Demeures d'écrivains
La maison de Jacques Prévert
Auto-portrait en collage, dans son atelier |
Un regard étonné et l'éternelle clope |
Tintine regrette parfois le bon temps sans ordis, quand elle travaillait à ses livres dans les salons ou les jardins des grand hôtels parisiens, veillée par les serveurs attentifs qui venaient de temps à autre lui apporter une coupe de champagne et lui demander à quel chapitre elle en était et qui venait-elle de trucider… Elle regrette moins les temps de la Grande Bibliothèque aux ordinateurs souvent en panne, aux hauts sièges aussi inconfortables que très hight-teck, salles des chercheurs étouffantes en été, glaciales en hiver…
Elle aime toujours à visiter les maisons et les jardins d’écrivain, austères ou baroques, bien planifiés ou exubérants.
La maison d'Omonville |
L’installation des Prévert à Omonville
Ce n’est qu’à l’âge de 70 ans que Jacques Prévert et sa femme Janine viennent s’installer à Omonville-la-Petite, au lieu dit Le Val, dans une simple maison de village que leur avait indiquée leur ami, le décorateur de cinéma Alexandre Trauner, qui y habitait aussi. Poète, parolier interprété par Gréco, Mouloudji ou Montand, scénariste et dialoguiste des fils de Marcel Carné devenus cultes, tels Le Quai des Brumes ou Les enfants du Paradis, s’il est un accessoire qui ne quitte jamais Jacques Prévert, c’est sa cigarette. Le visage change au fil des ans, bien sûr, mais la cigarette reste immuablement figée au coin de ses lèvres. Blottie dans un jardin où coule un ruisseau, parmi rosiers et feuilles géantes des Gunnera manicata qu’il aimait tant, la maison est rustique, accueillante aux copains. La mer barre l’horizon.
Dans son immense grenier sous les toits que Janine lui a aménagé en atelier, Prévert dispose ses facétieux collages, beaucoup d’auto-portraits, compose ses poèmes ou ses désinvoltes sentences en forme de vérité, telles celles rassemblées dans Paroles, son premier livre. Il vivra sept ans avec sa femme dans ce lieu enchanteur du bout du monde jusqu’à ce que le tabac ait raison de sa robuste santé.
Un immense atelier pour écrire et faire ses collages |
En guise de stèle, un simple grattoir à vaches |
Cimetière rural et maison de la mémoire
Il est enterré auprès de Janine qui lui survivra seize ans et de son ami Alexandre Trauner dans le cimetière d’Omonville. Pour respecter son solide athéisme, Janine, au lieu d’une stèle, plaça sur sa tombe un simple « grattoir pour vaches », simple pierre érigée comme il y en a tant dans le Cotentin.
Ce fut aussi à l’initiative de Janine qui souhaitait que leur maison devînt un lieu de mémoire qu’elle fut rachetée par le Conseil général de la Manche et devint un musée deux ans après la mort de Janine, avec l’accord de leur petite-fille Eugénie.
La « maison Prévert » est aussi un lieu d’exposition. En ce moment et jusqu’au 12 mars 2012 y est exposé le drôle ou émouvant bestiaire de la photographe Ylla, qui avait réalisé avec lui deux livres consacrés aux animaux, « Le petit lion » et « Des bêtes ».
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