aux pignons
festonnés de blanc. Eprise de modernisme, elle est devenue la patrie des
designers.
A l’origine, un
village de pêcheurs
On dirait que le temps s’est
englué dans ses canaux en oubliant de couler. On ne court pas, à Amsterdam, on
y flâne le nez au vent. Avec plus de cinq cents mille « petites
reines » dans la ville, la foule vit à leur rythme. De belles filles
blondes, bottées et mini jupées, des enfants tout aussi blonds entassés dans
leur remorque abordent tout à coup avec désinvolture une rue en sens interdit.
Dès le premier soleil, attendu avec impatience dans cette ville du Nord, tous
se précipitent à la terrasse d’un des nombreux cafés, les « blancs »,
bien modernes, où se retrouve la jeunesse, les « bruns », plus
anciens, aux poutres noircies par des poêles essoufflés, décorés de carreaux de
Delft du même bleu que les yeux des habitants.
C’est peut-être parce que les
Hollandais durent batailler ferme avec les éléments pour édifier leur cité
lacustre qu’ils tiennent tant à leur liberté. Autrefois s’étendaient là
d’insalubres marais régulièrement inondés par les eaux du Zuiderzee. Cette
véritable mer intérieure a depuis lors été policée par des digues. Des pêcheurs
attirés par l’abondance des bancs de harengs leurs cabanes sur pilotis le long
de la rive droite de l’embouchure de l’Amstel, aujourd’hui poumon aquatique de
la ville. Pour protéger leurs masures des tempêtes, ils édifièrent une solide
digue, une dam. L’union de ces deux
mots donna son nom à la ville.
Ou les dérivés du chanvre indien, vendus en pommade, en potion... |
Le refuge des opprimés
Une belle tradition de liberté en
fit une terre de refuge pour les opprimés. Après avoir été chassés d’Espagne et
du Portugal, les Juifs y prospérèrent dès a fin du XV è siècle et atteignirent
le nombre de vingt mille. Lors de la Deuxième guerre mondiale, les nazis en
éliminèrent plus de cent mille, dont une adolescente devenue célèbre par-delà
la mort : Anne Franck. Sa maison s’élève au 263 du Prinsengracht, le canal
du Prince, ainsi que l’échoppe d’herboriste de son père. Il est émouvant de
visiter la cachette où deux familles vécurent un peu plus de deux ans avant
d’être dénoncés et où Anne Franck écrivit son fameux Journal.
La déco des boutiques est toujours soignée, ici au Musée Van Gogh |
Une amusante boutique de chaussures |
Les tricoteuses des vitrines
Liberté aussi pour le
ravitaillement en haschich que l’on peut acheter en petite quantité dans les
bureaux de tabac. Liberté encore dans le curieux Quartier Rouge de la ville,
ainsi nommé pour les néons écarlates qui y clignotent la nuit venue. Dommage de
donner tort à Jacques Brel, mais ce n’est pas près du port qu’oeuvrent ces
dames. Les prostituées travaillent sans se cacher à cinquante mètres de la
gare, non loin du Palais Royal et de la place Dam. Peu vêtues, mais bien
installées dans leurs « vitrines », ces belles de nuit proposent
leurs charmes aux passants, tricotant ou faisant du crochet tout en se
déhanchant de façon lascive ! La plupart des filles sont jeunes, belles et
aimables, sauf si on veut les photographier.
Même l’intérieur des maisons ne se cache pas,
à Amsterdam, ce serait plutôt une autre sorte de vitrine, encadrée par des
rideaux empesés, avec de beaux objets de cuivre et fleurs en pots.
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