ESCALE DANS LE JAPON TROPICAL
Okinawa, paradis des dieux et des
Japonais
Une rue traditionnelle à Naha |
Vue générale du port d'Okinawa |
Contraste de couleurs et pub pour les immeubles flambant neuf de Naha |
Située à la latitude de Taïwan, Okinawa, la plus vaste
des îles de l’archipel de Ryûkyû, est surtout connue pour la terrible bataille
que s’y sont livrées durant la Seconde Guerre mondiale les forces armées
américaines et japonaises. A la fin de la guerre, les îles les plus
méridionales, dont Okinawa, furent placées sous le contrôle du gouverneur
américain de Naha, la principale ville. Ce ne fut qu’en 1972 que l’archipel
revint au Japon.
Temple shintoïste de Namihoué à Nara |
Nous sommes en 1477. Sho Shin n’a
que douze ans lorsqu’il succède à son oncle, contraint d’abdiquer par la reine
mère Yosoidon autour de laquelle s’est regroupée l’aristocratie locale, l’aji.
Sous la poigne de Yosoidon, le gouvernement se centralise à Shuri, actuelle
Naha, et s’organise. A peine majeure, le roi contraint sa noblesse à lui
remettre ses armes et à s’établir dans sa capitale. Il se dote en même temps
d’une importante flotte de commerce à laquelle les empereurs chinois
reconnaissent le droit de sillonner Chine et pays du sud-est asiatique. Okinawa
possède en effet des gisements de souffre grâce auxquels les Chinois fabriquent
leur poudre, et de robustes chevaux prisés des empereurs. En échange, les
marins des Ryûkyû rapportent or, soie, objets manufacturés faisant évoluer les
arts. La religion du royaume est alors un mélange d’animisme et de shintoïsme,
les noro, les prêtresses, étant
seules habilitées à converser avec les esprits. Pour conforter le pouvoir de la
famille royale, Sho Shin pourvoit sa sœur préférée d’un titre qui va la placer
au-dessus de toutes les autres prêtresses, celui de Kikoe-Ogimi, qui se
transmettra à l’intérieur de la famille royale. Selon les croyances du royaume,
une fois l’an, les divinités du royaume des morts viendraient visiter les utaki ou sanctuaires sacrés, pour
apporter aux vivants paix et prospérité. Il existe plusieurs utaki à Okinawa, mais le plus vénéré
reste celui de Seifa Utaki.
L'imposant château Shuri de Naha |
Les maisons traditionnelles du pittoresque quartier des potiers à Naha |
La mystérieuse forêt de Seifa utaki, dans le sud de l'île, où se pratiquaient les vieux cultes |
Seifa Utaki est un lieu magique,
non seulement pour sa beauté, mais aussi pour le mystère qu’il dégage. S’il n’y
avait un sentier tracé, ce serait l’impénétrable jungle équatoriale hantée par
de grosses vipères de plus de deux mètres de long. Ca et là se dressent des
roches déchiquetées par les vents, les mêmes reliefs karstiques que ceux de la
baie d’Halong ou du centre Laos. Une faille volcanique ménage un étroit passage
par lequel on parvient à d’autres étranges roches.
De religion animiste imprégnée des
croyances chinoises liées au culte des morts, Kikohe Ogimi prie les dieux de la
forêt et les mannes de ses ancêtres de l’éclairer sur la voie qu’elle doit
suivre. Soudain elle entend une voix venue du ciel lui ordonner de demeurer
vierge et de régner au côté de son frère, puisque seules les femmes peuvent converser
avec les esprits. La lignée des prophétesses se propagea de tante à nièce
jusqu’à l’annexion des Ryûkyû par le Japon en 1879 et la création du
département d’Okinawa. Ce qui n’empêche pas les jeunes filles d’Okinawa de
venir toujours prier les esprits dans la forêt magique.
Dans cette ville provinciale de
320 000 habitants, ancienne capitale du royaume de Ryûkyû, il suffit de
traverser une rue pour se retrouver sept siècles en arrière. Desservie par un
métro monorail aérien, elle est traversée par les Champs-Elysées d’Okinawa, la
rue Kokusai, toujours animée. Là se dressent magasins de grandes marques mais
aussi échoppes vendant des vêtements pour chiens ou des équipements et masques
à faire frémir Dracula, grands ou petits restaurants, hôtels. La nuit, elle
scintille de tous ses néons. Face au magasin Mitsukoshi s’ouvre le marché de
Makishi proposant les spécialités de la cuisine d’Okinawa, pieds de porcs
bouillis riches en collagène, algues en tout genre, poissons multicolores,
pieuvres ventrues et légumes de toutes teintes, surtout les fameuses carottes
jaunes. Au premier étage, on peut faire cuisiner ce qu’on vient d’acheter.
Au cœur du pittoresque quartier
de Tsuboya aux petites maisons traditionnelles et aux jardinets ruisselants de
fleurs se niche le quartier des potiers et son musée exhibant une poterie faite
d’arabesques étalée surtout sur des fonds sombres, noirs, marine ou marron. Il
abonde aussi en bistrots végétaliens, magasin de jouets très créatif, boutiques
de mode branchées.
Quant au musée historique
d’Okinawa à l’altière architecture, il permet de se faire une idée de
l’histoire de l’île et de sa production artisanale, tissage des fibres, travail
de la soie avec ajouts d’éléments imprimés, laque et verrerie. Une aile est
réservée la peinture moderne et contemporaine.
La production du célèbre potier Fugikawa Manabu à Naha |
Barques de pêcheurs à Mii Baru |
Classé au patrimoine mondial de
l’humanité même s’il a été reconstruit après les bombardements, le château
Shurijo fut le siège du royaume de 1429 à 1879. D’un élégant style plus chinois
que japonais, il est flanqué de deux bâtiments réservés aux hôtes de marque et
se compose d’un vaste ensemble de pièces d’apparat et d’appartements privés.
Deux portes y donnent accès, la Shureimon pour y entrer et la Shurijo pour en
sortir. Non loin, le mausolée du roi Tamaundun a été creusé dans la roche en
1501. Puis c’est la vieille rue pavée du quartier Kinjo et ses maisons aux
toits rouges, et enfin le paisible jardin Shikinaen si prisé de l’ancienne
famille royale. Il ne faut pas manquer la maison historique d’Okinawa, bel
ensemble de bâtiments en bois, et l’émouvant Mémorial de la Paix, dressé en
bordure de mer.
Même si le pont menant à l’île de
Kouri, au nord, est impressionnant, même s’il faut goûter à l’ambiance de
Chathan, les baies les plus idylliques se situent au sud, telle celle de Mii
Baru.
Ajouter une légendeLa célèbre grande roue de la station balnéaire de Chathan |
Pratique :
. Où dormir, au Cannaresort Villa, Tél. 098 968 7011, aux
jolis bungalows situés près d’une plage privée au nord.
Au Ryûkyû Onsen/ Senagashima
Onsen Hôtel à Okinawa, à l’agréable complexe de bains japonais mais demander
une chambre loin de la piste d’envol, Tél. 098 851 7077.
. Où manger, au Penguin restaurant, à Noha Asato, ambiance typique et
bonnes soupes, Tél. 098 887 46 45.
. Où manger en musique, à Shima Kaze, Higov, Kumejima-town, Tél.
098 985 7333, ambiance extra.
. Où acheter des poteries, au village de Yomitan, à l’atelier de Zan
Gama, Tél. 098 958 0800.
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