Tintine entre geishas et karatekas
Tintine et ses copines geishas à Gion |
Trois geishas en maraude à Gion |
Enseigne des geishas |
Les geishas de Kotyo
Plus poétique que Tokyo la
bourdonnante, la vieille cité de Kyoto, en dépit de sa gare futuriste, laisse
encore flamboyer ses vestiges du passé. La Pavillon d’Or, bien sûr, édifice
carré au toit en pagode doré à la feuille d’or mire toujours sa douloureuse
perfection dans les eaux d’un étang. Et c’est à cause de cette perfection que
son moine gardien l’incendia au siècle dernier, avant qu’il ne fût reconstruit
à l’identique. Ce geste n’était pas profanation, mais prière, comme l’a
immortalisé l’écrivain Mishima dans son Pavillon
d’Or.
Poésie toujours dans ce Chemin
des Philosophes suivant les sinuosités du torrent qu’il borde, abrité de
cerisiers et promenade favorite des habitants, surtout lorsque les arbres sont
en fleurs. Tout près, le Pavillon d’Argent se reflète dans les eaux paisibles
d’un petit lac. Et c’est du temple du Eikan-do, bâti sur pilotis à flanc de
colline, qu’il faut voir le soleil décliner sur la cité.
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L'entrée du quartier réservé de Miyako Odori
Les geishas de Kotyo
Plus poétique que Tokyo la
bourdonnante, la vieille cité de Kyoto, en dépit de sa gare futuriste, laisse
encore flamboyer ses vestiges du passé. La Pavillon d’Or, bien sûr, édifice
carré au toit en pagode doré à la feuille d’or mire toujours sa douloureuse
perfection dans les eaux d’un étang. Et c’est à cause de cette perfection que
son moine gardien l’incendia au siècle dernier, avant qu’il ne fût reconstruit
à l’identique. Ce geste n’était pas profanation, mais prière, comme l’a
immortalisé l’écrivain Mishima dans son Pavillon
d’Or.
Poésie toujours dans ce Chemin
des Philosophes suivant les sinuosités du torrent qu’il borde, abrité de
cerisiers et promenade favorite des habitants, surtout lorsque les arbres sont
en fleurs. Tout près, le Pavillon d’Argent se reflète dans les eaux paisibles
d’un petit lac. Et c’est du temple du Eikan-do, bâti sur pilotis à flanc de
colline, qu’il faut voir le soleil décliner sur la cité.
C’est l’heure où s’éveille le quartier de Gion, celui des geishas, sillonné de canaux bordés de cerisiers et de maison de bois, tel que le campe le romancier William Golden dans son émouvant roman, Geisha. Il fit connaître leur mode de vie au monde entier. Une vraie geisha, peut-être un jour « trésor national vivant », est une hôtesse cultivée capable d’évoluer avec grâce parmi la meilleure société dans son lourd kimono de soie, de servir le thé dans les règles de l’art, de chanter, danser, jouer du shamisen, luth à trois cordes, dire des vers, animer une conversation. Elles sont encore environ 1800 au Japon, dont 500 à Gion. Quand tombe la nuit, on les voit passer furtivement, accompagnées de leur maiko ou apprentie, grimées de blanc, lèvres en forme de pétales, yeux ourlés de rouge vers les tempes, nuques dégagées et peintes. Si à Gion, bien d’autres femmes arborent le kimono traditionnel, dans l’enceinte de Miyako Odori, elles sont vraiment chez elles.
Les origines du karaté
Tout près de la rue Kokusai, cœur
de Naha, la capitale de l’île d’Okinawa appartenant à l’archipel des Ryûkyû, à
la latitude de Taïwan, s’élève une vieille petite maison toute en bois de
modeste apparence. C’est le dojo de l’école Matsubayashi-ryu, l’une des quatre
écoles traditionnelles de karaté à Okinawa, dont le grand maître est Nagamine
Soshin, de la troisième génération de ces grands maîtres.
Il faut savoir que le karaté,
signifiant en chinois « la main vide », sans arme mais aussi sans
mauvaise intention, est né à Okinawa, sous le règne du roi Ryûkyû Sho Shin. Sho
Shin n’a que douze ans lorsqu’il succède en 1477 à son oncle, contraint
d’abdiquer par la reine mère Yosoidon autour de laquelle s’est regroupée
l’aristocratie locale, l’aji. Sous la poigne de Yosoidon, le gouvernement
se centralise à Shuri, actuelle Naha, et s’organise. A peine majeure, le roi
contraint sa noblesse à lui remettre ses armes et à s’établir dans sa capitale.
C’est à cause de cette interdiction d’être armés que les seigneurs d’Okinawa
prirent l’habitude de combattre à mains nues et que, peu à peu, la pratique du
karaté se compliqua et se codifia, donnant ici naissance à quatre écoles ayant
leurs secrets et leurs grands maîtres, qui se transmettent leur savoir de père
en fils. Celui de notre école, encore jeune, n’a pas encore achevé son apprentissage
sous la tutelle de « l’assistant du dojo », Shinjo Kiyoshi.
L’assistant du dojo
Shinjo Kiyoshi, petit homme sec
et nerveux de 65 ans à l’éternel sourire empreint d’une grande sérénité, a
lui-même été enseigné par le père de l’actuel grand maître, Nagamine Bunshiro,
autant dire qu’il détient le savoir de cette école. A partir du XVI è siècle,
le karaté s’est peu à peu répandu dans tout le Japon. Et, depuis les années
1905, dans le monde entier, perdant pourtant de son éthique. L’important n’est
en effet pas de gagner mais d’être en harmonie avec soi, les autres, le
monde. Il n’y a ni tournois ni championnats à Okinawa. Les maîtres se font
peu ou pas payer. Ils exercent donc tous un métier jusqu’à leur retraite et ne
peuvent enseigner que le soir ou durant le week-end. On ne vit pas
financièrement du karaté, même s’il conditionne toute la vie. Lui-même exerça
plusieurs métiers, responsable des cantines des écoles, sur une base
américaine, puis policier militaire japonais sur la même base.
Seul Miguel Da Luz, un Français
établi depuis vingt ans à Okinawa où il était venu parfaire son karaté, vice
président de l’association de karaté Okinawa-Nouvelle Calédonie et lui-même
ceinture noire, s’adresse à Shinjo Kiyoshi, non sans de profonds saluts. Ses deux
assistants, hiératiques sur leurs chaises de plastique, ne soufflent mot. Ne
bougent pas d’un pouce.
« Lorsque votre empereur
Napoléon était détenu à Sainte-Hélène, explique l’assistant du dojo, il
rencontra un voyageur nommé Basile Haff, qui lui parla d’une lointaine île où
la paix durait depuis plusieurs siècles car il était interdit d’y être armé. Et
il lui montra ce qu’était le karaté, ce qui émerveilla l’empereur. »
Le karatéka doit rester un chevalier des temps modernes
Shinjo eut la chance d’avoir pour
meilleur ami au lycée d’Okinawa ce même Nagamine, qui l’initia au karaté
lorsqu’il eut 18 ans. Ici, tout le monde accède au dojo et seule une conduite
brutale ou grossière peut en faire exclure. Le karaté ne s’arrête d’ailleurs
pas à la porte du dojo. C’est un code de vie, de même que l’esprit de
chevalerie de jadis. Le karatéka jure pour toujours respect et humilité à son
maître, qui sera comme un père pour lui sa vie entière. C’est à la fois une
philosophie, un mode de vie et une discipline pour le corps.
« On dit, ajoute Shinjo avec
son malicieux sourire, que si un karatéka a pu mourir de vieillesse dans son
lit sans avoir jamais eu à combattre, il a réussi sa vie ! Moi, je
compare le karaté à de l’eau bouillante. Si on éteint le feu, l’eau refroidit.
De même, un karatéka doit pratiquer sa vie durant. S’il arrête, son corps se
relâche et les bienfaits du karaté disparaissent. Cet art martial permet de se
contrôler, de contrôler sa vie, de supporter ses désagréments d’un front
serein. »
Si le karaté n’est pas lié à une
religion, le fondateur de cette école a inclus la pratique du zazen dans son
apprentissage, l’art d’être toujours « ici et maintenant », attentif
au monde, à soi et aux autres.
Office du Tourisme du Japon à
Paris : 4, rue Ventadour, 75001 Paris, www.tourisme-japon.fr/explorer/
Bureau de Miguel Da Luz, capable
de répondre à n’importe quelle demande à Okinawa, 090 8291 5267 et http://sites.google.com/site/okinawawanc/
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Geishas dans le quartier réservé |
C’est l’heure où s’éveille le quartier
de Gion, celui des geishas, sillonné de canaux bordés de cerisiers et de maison
de bois, tel que le campe le romancier William Golden dans son émouvant roman, Geisha. Il fit connaître leur mode de
vie au monde entier. Une vraie geisha, peut-être un jour « trésor national
vivant », est une hôtesse cultivée capable d’évoluer avec grâce parmi la
meilleure société dans son lourd kimono de soie, de servir le thé dans les
règles de l’art, de chanter, danser, jouer du shamisen, luth à trois cordes, dire des vers, animer une
conversation. Elles sont encore environ 1800 au Japon, dont 500 à Gion. Quand
tombe la nuit, on les voit passer furtivement, accompagnées de leur maiko ou apprentie, grimées de blanc,
lèvres en forme de pétales, yeux ourlés de rouge vers les tempes, nuques
dégagées et peintes. Si à Gion, bien d’autres femmes arborent le kimono
traditionnel, dans l’enceinte de
Miyakoodori, elles sont vraiment chez elles.
Les origines du karaté
Tout près de la rue Kokusai, cœur
de Naha, la capitale de l’île d’Okinawa appartenant à l’archipel des Ryûkyû, à
la latitude de Taïwan, s’élève une vieille petite maison toute en bois de
modeste apparence. C’est le dojo de l’école Matsubayashi-ryu, l’une des quatre
écoles traditionnelles de karaté à Okinawa, dont le grand maître est Nagamine
Soshin, de la troisième génération de ces grands maîtres.
Il faut savoir que le karaté,
signifiant en chinois « la main vide », sans arme mais aussi sans
mauvaise intention, est né à Okinawa, sous le règne du roi Ryûkyû Sho Shin. Sho
Shin n’a que douze ans lorsqu’il succède en 1477 à son oncle, contraint
d’abdiquer par la reine mère Yosoidon autour de laquelle s’est regroupée
l’aristocratie locale, l’aji. Sous la poigne de Yosoidon, le gouvernement
se centralise à Shuri, actuelle Naha, et s’organise. A peine majeure, le roi
contraint sa noblesse à lui remettre ses armes et à s’établir dans sa capitale.
C’est à cause de cette interdiction d’être armés que les seigneurs d’Okinawa
prirent l’habitude de combattre à mains nues et que, peu à peu, la pratique du
karaté se compliqua et se codifia, donnant ici naissance à quatre écoles ayant
leurs secrets et leurs grands maîtres, qui se transmettent leur savoir de père
en fils. Celui de notre école, encore jeune, n’a pas encore achevé son apprentissage
sous la tutelle de « l’assistant du dojo », Shinjo Kiyoshi.
L'ancien grand maître |
L'assistant du dojo |
L’assistant du dojo
Shinjo Kiyoshi, petit homme sec
et nerveux de 65 ans à l’éternel sourire empreint d’une grande sérénité, a
lui-même été enseigné par le père de l’actuel grand maître, Nagamine Bunshiro,
autant dire qu’il détient le savoir de cette école. A partir du XVI è siècle,
le karaté s’est peu à peu répandu dans tout le Japon. Et, depuis les années
1905, dans le monde entier, perdant pourtant de son éthique. L’important n’est
en effet pas de gagner mais d’être en harmonie avec soi, les autres, le
monde. Il n’y a ni tournois ni championnats à Okinawa. Les maîtres se font
peu ou pas payer. Ils exercent donc tous un métier jusqu’à leur retraite et ne
peuvent enseigner que le soir ou durant le week-end. On ne vit pas
financièrement du karaté, même s’il conditionne toute la vie. Lui-même exerça
plusieurs métiers, responsable des cantines des écoles, sur une base
américaine, puis policier militaire japonais sur la même base.
Seul Miguel Da Luz, un Français
établi depuis vingt ans à Okinawa où il était venu parfaire son karaté, vice
président de l’association de karaté Okinawa-Nouvelle Calédonie et lui-même
ceinture noire, s’adresse à Shinjo Kiyoshi, non sans de profonds saluts. Ses deux
assistants, hiératiques sur leurs chaises de plastique, ne soufflent mot. Ne
bougent pas d’un pouce.
« Lorsque votre empereur
Napoléon était détenu à Sainte-Hélène, explique l’assistant du dojo, il
rencontra un voyageur nommé Basile Haff, qui lui parla d’une lointaine île où
la paix durait depuis plusieurs siècles car il était interdit d’y être armé. Et
il lui montra ce qu’était le karaté, ce qui émerveilla l’empereur. »
Le karatéka doit rester un chevalier des temps modernes
Shinjo eut la chance d’avoir pour
meilleur ami au lycée d’Okinawa ce même Nagamine, qui l’initia au karaté
lorsqu’il eut 18 ans. Ici, tout le monde accède au dojo et seule une conduite
brutale ou grossière peut en faire exclure. Le karaté ne s’arrête d’ailleurs
pas à la porte du dojo. C’est un code de vie, de même que l’esprit de
chevalerie de jadis. Le karatéka jure pour toujours respect et humilité à son
maître, qui sera comme un père pour lui sa vie entière. C’est à la fois une
philosophie, un mode de vie et une discipline pour le corps.
Un assaut |
Avant le salut final |
« On dit, ajoute Shinjo avec
son malicieux sourire, que si un karatéka a pu mourir de vieillesse dans son
lit sans avoir jamais eu à combattre, il a réussi sa vie ! Moi, je
compare le karaté à de l’eau bouillante. Si on éteint le feu, l’eau refroidit.
De même, un karatéka doit pratiquer sa vie durant. S’il arrête, son corps se
relâche et les bienfaits du karaté disparaissent. Cet art martial permet de se
contrôler, de contrôler sa vie, de supporter ses désagréments d’un front
serein. »
Si le karaté n’est pas lié à une
religion, le fondateur de cette école a inclus la pratique du zazen dans son
apprentissage, l’art d’être toujours « ici et maintenant », attentif
au monde, à soi et aux autres.
Tintine dans le dojo |
. Office du Tourisme du Japon à
Paris : 4, rue Ventadour, 75001 Paris, www.tourisme-japon.fr/explorer/
. Bureau de liaison du karaté à
Okinawa, Tél. : 81 98 943 4334 et www.okkb.org.
. Bureau de Miguel Da Luz, capable
de répondre à n’importe quelle demande à Okinawa, 090 8291 5267 et http://sites.google.com/site/okinawawanc/
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