Istanbul, la ville aux 2010 mosquées

Istanbul, encore capitale européenne jusqu’à la fin 2010


Hésitant toujours entre l’Europe et l’Asie, à la fois moderne et fière de ses racines, Istanbul a tout le charme des villes lacustres. Baignée par la mer de Marmara et le Bosphore, traversée par la flèche liquide de la Corne d’Or, cette antique cité au passé tourmenté semble puiser sa force dans toute cette eau.



Les célèbres minarets aériens de la Mosquée Bleue


La neige ajoute à la féerie de la Mosquée Bleue


Du haut du Marmara Hotel, on voit se déployer la ville magique
Dès l’arrivée à Istanbul par la compagnie low cost de Pegasus Airlines, le flambant aéroport international de Sabiha Gokcen annonce par son moutonnement de coupoles de verre et de béton  rappelant celles des mosquées un futurisme largement inspiré du passé. C’est peut-être du restaurant panoramique du Marmara Hotel, sur la place de Taksim, le nouveau quartier branché, que l’on a la plus belle vue sur cette cité tentaculaire se déployant vers les quatre coins cardinaux. La ville s’insinue entre ses innombrables chemins d’eau délimitant vieux et nouveaux quartiers : la Vieille Ville au sud-ouest, qui a peu à peu débordé ses rives en essaimant ses monuments le long de la Corne d’Or et du Bosphore ou vers les rives d’Üsküdar, à l’est. Les quartiers modernes et plus populaires se concentrent à Beyoglu, au nord, tandis que les palais à la richesse un rien ostentatoire des derniers sultans, Dolmabahçe ou Ciragan,  s’alignent sur la rive gauche du Bosphore. Restauré à grands frais, ce dernier fait à présent partie du Kempinski Hotel où la nuit dans les anciens appartements impériaux ne coûte pas moins de 30 000 euros… On peut y dîner d’un somptueux buffet de fruits de mer face aux eaux dorées du Bosphore. De l’autre côté se mirent avec des grâces désuètes les Yalis – les délicieuses maisons de bois –, demeures des plus riches marchands ou banquiers d’Istanbul.


Marchand de bottes brodées
Ambiance du Grand Bazaar














L’Histoire à ciel ouvert
Ici, l’Histoire se lit à ciel ouvert. L’ancienne Byzantion du XII è siècle av JC, devenue Byzance et la capitale des puissants « basileus » d’abord alliés puis rivaux de Rome, prit le nom de Constantinople quand l’empereur Constantin en fit sa capitale en 233 ap JC. Lorsque déferlèrent les hordes turques venues d’Asie Centrale, la ville tomba entre leurs mains et devint à partir de 1453, sous le nom de Stanboul, le centre du puissant empire ottoman. Entre 1923 et 1938, le plus populaire général du dernier sultan ottoman, plus tard connu sous le nom d’Atatürk, le Père des Turcs, bouleversa le système et fonda la Turquie moderne en déposant le sultan et en abolissant le califat. Il fit de cet empire religieux une république laïque quoique en large majorité musulmane, accorda bien avant la France le droit de vote aux femmes et se tourna vers l’Occident, sans toutefois renier ses origines. De même que les remparts byzantins s’étaient appuyés aux murailles romaines et que les églises orthodoxes, dont la fastueuse Sainte-Sophie, avaient été flanquées de minarets, la ville nouvelle commença à planter ses tours sans rien détruire. Les vestiges d’un passé prestigieux continuent de bien cohabiter sans briser le charme magique d’Istanbul, tandis qu’à Taksim éclosent bars et boutiques branchées. Grâce à ce savant cocktail, Istanbul a bien mérité le droit d’être nommée « capitale européenne 2010 ».
Au pied du Marmara Hotel à l’opulence toute orientale, on suit le tramway filant par la rue Istikhal. Par cette large artère piétonnière surencombrée, on se faufile dans ce quartier de Taksim où les ados en jeans et mini jupes consomment de la marque :  . Partout s’ouvrent de ravissants passages Art Déco regorgeant de bars, restaurants, galeries de peinture contemporaine ou de photos.
Le nouveau métro, qui ne cesse d’ailleurs de s’agrandir, permet de circuler facilement dans ce grouillement de vie. C’est d’ailleurs en travaillant à l’extension de ce métro vers l’ouest des rives de la mer de Marmara que les ouvriers découvrirent, il y a six ans, les vestiges, à Yenikapi, de l’ancien port de Théodose. Sans arrêter les travaux en cours, une équipe de 21 archéologues et 205 ouvriers continue aujourd’hui à fouiller une aire de 58 000 m2 livrant peu à peu ses secrets. On vient d’y découvrir un 37 ème bateau. Amphores, jarres, monnaies, ossements s’entassent dans des containers dûment numérotés, tandis que sous une vaste tente, les archéologues reconstituent morceau par morceau la quille de cette nouvelle découverte de 16m de long.



Kiosque sous la neige à Top Kapi

Dans la Vieille Ville, les vestiges de trois empires
La Vieille Ville, presqu’île fermée au sud et à l’est par la mer de Marmara, bordée au nord par le Bosphore et à l’ouest par la Corne d’Or, a pu, à cause du vaste espace existant au nord comme à l’ouest et à l’est, garder intacts les vestiges de trois empires : romain, byzantin, puis ottoman. Il faut errer à pied par les petites ruelles de la colline de Sultan Ahmet regorgeant de mosquées, marchés et belles fontaines, jardins plantés de cyprès et de roses. La visite commence en général place de l’Hippodrome, là où les Romains organisaient leurs courses de chars, pour se continuer par cette merveille de grâce et de légèreté, la Mosquée Bleue aux 22 000 carreaux de faïences azurées. En face s’élève Sainte-Sophie, audacieuse basilique byzantine à la large coupole édifiée en cinq ans, à partir de l’an 532, par l’empereur Justinien Ier. Pour illuminer cette année 2010, l’Unesco finance la restauration toujours en cours de ses mosaïques qui retrouvent peu à peu leurs ors. C’est des galeries du premier étage que l’on voit le mieux l’orgueilleux étalement de Sainte-Sophie et les détails des mosaïques formant les hiératiques visages des saints byzantins. Dans toute la ville, il n’y a que l’église de Saint-Sauveur in Chora pour rivaliser avec les siennes.
L’est de la Vieille Ville est occupé par le vaste palais de Topkapi, à la fois résidence des sultans ottomans à partir de Soliman le Magnifique, siège de l’appareil étatique, demeure des sultanes, des quelques trois cents femmes du harem impérial et des eunuques qui les servaient. Il était gardé par les Janissaires, redoutables guerriers formant une caste à part. On ne trouve aucun bâtiment pompeux dans les jardins et les différentes cours de Topkapi, mais une succession de kiosques richement ouvragés, à la délicatesse digne d’un conte des Mille et Une Nuits. Là aussi oeuvrent les ouvriers restaurant les imposantes cuisines et le musée, mais les travaux n’empêchent pas de se perdre dans les dédalles du harem ou d’admirer les fabuleux diamants et émeraudes du Trésor.
Le tramway permet de se rendre facilement de Topkapi au Grand Bazaar. Ce parfait quadrilatère formé de ruelles couvertes aux arches dorées, ponctué de fontaines, fut aussi l’œuvre de Soliman. Le plus simple est d’y accéder par la porte Nurusmaniye. Il faut ensuite se laisser absorber par ce grouillement d’acheteurs et de femmes voilées contrastant avec les adolescentes de Taksxim, errer parmi boutiques de faïences, luminaires, bijoux, soieries ou tapis, vêtements plus modernes. C’est aussi le temple de la contrefaçon…
A l’ouest abondent encore les chantiers : restauration du Darüssifa accolé au complexe de la mosquée de Süleymaniye, œuvre de l’architecte de génie Sinan commandée par la sultane Roxelane, unique épouse de Soliman. Restaurations encore tout autour de l’aqueduc romain de Valens… Vers le sud de la Vieille Ville, de nombreux restaurants insinués entre les remparts byzantins également restaurés à grands frais accueillent les cars de touristes, mais il est plus amusant d’entrer au hasard dans l’un des innombrables vieux bistrots du bas de la colline. Là, les croulantes maisons de bois ont aussi été restaurées pour ressembler à des « mews » aux couleurs acidulées de bonbons anglais. Elles servent d’hôtels de charme ou proposent des chambres d’hôtes.
En fin d’après-midi, il faut s’embarquer près de la mosquée de Dolmabahçe dans l’un des ferries sillonnant le Bosphore pour voir le soleil s’abîmer dans ses eaux en faisant luire une dernière fois les croissants d’or ornant les cimes des mosquées. Un dîner à la terrasse du Sunset Restaurant, composé de metsés, toutes sortes d’entrées turques, agneau au curry et pâtisseries orientales, arrosé de vins locaux bien corsés, permet un dernier regard sur la « capitale européenne 2010 », qui laissera bientôt ce titre à Marseille et sa région...

Carnet pratique :
-     Ce voyage a été organisé par Pegasus Airlines, www.flypgs.com/fr/ et Odéon Tours, 9 bis Bd Hippolyte Pinaud, 95880 Enghien-les-Bains, Tél. : 01 39 89 00 71, site Internet : www.odeon-tours.com.
-      Où loger à Istanbul : le Marmara, Taksim Meydani, Tél. : 90 212 251 46 96, www.themarmarahotels.com.
-      Pour y dîner comme un sultan : Ciragan Caddesi N° 32, Tél. 90 212 326 46 46.



Marchande de galettes dans la Vieille Ville

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