VOYAGE A REBOURS
Malbork, la plus puissante forteresse d’Europe
et le siège des chevaliers teutoniques
Une formidabler machine de guerre |
Les fresques et laes magnifiques voûtes de la Salle des chevaliers |
A soixante kilomètres au sud de Gdansk et de ses
célèbres chantiers navals à présent presque désertés, sur les bords de la Nogat
et au sein d’une région autrefois marécageuse, ce qui la rendait imprenable,
s’élève cette puissante forteresse de brique occupant un terrain rectangulaire
de vingt hectares et dégageant un incontestable charme romantique, même si le
mot aurait déplu aux chevaliers.
Une formidable forteresse de brique
De gigantesques cuisines pour des appétits gargantuesques |
Les statues des Grands Maîtres |
Quand Malbork la coquette se mire dans les ondes |
Quand Malbork résistait aux Suédois |
La troisième partie, le château
conventuel, appelé château haut, est la plus ancienne. Elle comporte une belle
cour entourée de cellules pour les prisonniers, une salle capitulaire au
premier étage, où l’on élisait le futur Grand-Maître. Son plafond en forme de
palmier reposant sur trois colonnes symbolisait les trois vœux d’un chevalier
teutonique : chasteté, pauvreté et obéissance. Entourant la porte d’or,
réservée au Grand-Maître, des peintures représentent les cinq vierges sages de
l’Ecriture tenant leurs bols emplis d’huile
sainte et, de l’autre côté, les vierges folles aux bols renversés, privées
d’auréoles ! Au même étage était la chambre du trésor et le dortoir des
chevaliers. Ils devaient dormir tout habillés à même le sol.
L’ensemble de la forteresse
pouvait abriter jusqu’à mille chevaliers et serviteurs et était ceint de
puissantes fortifications, tandis que la ville même se développait au sud. Si
Malbork fut presque entièrement détruit en 1945 par l’Armée Rouge, il fut
magnifiquement restauré par les efforts conjoints de l’Allemagne et de la
Pologne et fait partie du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1997.
Avant la course au leurre, chacun vérifie sa monture |
En dépit du froid, de la pluie et du brouillard, on s'élance pour le départ de la course au leurre |
Les principaux ordres de chevalerie
Comme la plupart des ordres de
chevalerie : Ordre du Temple, du Bain, de Saint-Georges, de Saint-Jean de
Jérusalem devenu l’Ordre de Malte, du Saint-Sépulcre, de la Toison d’Or, de
Saint-Michel, du Saint-Esprit et
d’autres encore ou, plus récemment, de la Légion d’Honneur, ces ordres de
chevalerie, parfois de moines guerriers comme celui des chevaliers teutoniques,
sont issus des croisades, du désir de préserver les lieux saints et, d’une
façon plus générale, de faire triompher militairement la chrétienté sur les
peuples encore barbares (il faut entendre par là non convertis à la foi
catholique).
Celui des chevaliers teutoniques
ne déroge pas à la règle, mais il a cette particularité d’être devenu un Etat
monastique dès 1224. Au tout début du XIII è siècle, le duc Conrad Ier de
Mazovie (centre et nord-est de la Pologne actuelle), impuissant à repousser les
incessantes incursions des Borusses dans son duché, les Prussiens
d’aujourd’hui, alors des barbares, fit appel aux chevaliers teutoniques et leur
permit de s’installer dans ces territoires. L’empereur Frédéric II de
Hohenstaufen confirma leurs privilèges, fit le Grand Maître de l’Ordre prince
de l’Empire, lui donna la Prusse et la Livonie par la Bulle d’or impériale de
Rimini, en mars 1226.
A l’apogée de sa puissance à la
fin du XIV è siècle, le Grand Maître qui résidait toujours à Malbork avait sous
ses ordres 28 commanderies, 46 châteaux, 700 chevaliers et plus de 6000
serviteurs, puissance jamais égalée par un autre ordre de chevalerie.
La course par des prairies détrempées est difficile... |
Une joute de chevaliers pour fêter la victoire |
Puis un grandiose banquet dans l'immense salle d'Arthus chauffée par un poêle de faïence s'élevant à la rencontre des voûtes |
Le déclin commence avec la
défaite de Grunwald en 1410, remportée par le roi polonais Ladislas Jagellon.
Les chevaliers teutoniques se sont amollis dans le luxe, les défaites
continuent, leurs territoires s’amoindrissent jusqu’au traité de Cracovie du 5
avril 1525, sécularisant cet Etat monastique en le faisant rentrer dans le
giron de la Pologne, où il restera jusqu’en 1772.
Si l’ordre des chevaliers
Teutoniques existe encore aujourd’hui, il a son siège à Vienne et plus aucune
possession territoriale. Comme celui de Malte, il se consacre à des œuvres
charitables.
Chaque week-end, du printemps à
l’automne, des cascadeurs font revivre les tournois auxquels se livraient les
chevaliers teutoniques de naguère. Une quinzaine de chevaliers portant les
habits de Cour des Polonais au Moyen-Age disputent en pleine campagne, au pied
des murailles de Malbork, une « course au leurre ». Il s’agit de
reproduire exactement le parcours d’un piqueux agitant à plein galop une peau
de bête, parcours d’environ cinq kilomètres à travers champs et bois en sautant
des fossés, et d’accomplir le plus de tours possibles en une heure. Il a
beaucoup plu. Le terrain est lourd et glissant. Les chevaux dérapent dans les
virages ou en franchissant les obstacles, certains tombent. Les belles pelisses
de velours doublés de renard ou de loup sont toutes crottées, les spectateurs
grelottent sous la pluie qui commence à tomber dru, le brouillard s’en mêle,
mais le spectacle est si beau et si naturel qu’on en oublie le froid…
Ensuite, des chevaliers en
armures doivent, comme jadis, rompre des lances à l’intérieur d’une lice.
Malheureusement le mauvais temps qui s’aggrave interrompt le spectacle. Le
festin proposé aux chevaliers pour les récompenser d’une première victoire
contre les archers suédois a lieu dans la grandiose Salle d’Arthur, véritable
Salle d’Armes ornée d’une profusion de sculptures, d’étendards, d’armes et d’un
rare poêle en faïence à la hauteur démesurée…
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