Célébrations des forces obscures à Hemis, au Ladakh
Situé à 3500
m d’altitude sur la Route de la Soie reliant autrefois
le Cachemire au Tibet, Leh, capitale du Ladakh, fut oubliée quand les Chinois
annexèrent le Tibet et fermèrent cet accès. A quarante cinq kilomètres au sud,
sur la rive droite de l’Indus appelé Sind ici, Hemis, splendide monastère du
XVII è siècle blotti au fond d’une gorge, est le plus important de la région,
avec ses quelques trois cents moines.
Blotti dans sa vallée verdoyante, le vaste monastère d'Hémis, non loin de Leh |
Une forêt de stupas pour honorer de saints hommes |
Une terre aride nécessitant la polyandrie
Surtout, il est encore le théâtre
d’une grande fête lamaïque, le Hemis Tse-Chu, ayant lieu chaque année en
commémoration de la naissance de Padmasambhava, maître bouddhiste né au
Pakistan au VIII è siècle, qui fit connaître le bouddhisme tibétain dans
l’Himalaya.
Les moines prédisent l'avenir à l'entrée du monastère |
Le masque rituel de la mort |
Le bouddhisme lamaïste
Le Ladakh est donc de religion
bouddhiste lamaïque. Les lamas, semblables à nos moines du Moyen Âge, assurent
les offices, sont enseignants et médecins. Les moinillons entrent dans leurs
écoles vers 5, 6 ans, mais ne sont pas voués à la vie religieuse et peuvent
retourner à la vie laïque. Il faut trente ans d’études pour devenir un grand
lama. Le gouvernement indien a entrepris de grands travaux de restauration des
palais royaux et des monastères aux admirables fresques. Respectant les murs en
pisée recouverts de chaux blanche ou teintée de rouge, charpente en cèdre de
l’Himalaya, toits de lauze isolé par des séries de rondins juxtaposés,
peintures aux pigments naturels, ils font revivre cette superbe architecture.
La figure du bouffon |
Monillons spectateurs |
Danse lamaïque de l'affrontement du Bien et du Mal |
De même, les antiques murs des mani korlo ou moulins à prières portant
l’inscription sacrée « Ôm Mani Padme Um », salut ô joyau dans la
fleur de lotus (symbole de l’acte sexuel et donc de la création du monde) sont
remontés à l’identique. Les forêts de chorten
blanchis à la chaux, appelés aussi stupa, contenant reliques ou texte
saint, ponctuent le paysage.
Les moines musiciens scandant les danses des esprits |
Danser pour repousser les démons |
La vallée de l’Indus et sa profusion de gompa
Conçus selon l’architecture
tibétaine, forme rectangulaire, toits plats et ouvertures également
rectangulaires, pour un public non averti, les gompa se ressemblent. La différenciation entre les divers
monastères est rendue d’autant plus difficile que l’on reconstruisait ou
rénovait à l’identique. Il y a une vaste cour centrale à colonnes aux murs
ornés de fresques représentant les gardiens titulaires du monastère, une salle
de prières vouée à l’une des réincarnation du Bouddha, Tara dans sa forme
féminine ou Compassion, Bouddha Médecin, Bouddha du Présent et du Futur, mais
aussi aux diverses réincarnation du Dalaï-lama, des chapelles secondaires
consacrées au lama fondateur ou autres rimpoche
ou maîtres.
Au sud et parallèle au cours de
l’Indus, la chaîne de Stock-Matho comprend le plus haut sommet des environs de
Leh, le Stok Kangri dominant la vallée du haut de ses 6121 m .
Hemis et sa fête lamaïque de Tse-Chu
Chaque année durant quatre jours,
le prochain le 31 juillet 2012,
a lieu le Tse-Chu d’Hemis, la fête de Padmasambhava. On
se rassemble dans la cour du monastère. Les moines, coiffés de leurs bonnets brochés,
s’époumonent dans leurs trompettes. C’est le signal du début du festival. Six
moines aux masques figurant les démons de l’enfer, chaussés de bottes de feutre
et vêtus de robes de soie, s’affrontent en une danse rythmée par gongs et
tambours. Ils tournent autour du chorten
dressé au centre de la cour. La danse s’accélère, les robes tourbillonnent, les
bottes frappent le sol de plus en plus vite. Puis la même porte laisse passer
les forces du bien pour affronter le mal. Le détail des péripéties de la
mythologie lamaïque est connu de la foule qui retient son souffle. Les petits
semblent en extase. Les vieilles femmes, parées de leurs plus rutilantes chuba, longues robes de brocart
boutonnées sur le côté et de leurs insolites coiffes ressemblant à des hauts de
forme, font tourner inlassablement leurs moulins à prières.
La cantine pour moines et spectateurs |
Petite spectatrice émerveillée en belle tchuba de fête |
La belle coiffe de Leh qui n'est plus portée que par les vieilles femmes |
Lorsque le soleil descend,
enflammant la vallée de l’Indus, la foule quitte Hemis dans un désordre de
chevaux ou mules, scooters ou camionnettes déglinguées. La plupart vont à pied,
les vieilles femmes faisant toujours tourner leurs moulins à prières. Pour
cette fois, le ciel du Petit Tibet restera serein, les forces du Bien ayant
encore triomphé de celles du Mal.
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